16-04-2024 11:56 PM Jerusalem Timing

Nucléaire iranien: les négociateurs au pied du mur

Nucléaire iranien: les négociateurs au pied du mur

Une course contre la montre pour Obama..

L'Iran et les grandes puissances sont au pied du mur samedi à Vienne pour conclure un accord historique sur le programme nucléaire de Téhéran, alors qu'aucune avancée significative n'a été enregistrée à trois jours de la date butoir.
   
Après cinq jours de négociations acharnées, la percée espérée n'est pas intervenue malgré les efforts redoublés des deux acteurs clés dans ce dossier, le secrétaire d'Etat américain John Kerry et le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif, qui ont multiplié les entretiens jusque tard dans la soirée de vendredi.
   
"Je vais être honnête, des divergences demeurent (...) d'importantes divergences demeurent", a reconnu Eric Schultz, porte-parole du président américain Barack Obama, à l'issue de cette journée marathon.
   
"Nous sommes engagés dans une course contre la montre, la date-limite est
lundi et nos équipes travaillent sans relâche pour y arriver", a assuré M.
Schultz.  


Moscou juge inacceptable de faire pression sur les négociateurs


De son côté, la Russie estime inacceptable de faire pression sur les négociateurs du dossier nucléaire iranien par le biais de médias, a annoncé aux journalistes le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov.

"Comme vous avez pu remarquer, les représentants russes - que ce soit le porte-parole du ministère des Affaires étrangères ou les négociateurs russes ou une certaine source anonyme proche de la délégation - n'ont jamais dit que l'une des parties (aux négociations entre Iran et les Six) doit prendre telle ou telle décision pour parvenir à un accord, a-t-il indiqué. Non parce que nous n'avons pas notre propre avis quant à celui qui doit faire et quoi pour parvenir à un accord, a-t-il déclaré, mais parce que nous estimons incorrect d'exercer une pression psychologique sur la partie opposée à travers de médias", rapporte TASS.

Riabkov a ajouté que "le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov envisage de se rendre à Vienne en fonction de l'état d'avancement des négociations".

"M. Lavrov étudie certes cette possibilité. La question prend une acuité particulière, et cela est tout à fait probable, a-t-il dit. Mais je ne peux pas affirmer que je suis venu ici avec la décision qu'il a prise ou qu'il s'est fermement concentré sur cette question, tout ce que nous avons à dire nous l'avons déjà dit dans notre déclaration pour la presse à l'issue d'une conversation téléphonique avec le secrétaire d'Etat américain John Kerry, oé le conditionnel est resté", a ajouté le vice-ministre russe des Affaires étrangères, cité par TASS.

Laurent Fabius et Philip Hammond, les ministres des Affaires étrangères
français et britannique, se sont rendus à Vienne vendredi pour jeter leur poids
dans la balance, et leurs homologues allemand et russe y sont attendus au cours du week-end.
   
Les points d'achoppement sont connus: rythme de levée des sanctions d'une
part, capacités iraniennes à enrichir de l'uranium de l'autre.
 

 La chance 'très rare' d'un accord

   
"Tout le monde tente de trouver un accord sur un cadre général pour qu'ensuite on puisse travailler et affiner les détails. Il n'y a pas d'autre scénario possible à ce stade. Ensuite on pourra se donner un peu de temps", a assuré à l'AFP une source proche de la délégation iranienne.
   
"Tous les ingrédients pour un accord sont sur la table", a de son côté assuré, depuis Moscou, le ministre russe Sergueï Lavrov. "Peut-être existe-t-il une tentation, à ce stade avancé des négociations, de lancer quelques idées supplémentaires afin d'obtenir un peu plus que ce dont on a besoin", a-t-il estimé.
   
M. Fabius a invité vendredi l'Iran à "saisir l'opportunité" d'un accord. La République islamique aurait "énormément à y gagner, a renchéri M. Hammond: l'accès à des montants très importants d'avoirs gelés, la capacité de commercer de nouveau librement avec le monde, et de faire redémarrer les relations avec la communauté internationale".
   
Un accord redonnerait du souffle à l'économie iranienne, en particulier grâce à la levée de l'embargo occidental sur le pétrole iranien. Il ouvrirait aussi la voie à une normalisation des relations entre l'Iran et l'Occident, rendant possible des coopérations, notamment dans les crises en Irak et en Syrie.
   
Les difficultés restant à surmonter amènent de nombreux experts à envisager un nouvel accord intérimaire faute d'entente définitive lundi. Mais cette formule pourrait faire le jeu de ceux qui dans les deux camps, occidental et iranien, sont opposés à un accord.
   
"C'est un moment crucial, et le laisser passer serait une grave erreur, avec d'assez lourdes conséquences", a averti le négociateur russe Sergueï Riabkov.
   
A partir de janvier, les opposants républicains à Barack Obama contrôleront l'ensemble du Congrès américain, alors que jusqu'à présent, le président a eu les mains libres pour négocier sans interférence des parlementaires à Washington.
   
Un échec de la négociation de Vienne fragiliserait aussi le président iranien modéré Hassan Rohani. Celui-ci joue une grande partie de sa crédibilité dans le succès de cette ouverture vers les grandes puissances, menée à bien afin de relancer l'économie iranienne en crise.