29-03-2024 11:12 AM Jerusalem Timing

La discrimination positive légitimée en Amérique

La discrimination positive légitimée en Amérique

La décision très attendue de la haute cour sur cette question ultra-sensible a été emportée à la majorité de quatre juges contre trois.

La Cour suprême des Etats-Unis a réaffirmé ce jeudi la légitimité de la discrimination positive à l'entrée à l'université,  mécanisme emblématique offrant un coup de pouce aux étudiants issus de minorités ethniques.

   Il s'agit d'une "victoire majeure pour les droits civiques et l'égalité dans notre nation", a réagi la NAACP, la plus importante organisation de défense des Noirs américains.

   La décision très attendue de la haute cour sur cette question ultra-sensible a été emportée à la majorité de quatre juges contre trois.

   Parmi les qualités fondant une université, "la diversité du corps étudiant fait partie de celles qui sont cruciales pour son identité et sa mission éducative", a estimé le juge modéré Anthony Kennedy, en lisant l'arrêt de la Cour suprême.

   A son côté se sont rangés les trois magistrats progressistes Ruth Bader Ginsburg, Stephen Breyer et Sonia Sotomayor, tandis que les juges conservateurs John Roberts, Clarence Thomas et Samuel Alito se retrouvaient en minorité.

   La huitième juge de la Cour suprême, Elena Kagan, s'était elle récusée dans ce dossier pour s'en être déjà occupée dans de précédentes fonctions.

   Souvent issus de milieux défavorisés, les Noirs et les Hispaniques sont sous-représentés dans l'éducation supérieure aux Etats-Unis. Les rares élus se plaignent d'être isolés, voire victimes de comportements racistes.

   Dans ce contexte, la discrimination positive est le seul moyen de garantir la diversité dans le monde éducatif et plus largement dans les différents secteurs de la société, affirment ses promoteurs.
   
   - Blanche retoquée à l'université -
 
   
   A l'opposé, ses détracteurs la dénoncent comme une perversion de l'égalité des chances. Ce concept est dépassé et inefficace, ajoutent-ils.

   En l'espèce, la plus haute juridiction américaine s'est penchée sur le recours d'Abigail Fisher, une jeune fille qui assure avoir été refusée de l'université du Texas car elle était blanche.

  Dans cet établissement, le nombre de Noirs inscrits a quasiment doublé de 2004 à 2007 grâce à la discrimination positive, ceux-ci ne dépassant toutefois pas 6% du total des étudiants.

   Concrètement, la faculté a mis en place un système hybride, permettant aux élèves arrivés parmi les meilleurs 10% de leur classe d'intégrer la première année.

   Pour le quart des places restantes, le système de recrutement prend en considération un ensemble d'éléments, dont l'origine ethnique.

   "Qu'on soit un garçon ou une fille, blanc ou noir, seuls les mérites devraient être pris en compte et aucun autre facteur", affirmait Abigail Fisher.

   La controverse remonte à 2008 et, depuis, la plaignante est sortie diplômée en 2012 d'une autre université.
   Mais son action judiciaire a suivi son chemin, y compris une première fois devant la Cour suprême, en octobre 2012.
 
  Les juges ne s'étaient alors pas prononcés sur le fond, ce qu'ils ont fait ce jeudi en donnant raison à l'université du Texas.