19-04-2024 08:01 AM Jerusalem Timing

Les marchés ont les nerfs à vif à cause du rouble et du pétrole

Les marchés ont les nerfs à vif à cause du rouble et du pétrole

Signe de la très grande nervosité: les volumes d’échanges ont été très élevé, dépassant les 7 milliards d’euros à la Bourse de Paris

Chute des prix du pétrole et crise du rouble rendent les marchés très fébriles et ont fait passer mardi les écrans financiers par toutes les teintes du rouge au vert.
   
Vers 17H30 GMT, les cours du pétrole avaient un peu remonté la pente, tout en restant à des niveaux très bas. Le Brent reculait de 2,44% à 59,67 dollars (il avait chuté à 58,50 à la mi-journée), et le WTI de 0,21% à 55,81 dollars (après être descendu à 53,60 dans l'après-midi).
   
Cette remontée, conjuguée à des déclarations perçues comme rassurantes sur le front russe, a eu un effet démultiplié sur les Bourses européennes qui ont accéléré frénétiquement dans les dernières minutes de la séance, soutenues également par des indicateurs européens plutôt positifs.
   
Au final, la Bourse de Paris a terminé en hausse de 2,19%, celle de Francfort de 2,46%, Londres 2,41% ou Milan 3,27%.
Aux Etats-Unis, le Dow Jones progressait de 0,87%, le Nasdaq de 0,49% et l'élargi S&P 0,84%.
   
Signe de la très grande nervosité: les volumes d'échanges ont été très élevé, dépassant les 7 milliards d'euros à la Bourse de Paris.
Car quelques heures plus tôt, c'était la débandade. Actions, obligations, changes, métaux précieux.... sur tous les continents de la planète financière, les investisseurs fuyaient le risque presque aussi rapidement que le rouble se faisait massacrer, cédant plus de 20% en deux jours.
   
Ainsi, au plus bas de la journée, le CAC40 a frôlé les -2%, et les actions des groupes européens exposés à la Russe se faisaient châtier, comme Société Générale à Paris, Adidas à Francfort ou Heineken à Amsterdam.
   
En fin d'après-midi, des déclarations perçues comme rassurantes en provenance de Moscou (mesures de stabilisation du rouble, pas de plan pour limiter les mouvements de capitaux) ou de l'Occident (le secrétaire d'Etat Américain John Kerry disant que "la Russie a fait des avancées constructives ces derniers jours" sur la crise ukrainienne), ont contribué à calmer les investisseurs, leur donnant un prétexte pour accélérer.
   
Le marché de la dette souveraine obligataire a aussi été touché par cette nervosité. Les taux à 10 ans de plusieurs émergents --Russie, Brésil, Mexique, Turquie... -- augmentaient à mesure que les investisseurs les délaissaient.
   
La tendance était identique pour les pays européens jugés fragiles (Grèce, Portugal, Italie) tandis que la demande était forte pour les valeurs refuge comme le bund allemand, l'OAT française ou le bon du Trésor américain.
 

De Jakarta à Istanbul

Cette valse-hésitation est alimentée par le pétrole. Même s'il a relevé le nez mardi après-midi, il suit une tendance très nette à la baisse et a cédé près de 50% depuis mi-juin à cause de la faiblesse de la demande mondiale et de l'inflexibilité des pétromonarchies du Golfe qui gardent le robinet ouvert, noyant le marché, pour tenter de conserver leur mainmise face aux autres pays producteurs qui ont un coût de revient par baril plus élevé.
   
Si la Russie est clairement la première victime, les autres pays émergents n'en sortaient pas indemnes. De Jakarta à Istanbul en passant par Dubaï, les investisseurs se repliaient.
   
Les Bourses des pays producteurs de pétrole du Golfe ont dévissé: -7,3% à Dubaï, -7,3% en Arabie saoudite, -3,5% au Qatar.
   
En Turquie, où la tension politique est très vive, la livre a eu un brusque accès de faiblesse en milieu de journée et a touché un plus bas historique avant de se reprendre.
   
La roupie indonésienne avait elle atteint lundi son plus bas niveau depuis la crise asiatique de 1998 à 12.699 pour un billet vert. Mardi, la Banque centrale est intervenue pour enrayer la spirale et éviter une surchauffe sur le marché obligataire, a déclaré un responsable de la banque, Perry Warjiyo, selon l'agence Bloomberg.
   
Le coup de tabac sur les émergents est aussi nourri par la politique monétaire américaine.
La Réserve fédérale achève mercredi deux jours de réunion de son Comité de politique monétaire et pourrait envoyer aux marchés le signal d'une possible hausse des taux d'intérêt plus tôt que prévu.
   
Une telle décision, destinée à accompagner la reprise économique américaine, serait de nature à entraîner un flux de capitaux hors des émergents pour être rapatriés aux Etats-Unis.