19-04-2024 03:24 PM Jerusalem Timing

Le wahhabisme exclu du Sunnisme lors du congrès de Grozny

Le wahhabisme exclu du Sunnisme lors du congrès de Grozny

La conférence de Tchétchénie a exclu le wahhabisme salafiste de la doctrine des sunnites voire du cadre de la communauté sunnite!

"Qui sont les gens du Sunnisme ou appartiennent à la communauté sunnite ?"


Une question qui s'impose plus que jamais suite à la montée en puissance d'un terrorisme-takfiriste-wahhabite  qui prétend représenter  l'Islam, mais qui se veut surtout le représentant légitime du sunnisme et de la communauté sunnite.

Dans le but de définir l'identité "des gens du sunnisme et de la communauté sunnite", une conférence inaugurée par  le cheikh d'Al-Azhar, Ahmed al-Tayeb s'est tenue  dans la capitale tchétchène Grozny, durant cette semaine.

Elle a réussi à rassembler quelque 200 dignitaires religieux, oulémas et  penseurs islamiques, venus  d'Egypte, de Syrie, de Jordanie, du  Soudan et d'Europe.

De grandes personnalités religieuses étaient présentes telles que le  Grand Mufti d'Egypte, Cheikh Chawki Allam, le conseiller du président égyptien et le représentant du  Comité religieux au Parlement égyptien, Cheikh Oussama alZahri. Ou encore  l'ex- grand Mufti d'Egypte, cheikh Ali Jomaa, sans compter le grand Mufti de Damas, cheikh Abdel Fattah alBezm,  le prédicateur yéménite Ali alJafri, ou encore le penseur islamique Adnan Ibrahim ...

Dans le communiqué, les participants à la conférence ont convenu que " les Gens du Sunnisme et ceux qui appartiennent à la communauté sunnite sont les Asharites et les Maatiridites, tant au niveau de la doctrine qu'au niveau des  quatre écoles de la jurisprudence sunnite, et aussi les soufis, tant au niveau de la connaissance, de la morale et de l'éthique".  

Fait frappant: cette conférence a exclu le wahhabisme salafiste de la doctrine du Sunnisme, voire du cadre de la communauté sunnite!

Certes, ce n'est pas une première au niveau religieux.  Toutefois, le fait de le déclarer haut et fort, au delà des cercles religieux fermés, de le confirmer dans un communiqué au grand public, est sans aucun doute une première.

D'ailleurs, les participants à la conférence ont qualifié cette décision de «changement radical et  nécessaire pour pouvoir rétablir le vrai sens du Sunnisme , sachant que ce concept a subi une dangereuse déformation suite aux efforts des extrémistes à le vider de son sens pour l'accaparer et le réduire à leur perception" . Une  allusion claire  aux groupes takfiristes  et wahhabites qui sont soutenus par l'Arabie-saoudite.
 
Dans ce contexte, les participants ont conseillé une série de recommandations notamment : "Créer une chaîne de télévision au niveau de la  Russie afin de faire parvenir aux citoyens un message véridique de l'Islam et pour  lutter contre l'extrémisme et le terrorisme".

A aussi été recommandée " la création d'un centre scientifique en Tchétchénie pour surveiller et étudier les groupes contemporains, leurs principes et pour former une base de données fiables, qui permettra de  réfuter et de critiquer de manière scientifique la pensée  extrémiste". Les participants ont suggéré que ce centre porte le nom de "Tabsir" (ndrl:clairvoyance).

La conférence a insisté sur  la nécessité de "revenir aux écoles de la grande connaissance", en allusion aux institutions religieuses sunnites identifiés comme étant le prestigieux Al-Azhar , les Qarawiyinnes et Zaytouna (enTunisie) , et Hadermouth .

La conférence a exclu clairement les institutions religieuses saoudiennes, en particulier l'Université islamique de Médine!

Une dernière recommandation importante, adressée  aux institutions sunnites - comme  Al-Azhar et Cie: celle d'offrir des bourses pour ceux qui s'intéressent aux études de la charia.

En effet, cette politique devrait contrer celle menée par l'Arabie saoudite pour répandre le takfirisme à travers les chaines de télévision qu'elle finance, comme Safa et Wissal.  Ou pis encore en recrutant des étudiants du monde islamique pour les former dans ses institutions et en faire des prêcheurs wahhabites.

