29-03-2024 01:27 PM Jerusalem Timing

Erdogan à Pékin pour renforcer les liens malgré les tensions sur les Ouïghours

Erdogan à Pékin pour renforcer les liens  malgré les tensions sur les Ouïghours

Les deux Etats sont membres du G20, et Ankara figure parmi les membres fondateurs de la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (AIIB), récemment lancée à l’initiative de la Chine.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a entamé mercredi une visite d'Etat en Chine, destinée à renforcer les liens économiques entre Pékin et Ankara, un jour après que la Turquie a reçu le soutien de l'Otan pour son offensive contre le groupe Etat islamique.
   
L'Otan, réunie en urgence mardi à Bruxelles, a assuré son allié turc de sa "forte solidarité" et de son "ferme soutien" face au "terrorisme", alors que le pays a entamé des frappes contre l'EI en Syrie.
   
Certains membres de l'Otan ont en revanche plaidé en faveur d'"une réponse proportionnée" contre les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), également ciblés ces derniers jours par Ankara, afin de sauvegarder le fragile processus de paix engagé depuis 2012.
   
Fort de cet appui de l'Otan, M. Erdogan est arrivé mercredi en Chine, pour une visite de deux jours dominée par les questions économiques.
"Je crois qu'avec tous les différents accords que nous allons signer, ce sera la plus importante visite (bilatérale) depuis que nous avons établi des relations de coopération stratégique", s'est-il réjoui, lors d'une rencontre avec le Premier ministre chinois Li Keqiang.
   
La Turquie pâtit d'un vaste déficit commercial avec le géant asiatique, et leurs échanges ont reculé au premier semestre 2015.
   
Par ailleurs, Ankara est en négociations depuis 2013 pour acheter à un groupe étatique chinois un système de missiles de défense aérienne, mais aucun accord final n'a encore été conclu.
Selon l'agence Chine nouvelle, le président turc devrait aborder le sujet lors de ses entretiens à Pékin.
   
Pour autant, Recep Tayyip Erdogan, qui devait également rencontrer son homologue Xi Jinping, devra s'attacher à désamorcer le récent regain de tensions diplomatiques au sujet des Ouïghours, une minorité ethnique musulmane et turcophone habitant le Xinjiang, vaste région de l'ouest de la Chine.
   
Ayant des connexions linguistiques et culturelles avec la Turquie, les Ouïghours dénoncent la répression de leur religion et de leur mode de vie par les autorités chinoises, et Ankara s'inquiète régulièrement du traitement discriminatoire qu'ils subissent.
   
M. Erdogan lui-même avait en 2009 accusé Pékin de commettre une "sorte de génocide" au Xinjiang.
 

Manifestations antichinoises
   
   
La Chine, pour sa part, attribue systématiquement à des "groupes terroristes" et "extrémistes" les épisodes de violences meurtrières à répétition qui agitent le Xinjiang sur fond d'affrontements inter-ethniques, lesquels ont fait plus de 200 morts l'an dernier.
   
Alarmé par les sévères restrictions imposées aux Ouïghours en plein Ramadan, Ankara a convoqué début juillet l'ambassadeur de Chine. Pékin avait aussitôt réclamé des explications.
Dans le même temps, la Turquie donnait son feu vert pour accueillir quelque 170 réfugiés ouïghours (femmes et enfants) ayant fui via la Thaïlande, au grand dam des autorités chinoises.
   
Mais une centaine d'autres Ouïghours ont en revanche été expulsés par Bangkok vers la Chine --une décision qui a provoqué en Turquie une vague de violentes manifestations antichinoises.
Des centaines de militants nationalistes turcs ont ainsi saccagé le consulat de Thaïlande, et brûlé le drapeau chinois devant l'ambassade de Pékin à Ankara.
   
Auparavant, un restaurant chinois très fréquenté d'Istanbul avait été
attaqué, et un groupe de touristes sud-coréens visitant la ville avait été agressé par erreur.
   
Le quotidien étatique China Daily avertissait mercredi que ce sujet, s'il s'envenimait, risquait "d'empoisonner" les liens entre les deux pays, faisant "dérailler les coopérations".
   
Un texte publié dans le Global Times, autre journal officiel, accusait les diplomates turcs "d'apporter leur assistance au passage de terroristes ouïghours du Xinjiang vers le Moyen-Orient".
   
En accueillant M. Erdogan, Li Keqiang s'est néanmoins voulu rassurant sur la solidité des relations bilatérales sino-turques, affirmant que Pékin les "tenait en très haute estime".
   
Les deux Etats sont membres du G20, dont la Turquie assure cette année la présidence, avant de passer le relais à Pékin en 2016.
Par ailleurs, Ankara figure parmi les membres fondateurs de la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures (AIIB), récemment lancée à l'initiative de la Chine.