20-04-2024 12:56 AM Jerusalem Timing

L’Iran s’apprête à riposter face aux mesures économiques des USA contre elle

L’Iran s’apprête à riposter face aux mesures économiques des USA contre elle

Si l’Iran s’est assise autour d’une table avec le Grand Satan pour discuter de la question nucléaire, cela ne signifie aucunement qu’il a changé d’opinion envers lui.

Quatre mois se sont écoulés depuis l'entrée en vigueur de l'accord nucléaire. À première vue, beaucoup ont cru que les problèmes entre l'Iran et les Etats-Unis ont une chance d'être résolus, voire que la question nucléaire servirait de  base pour des accords sur des dossiers régionaux et internationaux.

Mais le Guide suprême de la Révolution  islamique, l'imam Ali Khamenei a mis en garde contre un excès d'optimisme, soulignant  que "la question nucléaire est un prétexte pour resserer l'étau autour de l'Iran, par conséquent  le dialogue avec Washington doit se limiter uniquement à ce dossier et ne doit  concerner aucun autre,  tant que Washington n'aurait pas prouvé ses bonnes intentions à l'égard de l'Iran".

Certes sur le papier, les sanctions contre l'Iran ont été levées mais en pratique les différends entre les protagonistes ne se sont pas résolus bien au contraire  .

Et pour cause, l'Iran s'est retrouvé dans une situation paralysante , elle ne peut pas profiter de cet accord puisque ses avoirs aux Etats-unis , estimés à des milliards de dollars sont restés bloqués. Pis encore, une des principales négociatrice américaine, Wendy Sherman, a déclaré que les fonds à l'étranger servent à faciliter les opérations de commerce extérieur de  l'Iran, et donc il n'est pas dans l'intérêt de Téhéran de les rapatrier.

Plus encore, le 20 avril, la Cour suprême américaine a décidé que l'Iran devrait s'acquitter de près de deux milliards de dollars de compensations sur des fonds gelés aux Etats-Unis.

Ces compensations sont réclamées par plus de 1.000 victimes américaines d'attentats fomentés ou soutenus par Téhéran, selon les familles, notamment des attentats contre des garnisons américaines à Beyrouth en 1983 et en Arabie saoudite en 1996.

Côté iranien, l'escalade et la condamnation verbale contre la décision de ce tribunal a commencé par une lettre de l'Assemblée consultative islamique adressée au président Hassan Rohani, appelant à la nécessité de fixer un calendrier aux Américains pour exécuter leurs engagements à l'égard de la  levée des sanctions, surtout financières et de ne pas exercer de pression sur les banques étrangères pour les empêcher de traiter avec l'Iran.

Ainsi, le fait d'imposer un calendrier signifie que Téhéran pourrait revenir à la période pré-2013, et donc reprendre ses activités nucléaires d'avant l'accord de Lausanne.

Or, Téhéran ne s'est pas contentée d'exprimer son mécontentement verbalement.

En effet, le gouvernement et le parlement iranien ont entamé une série de mesures  légales à l'encontre de l'administration américaine. Notamment,  la déposition d'une plainte à la Cour internationale de La Haye contre les Etats-Unis, pour  "piraterie financière"...

Le parlement iranien a approuvé une proposition de loi demandant au gouvernement de porter plainte contre les Etats-Unis et d’exiger le remboursement des dommages causés par les actions de Washington depuis 1953.
Bref,181 parlementaires sur les 216 députés ont voté en faveur de la proposition de loi. Le document indique que les Etats-Unis ont pris plusieurs mesures afin de confisquer des avoirs iraniens gelés situés à l’extérieur du pays.

Les parlementaires font valoir que l’implication américaine dans la révolution iranienne de 1953 contre le président Mossaddegh , le soutien à Saddam Hussein, au régime de l’Arabie saoudite et aux terroristes, qui ont couté la vie à 17.000 Iraniens, sont les preuves vivantes que les Etats-Unis soutiennent le terrorisme, « ce qui, malheureusement, est passé inaperçu dans la plupart des cas ».

En outre, le parlement demande au gouvernement iranien de demander réparation pour « la libération des espions américains qui avaient été relâchés sur la base de l’accord d’Alger en dépit des accusations d’espionnage contre eux », ainsi qu’une indemnisation de plus de deux milliards de dollars pour les accusations sans fondement sur l’implication de Téhéran dans les explosions au Liban en 1983 et en Arabie saoudite en 1996.

Certes, ce nouveau projet de loi ne peut forcer Washington à payer ces indemnisations, sans oublier que ce genre d'affaires risquent de prendre des  dizaines d'années à la Cour sans aboutir à aucun résultat.

Mais cela , l'Iran en est parfaitement consciente. A vrai dire, l'Iran adresse un message aux Américains à travers  cette loi. A savoir que l'Iran n'a pas oublié et n'oubliera pas l'histoire des Etats-Unis, où pendant plus de six décennies , ils n'ont cessé de frapper le pays et de nuire à ses intérêts et à sa sécurité. 

Quand bien même l'Iran s'est assise autour d'une table avec le Grand Satan  pour discuter de la question nucléaire, cela ne signifie aucunement qu'elle a changé d'opinion envers lui.  Pour l'Iran , il s'agissait uniquement de  récupérer ses droits par le dialogue et la négociation.

Jusqu'à ce jour, l'expérience a été un échec: ni l' Iran n'a confiance en Amérique, malgré le fait que certains croient en la nécessité de se rapprocher d'eux, ni les États-Unis n'ont signé un accord nucléaire pour faire plaisir aux Iraniens.