Le départ de Davutoglu aurait "un impact sérieux sur la livre et sur les actifs turcs".

La livre turque reprenait quelques couleurs jeudi après avoir subi la veille le contrecoup des turbulences politiques enregistrant sa plus forte baisse quotidienne face au dollar (près de 4%) cette année, signe de l'inquiétude des marchés face à la menace du départ du Premier ministre.

Après le plongeon de mercredi, la livre turque (TL) a repris 1,35% face au dollar et s'échangeait jeudi en fin de matinée à 2,91 contre un billet vert, en deçà toutefois des 2,85 TL avant le début de la crise politique.

Le chef du gouvernement Ahmet Davutoglu devrait convoquer jeudi un congrès extraordinaire du Parti de la justice et du développement (AKP) qui ouvre la voie à son départ en raison de divergences avec le président Recep Tayyip Erdogan.

Les marchés sont inquiets de voir le président Erdogan renforcer sa mainmise sur la Turquie. Ses appels répétés en direction de la banque centrale pour qu'elle baisse les taux d'intérêt donnent régulièrement des sueurs froides aux investisseurs.

"Le sentiment du règne d'un seul homme à la tête du pays va se renforcer chez les investisseurs", a indiqué à l'AFP Ozgur Altug, économiste en chef au cabinet BCG Partners.

La place boursière d'Istanbul perdait quant à elle 1,40% à 78.274 points jeudi en milieu de matinée après avoir affiché -2,1% en début de séance.

"Alors que la situation politique s'était stabilisée après que l'AKP eût regagné sa majorité lors des élections législatives anticipées de novembre, la politique est redevenue un facteur de risques majeur pour la livre", souligne la Rabobank dans une note envoyée aux clients.

Selon l'institution financière, M. Davutoglu étant considéré comme "bien plus modéré" que le chef de l'Etat, son départ aurait "un impact sérieux sur la livre et sur les actifs turcs".