28-03-2024 07:11 PM Jerusalem Timing

"Assassinat moral" d’un chef du Hezbollah: signe d’impuissance israélienne

"Je ne quitterai mon travail au Liban, en Syrie ou ailleurs, sauf si je tombe en martyre, ou pour brandir la bannière de la victoire", Moustafa Badreddine, chef militaire au Hezbollah.

A défaut de pouvoir le tuer, Israël et ses alliés ternit l’image de Moustafa Badreddine, l’un des chefs militaires éminents de la Résistance islamique du Hezbollah.

Certes, il est l’un des rares personnages dont l’identité est dévoilée de son vivant. Les autres, qu’ils soient chefs ou combattants, ne deviennent connus qu’après leur martyre.

A l’instar de son compagnon de route, le grand martyr Imad Moughniyeh, Badreddine est bien connu des services de renseignements ennemis, américains et israéliens entre autre, depuis bien longtemps.

Surtout depuis qu’il s’est évadé d’une prison koweïtienne où il purgeait une peine de prison. Sa liberté, il la doit à l’invasion du Koweït par Saddam Hussein en 1990, lorsque l’armée irakienne a saccagé la capitale et ouvert les portes de toutes les prisons. Depuis, il a rejoint les rangs de la résistance islamique, pour devenir le chef de l’un de ses services sécuritaire et militaire le plus sensible.  

A l’instar de Moughniyeh, et depuis de son assassinat, sa tête est mise à prix.

D’ailleurs, beaucoup de choses l’unissent à son compagnon de route. Lui aussi a fait ses premiers pas dans la résistance dans le mouvement palestinien Fatah. Lui aussi a participé aux combats contre l’ennemi sioniste lors de l’invasion du Liban en 1982, en faisant partie du célèbre escadron qui a repoussé l’avancée de l’armée israélienne à khlaldé, au sud de Beyrouth.

Selon Anis Nakkache, le directeur de l‘institut des recherches et des études stratégiques Amane, c’est cet historique de résistant infatigable que les ennemis voudraient liquider.

Il est accusé d’être derrière l’une des opérations sécuritaires les plus importantes menées par la Resistance contre les réseaux d’espionnage israéliens et américains au Liban, en Syrie et dans d’autres endroits, où des réseaux entiers ont été démantelés et leurs membres capturés.

On l’accuse aussi de participer en Syrie aux combats contre les milices takfiristes dans plus d’une région syrienne, ce qui lui a valu davantage d’animosité de la part des Israéliens et des Américains. Des parties libanaises sont de mèche dans cette campagne qui ne vise pas seulement à déformer son image devant l’opinion publique, mais aussi à le troubler pour qu’il commette des erreurs, bien sur dans le but de l’abattre.


Dès lors, les tentatives innombrables de le liquider n’ont jamais connu de répit. Sans jamais aboutir.

Entretemps, on tente de le massacrer moralement.

C’est ainsi qu’on lui a collé, lui et trois autres membres du Hezbollah l’accusation d’avoir tué l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri en 2004.

Dans les medias, sur les réseaux sociaux, il est présenté entre autre comme un hors-la-loi, un homme au répertoire immoral et sombre.

Naccache signale que ce genre de « meurtre moral » est un procédé classique qui fait partie de « l’art de combattre les mouvements révolutionnaires », qui est de vigueur par les Occidentaux et dont il a lu un recueil dans le passé.

Il cite l’exemple l’armée irlandaise, IRA, laquelle luttait pour l’indépendance de l’Irlande de la Grande Bretagne dans les années 70 du siècle dernier. L’un de ses chefs, raconte le chef d’Amane, après avoir été identifié, avait été enlevé et tué et son corps a été dissous dans de l’acide. Mais ce n’en était pas encore fini. A ce moment-là a commencé tout un travail destiné à le décrédibiliser aux yeux des siens.

«  Quelques mois après sa disparation, sa famille a commencé à recevoir des sommes d’argent de sa part du Canada. Les britanniques voulaient pas là faire croire à ses partisans qu’il a pris la fuite en emportant avec lui l’argent de l’IRA. Ils voulaient ainsi couper le financement qu’elle recevait de la part des sympathisants de sa cause aux États-Unis, en remettant en question l'intégrité des républicains irlandais, et en altérant la confiance qu’ils inspiraient. Effectivement, les Britanniques ont réussi à convaincre la direction de l'IRA que leur chef avait fui avec l'argent, ce qui n’a pas manqué de causer la confusion dans ses rangs. L’histoire est restée cachée jusqu’au moment où elle a été révélée dans des enquêtes journalistiques, bien plus tard », explique Naccache pour notre site.

Les tentatives de meurtre moral contre Badreddine ont sans aucun doute des visées similaires, et vise à susciter des doutes sur son intégrité et donc sur son combat. Le secrétaire général du Hezbollah

Sayed Hassan Nasrallah  a évoqué ces manœuvres dans son discours devant les fils des martyrs de la Résistance islamique. «  Ceux qu’ils n’arrivent pas à exécuter physiquement, ils œuvrent pour les liquider moralement. Certains sites électroniques israéliens et de services de renseignements spécialisés se concentrent sur nos frères, nos chefs et nos combattants, en leur attribuant des accusations aux niveaux personnel, moral, financier et comportemental. Ceci s’inscrit dans le cadre de l’assassinat moral de nos dirigeants qui ont un historique dans l’action de lutte et ont consenti des sacrifices énormes pour réaliser des exploits, et ce, après avoir échoué de les éliminer corporellement », a dit le numéro un du Hezbollah.

En 2006, les combattants du Hezbollah qui avaient infligé une défaite incontestable à Israël étaient devenus des héros pour une grande partie de l’opinion publique arabe. Une image qu’il fallait à tout prix briser.
 
Naccache estime que ce tapage médiatique contre Badreddine ne semble pas du tout affecter la confiance qu’il a dans le cœur des jeunes. La preuve en est leur affluence dans les rangs de la résistance et les sacrifices qu’ils ont consentis.  

Selon le rédacteur en chef du journal libanais al-Akhbar, Ibrahim al-Amine, Badreddine devrait mourir de rire de ces velléités qui n’ont jamais altéré son programme d’action.

 «  Mon devoir m’incombe d’affronter tous ces projets. Je ne quitterai mon travail au Liban, en Syrie ou ailleurs, sauf si je tombe en martyre, ou pour brandir la bannière de la victoire », dit-il souvent à ses proches, rapporte Amine.