24-04-2024 05:03 PM Jerusalem Timing

Ferguson: Manifestations à travers les Etats-Unis, violentes échauffourées

Ferguson: Manifestations à travers les Etats-Unis, violentes échauffourées

Pas de poursuites contre le policier ayant tué un jeune Noir. La famille de la victime "très déçue". Une douzaine d’immeubles incendiés et une trentaine de manifestants arrêtés.

De violentes échauffourées ont éclaté lundi soir dans les rues de la petite ville américaine de Ferguson, après la décision d'un grand jury populaire de ne pas poursuivre un policier blanc qui a tué cet été un jeune Noir sans arme.

"Pas de justice, pas de paix", ont scandé les manifestants dans cette banlieue de St Louis, Missouri, déjà le théâtre de graves émeutes raciales en août après la mort de Michael Brown, abattu en plein jour de six balles par un policier.

Peu après l'annonce de la décision d'un grand jury populaire exonérant le policier Darren Wilson, le président Barack Obama a exhorté la foule à manifester dans le calme et à la police de faire preuve de "retenue".

Protégés de casques à visière et de gilets pare-balle, les policiers ont tiré des gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants, a constaté l'AFP.

Manifestations à travers les Etats-Unis

De Seattle à New York, en passant par Chicago et Los Angeles, des milliers d'Américains sont descendus dans les rues lundi soir, après la décision de ne pas poursuivre un policier blanc qui avait tué un jeune Noir à Ferguson en août dernier.

Dès l'annonce de la décision du grand jury, quelques centaines de manifestants ont convergé sur Times Square à New York, avec des panneaux noirs affirmant "le racisme tue", "nous ne resterons pas silencieux" et dénonçant "le racisme de la police". "Pas de justice pas de paix", scandaient des protestataires, dont le flot a grossi au fil des heures. D'autres comparaient la police au Ku Klux Klan, ou tenaient des propos grossiers à son encontre, a constaté une journaliste de l'AFP.

La police était omniprésente avec un hélicoptère qui survolait également la place la plus célèbre du monde. Bill Bratton, le chef de la police new-yorkaise avait fait le déplacement à Times Square, où quelqu'un lui a lancé un liquide rouge à la figure.

Un autre groupe de manifestants s'est rassemblé à Union Square, plus au sud de Manhattan, tandis qu'un troisième avait prévu de rejoindre Harlem à pied, remontant la 7e avenue à vive allure derrière une pancarte réclamant "justice pour Michael Brown", le jeune de 18 ans tué par balles à Ferguson en août.

A Washington, plusieurs centaines de protestataires se sont aussi réunis devant la Maison Blanche, scandant "les mains en l'air ne tirez pas", le slogan devenu cri de ralliement des manifestants depuis le drame de Ferguson, une petite ville du Missouri (centre).

Ils arboraient des pancartes "arrêtez la terreur raciste de la police", ou "la vie des noirs compte", a constaté le correspondant de l'AFP à la Maison Blanche. Le cortège semblait se diriger vers le Capitole.

Des manifestations - largement préparées à l'avance, tant la décision du grand jury s'est faite attendre - ont également eu lieu à Boston, Los Angeles, Philadelphie, Denver, Seattle, Oakland (Californie), où des manifestants ont bloqué une autoroute, Chicago ou même Salt Lake City.

Une douzaine d'immeubles incendiés et une trentaine de manifestants arrêtés

La police de Ferguson a été la cible de nombreux tirs et une douzaine d'immeubles ont été incendiés, a indiqué mardi le chef de la police du comté de Saint Louis, John Belmar, lors d'une conférence de presse.

Vingt-neuf manifestants ont été arrêtés, a-t-il ajouté, mais aucun mort n'a été signalé dans les violences qui secouent cette petite ville du Missouri (nord des Etats-Unis).

Séparer les faits de la fiction

Après trois mois de délibérations, le procureur du comté de St Louis a annoncé que le policier Darren Wilson ne serait pas inculpé dans la mort de Michael Brown, 18 ans, qui ne portait pas d'arme et a été abattu en plein jour de six balles.

"Le devoir d'un grand jury est de séparer les faits de la fiction", a déclaré à la presse le procureur Robert McCulloch, les jurés "ont déterminé qu'il n'y a pas de raison suffisante d'intenter des poursuites contre l'officier Wilson".

"Il n'y a pas de doute que l'agent Wilson a causé la mort" de Michael Brown, a-t-il déclaré, parlant de "décès tragique".

Parallèlement, l'enquête fédérale se poursuit, "elle est indépendante par rapport à l'enquête locale depuis le début et le restera", a cependant déclaré le ministre de la Justice Eric Holder, dans un communiqué.    

La famille "très déçue"  

La famille du jeune Noir s'est dite "profondément déçue que le tueur de notre enfant ne soit pas confronté aux conséquences de ses actions".

Aussitôt après la décision et devant les nombreuses caméras de télévision, la foule en majorité noire a commencé à jeter des pierres, à briser des bouteilles et à secouer une voiture de police, face à des dizaines de policiers lançant des grenades lacrymogènes et exhortant: "Vous êtes illégalement rassemblés, prière de vous disperser immédiatement ou vous serez arrêtés".

Le gouverneur du Missouri Jay Nixon avait décrété l'état d'urgence, déployé la garde nationale et renforcé les effectifs de police en prévision de possibles échauffourées.

Peu avant l'annonce, il a prévenu que les forces de l'ordre auraient recours à tous les moyens disponibles "si les gens sont violents ou menacent la propriété privée".

Le risque était grand tant la mort du jeune homme avait réveillé le spectre du racisme aux Etats-Unis et éclairé de manière très crue les relations très tendue dans cette ville à majorité noire où policiers et édiles sont quasiment tous blancs.

Le corps du jeune homme tué le 9 août avait été laissé à la vue des passants pendant plusieurs heures, en plein soleil, ajoutant à la colère des manifestants qui y ont vu un signe de plus du mépris des forces de l'ordre pour la population noire.

Une vingtaine de minutes avant cette confrontation, Michael Brown avait été filmé dans une supérette en train de voler une boîte de cigares.  

Emeutes  

La mort de Michael Brown avait provoqué des émeutes violentes cet été, au point qu'un couvre-feu avait été imposé plusieurs jours à Ferguson.

"Il va y avoir la guerre. Dès aujourd'hui. La guerre!", criait lundi soir un habitant de Ferguson non loin de l'endroit où la fusillade a eu lieu.

De nombreux commerçants et entreprises de Ferguson ont placardé leurs devantures avec de grands panneaux de bois et plusieurs écoles ont avancé le long week-end de la fête de Thanksgiving jeudi en fermant leurs portes toute cette semaine.

Le propriétaire d'un magasin d'armes situé à une trentaine de kilomètres de Ferguson a affirmé que les ventes d'armes avaient explosé à l'approche de la décision.