19-04-2024 08:10 PM Jerusalem Timing

Nouvelle peau du front al-Nosra : US, Russes et Iraniens rejettent.

Nouvelle peau du front al-Nosra : US, Russes et Iraniens rejettent.

Et les Français ne disent rien.

Le changement de peau de la branche d’Al-Qaïda en Syrie le front al-Nosra rebaptisé front de conquête du Levant ne peut tromper que les dupes. Ou leurs alliés

Décidé après un feu vert de la du numéro d’Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, Américains, Iraniens et Russes l’ont accueilli avec légèreté. Alors que les officiels français ne se sont toujours pas exprimés. Leurs médias officiels se veulent convaincus par sa manoeuvre

Toujours Al-Qaïda.

Du côté des Etats-Unis, la Maison Blanche par la voie de son porte-parole Josh Earnest continue "d'estimer que les dirigeants du Front al-Nosra maintiennent leur intention de mener des attaques contre les pays occidentaux."

Du côté du département d'Etat, John Kirby a ajouté ne voir "aucune raison de penser que leurs actions ou leurs objectifs sont devenus différents" après cette annonce de rupture.

Ils sont toujours considérés comme une organisation terroriste étrangère", a-t-il précisé. "Nous jugeons ces groupes en fonction de ce qu'ils font et non du nom qu'ils se donnent."

Pour le chef du commandement militaire américain au Moyen-Orient, le général Joe Votel, malgré l'annonce de rupture, le Front al-Nosra reste en réalité lié à Al-Qaïda.

Un jeu de mot

Côté iranien, le ministère des Affaires étrangères l’a qualifié d’un « jeu de mot», soulignant que cela ne modifierait pas le caractère terroriste de ce groupe.

Selon Bahram Qassemi, porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, le changement de nom du groupe terroriste avait pour objectif de voir son nom supprimé de la liste noire des Nations unies.

« Le visage laid de l’extrémisme terroriste ne sera pas purifié par de telles sortes de jeux », a-t-il ajouté.

Qassemi estime toutefois que cette décision trahit la défaite des politiques des pro-extrémistes dans la région dont et surtout l’Arabie saoudite qui est le parrain d’Al-Qaïda, des talibans, de Daesh, du Front Al-Nosra et d’autres groupes terroristes actifs en Syrie.

Il a ensuite appelé la communauté internationale à prêter une attention toute particulière à la lutte anti-terroriste ainsi qu’aux facteurs et terrains de la genèse de ce phénomène néfaste.

« La communauté mondiale devra mettre sous pression les sponsors du terrorisme », a-t-il dit.

Les frappes continuent

Côté russe, cette métamorphose ne devrait pas non plus faire cesser les frappes

« Que le Front al-Nosra ait changé de nom ne signifie rien pour les Forces aérospatiales russes en Syrie, elles poursuivront leurs frappes contre ses djihadistes partout en Syrie », a déclaré le membre du Comité pour les affaires étrangères du Conseil de la Fédération, Igor Morozov.

"Le Front al-Nosra est une organisation terroriste, branche syrienne d'Al-Qaïda. Actuellement, les Forces gouvernementales syriennes et les Forces aérospatiales russes mènent des frappes visant à éliminer les unités de ce groupe terroriste à travers toute la Syrie. Le fait de changer de nom ne changera rien pour les djihadistes", a indiqué le sénateur.

Silence français

Côté français, aucune réaction officielle n’a encore été donnée. Les accointances du gouvernement français avec le front al-Nosra ne sont un secret pour personne. Et les propos de l’ancien ministre des AE étrangères Laurent Fabius lorsqu’il a dit que « le front al-Nosra faisait du bon boulot » en Syrie résonnent encore.

Dans la télévision française officielle, France24, cette manœuvre conjointe entre Al-Qaïda et le front al-Nosra est qualifiée de « séparation à l’amiable », et présenté comme « une habile manœuvre », comme le rapporte la chaine de télévision France24 sur son site.  

Citant un expert, Wassim Nasr, cette télévision supervisée par le gouvernement français penche pour présenter cette décision comme indépendante « entre chefs du groupe, locaux et étrangers, qui en sont arrivés à la conclusion qu'il fallait le faire ».

Les mystifications de France24


« Pour Al-Nosra, c'est une manœuvre de politique interne. Cela va leur permettre de s'allier avec d'autres groupes rebelles syriens qui jusque là étaient rebutés par l'affiliation à Al-Qaïda », ajoute France24, à la fois de cet expert. Une information totalement fausse, sachant que les groupes rebelles syriens depuis l’Armée syrienne libre en passant par tous les autres qui adoptent les mêmes notions idéologiques takfiristes ont toujours combattu côte à côte avec le front al-Nosra.

Autre mystification véhiculée par Nasr et France24 : « Il y a aussi dans l'air cet accord entre les Américains et les Russes, qui vise à différencier Al-Nosra du reste des rebelles ». Cette question était la pomme de discorde dans la relation entre les deux pays.

Le média français s’efforce aussi de maquiller les velléités régionales du front al-Nosra. En rapportant sa nouvelle nomination, il le traduit de la sorte : « le Front de conquête de Damas », précisant  que « (Cham peut signifier Levant mais est aussi utilisé dans le dialecte syrien pour désigner la ville de Damas et par extension la Syrie) ». Sachant que dans la littérature des mouvements jihadistes takfiristes Cham qui désigne les pays du Levant, c’es-à-dire la Syrie, le Liban, la Palestine et la Jordanie.

Les crimes du front al-Nosra

A l’instar de l’Armée syrienne libre et des autres milices, le front al-Nosra a commis les pires massacres contre la population syrienne loyaliste : traque contre des policiers et des gendarmes et leur exécution ; harcèlement et liquidation de manifestants pro gouvernementaux ou hostiles à l’insurrection, assassinat de fonctionnaires de la fonction publique, de professeurs universitaires, de journalistes, de religieux (de la mouvance soufie), d’acteurs télévisés, de stars de sport, etc ….

Mais il s’est surtout fait remarquer au début de son intervention en Syrie par les attentats aux voitures piégées ou aux suicidaires dans les quartiers également loyalistes, et qui fauchaient la vie de dizaines de civils syriens. Il a cessé de les revendiquer ouvertement après avoir été classé parmi les organisations terroristes, mais continue de les perpétrer.

Il est même accusé par les autorités syriennes d’avoir utilisé des armes chimiques contre les forces gouvernementales.

 

Sources: AFP, Sputnik, Pars Today, France24