Le wahhabisme saoudien

"Le Sang par le sang et la démolition par la  démolition" : est l'un des piliers de la doctrine wahhabite, fondée par l'alliance entre Mohammad ibn Abd al-Wahhab et  le fondateur du royaume saoudien Mohammed bin Saoud en 1745.

Le duo diabolique s'est engagé  à appliquer ce principe quel qu'en soit le prix. On comprend dés lors le bain de sang provoqué par cette alliance  connue plus tard sous le nom de la "Charte des Dariyah," et qui a donné naissance   au premier état saoudien, puis au deuxième et troisième  état  saoudien fondé par Abdulaziz Ibn Saoud.

Depuis 1932 (la proclamation du Royaume d'Arabie Saoudite après le contrôle de l'ensemble du territoire de Najd et Hedjaz), le monde islamique est désormais ouvert devant  l'expansion du wahhabisme-saoudien. L’Arabie a utilisé le  "wahhabisme" comme arme pour renforcer son influence dans le monde musulman.  Grâce à ses pétrodollars, elle  a construit une multitude d'écoles religieuses  et de mosquées dans le monde entier, afin de convertir le plus grand nombre de musulmans au wahhabisme-takfiriste.

Dans cet ordre idées, on comprend la colère de l'Arabie à l'égard de ce congrès islamique, qui a en quelques heures, réduit à néant des décennies d'efforts pour s'accaparer du monde islamique.  

La réaction saoudienne

Au lendemain de la clôture de la conférence,  qui a duré trois jours,  la réaction saoudienne ne s'est pas fait attendre.

Une campagne médiatique virulente s'est déclenchée,  parrainée par les institutions religieuses et politiques en Arabie Saoudite.

Le journaliste saoudien Mohammed Al-Cheikh au quotidien Al Jazeera écrit sur son compte Tweeter : "je désapprouve  les extrémistes et les radicaux  surtout qu'ils m'ont beaucoup peiné. Néanmoins, quand il s'agit de porter atteinte à notre nation, à la marginaliser, je deviens le pire extrémiste car  la patrie est une question de vie et de  mort selon mes normes."

Pour ce qui est du soutien financier de l'Arabie-saoudite, l'académicien saoudien Mohammed Abdullah Azzam écrit: “l'ex-Grand Mufti d'Egypte Ali Jomaa était un étudiant chez Cheikh Hammoud Tuwaijri et il a été honoré par des oulémas saoudiens et il s'est abreuvé de leur savoir ... la récompense de cheikh Azhar  à l'Arabie Saoudite pour ses grands projets à Al-Azhar est cette alliance avec Poutine pour exclure l'Arabie du monde musulman .. Vous avez besoin d'un psychiatre ".

Le superviseur de l'institut sunnite alDarar, le  prédicateur Alaoui alSaqqaf a décrit le communiqué de la conférence de la Tchétchénie de "décevant"  parce qu'"il a divisé la communauté sunnite en expulsant le wahhabisme  des sunnites et de la communauté sunnite.

Saqqaf a par la suite vilipendé le président tchétchène Ramzan Kadyrov, le qualifiant  " de soufis délirant”. Il a  diffusé ses propos dans lesquels Kadyrov accuse "le wahhabisme  de trahison aux  enseignements de la religion, et où il affirme que  les militants en Syrie  ne sont pas moujahidines car ils déforment l'Islam", selon l'expression de Saqqaf.

Même ton virulent de la part des prédicateurs du  royaume saoudien qui ont dénoncé la conférence, le soufisme  que la majorité des musulmans de Tchétchénie pratique comme doctrine".

Sachant que le wahhabisme accuse les soufis de polythéisme qui n'a rien avoir avec  l'Islam en général. Il en est de même avec les différentes écoles islamiques.

Paroxysme de la colère saoudienne, face à cette conférence: les propos   de l'imam et prédicateur de la mosquée du roi  Khaled à Riyad,  selon lequel: "La conférence de Tchétchénie doit servir d'alarme pour nous : le monde allume notre bûcher pour nous brûler".