29-03-2024 02:45 PM Jerusalem Timing

La Marine italienne, fière d’avoir sauvé "tous les enfants"

La Marine italienne, fière d’avoir sauvé

... après le naufrage survenu mercredi.

Les marins italiens, dont certains se sont jetés à l'eau pour sauver de la noyade des migrants après le naufrage dramatique mercredi de leur embarcation de fortune, disent jeudi leur fierté d'avoir sauvé tous les enfants.

   "Dans cette tragédie, nous avons cette petite consolation d'avoir sauvé tous les enfants", raconte à la Repubblica le capitaine du navire militaire italien "Bettica", Francesco Iavazzo.
 
  Contacté par téléphone satellitaire depuis le "Bettica", en route vers Porto Empedocle (Sicile), le capitaine Iavazzo a la voix empreinte de fierté envers le courage et le travail fournis par ses marins.

   "Quelques-uns de mes hommes se sont jetés à l'eau pour aider les migrants,  parfois en les tirant carrément par les cheveux", raconte-t-il.

   Mercredi, le naufrage spectaculaire de ce bateau de pêche, parti de Libye,  a fait cinq victimes. La Marine militaire a réussi à sauver 562 personnes, dont 432 pour le seul "Bettica", les autres ayant été secourus par la frégate "Bergamini".

   Parmi les migrants secourus par le "Bettica": 341 hommes, 48 femmes et 43 mineurs. Aucune trace des passeurs en revanche.

   Le navire italien patrouillait dans le canal de Sicile mercredi matin quand le centre de coordination des secours en Méditerranée l'avise de la proximité d'un "bateau de pêche de treize mètres de long, clairement surchargé".

   "Quand l'alarme a été donnée, vers 08h30 (06h30 GMT)", raconte l'amiral Salvatore Vitiello, contacté depuis le "Bergamini" par il Corriere della Sera,  "nous avons lancé notre bateau de six tonnes à une vitesse de 25 noeuds" (46 km/h).
   
 "Un torrent de lave"
   
   "La situation nécessitait une intervention urgente. Nous avons envoyé en mer nos canots" et "avant toute chose, distribué des gilets de sauvetage avant de commencer l'opération de transfert", explique le capitaine Iavazzo.   Puis, les choses se sont compliquées.
   
"Nous avions déjà secouru 240 personnes, dont toutes les femmes et les enfants, quand ceux qui étaient restés sur le chalutier, ont commencé à prendre peur, et à bouger", précise le marin.

   Le bateau s'est alors mis à gîter, les déplacements d'un bord à l'autre de l'embarcation le rendant encore plus instable puis "il a fini par chavirer".

   "J'ai alors demandé qu'on rapproche le plus possible le navire, à une centaine de mètres, tandis que nos canots continuaient leur travail de récupération", explique le capitaine Iavazzo.

   Du "Bettica", les marins jettent à l'eau tout ce qu'ils trouvent: gilets de sauvetage bien sûr, mais aussi bouées et cordes.

   C'est à ce moment que certains d'entre eux se sont jetés à l'eau, "sans réfléchir alors à ce qu'il y a d'écrit dans le règlement", précise leur capitaine.


   "Si vous saviez comme c'est beau de voir tous ces jeunes hommes originaires d'Afrique subsaharienne qui, une fois à bord, pleuraient de bonheur,  embrassaient nos marins et faisaient le "V" de la victoire, criant +freedom,  freedom+", confie de son côté l'amiral Salvatore Vitiello, à la tête de la mission italienne en Méditerranée.

   Interrogé sur l'état des réfugiés, Francesco Iavazzo est rassurant: les enfants, surtout, sont "contents, ils s'accrochent à leurs peluches, que mes marins ont récupérées d'on ne sait où".

   Interrogé par une journaliste de l'AFP à bord du navire humanitaire Aquarius, affrété par SOS Méditerranée et Médecins sans Frontières (MSF), lui aussi en Méditerranée afin d'aider au sauvetage de migrants, Antoine Laurent,  un officier français de la marine marchande, explique combien il est "très dur de maintenir le calme pendant l'opération" de secours.

   "Même quand le bateau est stable et la mer tranquille, les migrants sont toujours paniqués. La plupart ne savent pas nager, pour eux la mer est comme un torrent de lave pour nous. Ils savent que si quelqu'un tombe dedans, il va mourir", affirme-t-il.