Le président américain Donald Trump a annoncé avoir ordonné au Pentagone de se préparer à une éventuelle intervention militaire au Nigeria si le gouvernement nigérian persistait à tolérer le massacre de chrétiens, comme il l’a affirmé.
Dans un message publié sur son réseau social Truth Social, Trump a déclaré que les États-Unis vont suspendre immédiatement toute aide au Nigeria.
Il a ajouté que Washington « pourrait intervenir dans ce pays misérable avec toute sa puissance pour anéantir les terroristes islamistes responsables de ces atrocités ».
De son côté, le secrétaire américain à la Défense, Pete Higseth, a appelé le gouvernement nigérian à « mettre immédiatement fin au massacre de chrétiens innocents », avertissant que le département de la Défense était prêt à intervenir si « les atrocités horribles » se poursuivaient.
Cette décision intervient sous la pression de parlementaires républicains, notamment du sénateur Riley Moore, qui avait réclamé depuis avril l’intervention des USA, déclarant qu’elle viserait à « garantir au Nigeria l’attention et la responsabilité internationales dont il a un besoin urgent ».
Selon l’Associated Press, la loi de 1998 sur la liberté religieuse internationale autorise le président à prendre cette décision sur la base des recommandations de la Commission du Congrès sur la liberté religieuse internationale. Cependant, Trump a contourné la procédure habituelle et a procédé unilatéralement à cette désignation, sans attendre de recommandations, chargeant une commission spéciale de la Chambre des représentants d’ouvrir une enquête immédiate sur la question.
Démenti du Nigeria
Le Nigeria a démenti toute persécution systématique des chrétiens, affirmant que les violences qui secouent actuellement le pays ont des dimensions davantage socio-économiques que religieuses.
Le président nigérian, Bola Ahmadu Tinubu, a réagi à l’annonce de Trump sur la plateforme de médias sociaux X en déclarant : « Qualifier le Nigeria d’intolérant sur le plan religieux ne reflète pas la réalité de notre pays. »
Il a ajouté : « La liberté et la tolérance religieuses ont toujours été et resteront toujours des principes fondamentaux de notre identité collective. »
Le Nigeria compte une importante communauté chrétienne évangélique, avec plusieurs grandes églises évangéliques et des télévangélistes influents.
Boko Haram et Bandits
Le nord-est du Nigéria à majorité islamique est en proie à la violence depuis plus de 15 ans, perpétrée par le groupe extrémiste Boko Haram. Ce conflit a fait plus de 40 000 morts et près de deux millions de déplacés.
Y prolifèrent également des bandes armées, connues sous le nom de « Bandits ». Elles mènent fréquemment des attaques contre les villages, se livrant à des meurtres, des enlèvements et des pillages.
La région centrale du pays est le théâtre d’affrontements récurrents entre éleveurs musulmans et agriculteurs chrétiens, conférant à la violence une dimension religieuse.
Toutefois, les experts affirment que le conflit est principalement lié à la question foncière et à la rareté des ressources, dans un contexte de forte croissance démographique.
Le plus peuplé, le plus riche et les plus pauvres…
Le Nigéria compte environ 239 millions d’habitants, dont environ 52 % de musulmans et 31 % de chrétiens, ce qui en fait le pays le plus peuplé et le plus diversifié sur le plan religieux d’Afrique.
Il est le 1er producteur de pétrole du continent, cet hydrocarbure représentant 90 % de tous les produits d’exportation.
En marge du secteur pétrolier, d’importants gisements de gaz naturel (3 700 milliards de m3, 2e rang africain, 2,5 % des réserves mondiales prouvées) ont également été découverts.
L’essentiel de l’activité économique se réalise dans la zone côtière, au sud du pays, notamment autour de Lagos où se trouvent les gisements offshore d’hydrocarbures.
Il existe également des réserves de charbon (essentiellement lignite et charbons bitumineux), les plus importantes du continent.
Au niveau minéral, le Nigeria dispose dans son sous-sol de gisements appréciables de colombite (un minerai de niobium), fer, zinc, étain, or, pierre à Chaux et marbre). Le secteur reste toutefois sous-développé.
Evasion fiscale, corruption…et multinationales
Grâce à son potentiel humain et sa richesse en ressources naturelles, le Nigeria se classe au rang de 1re puissance économique d’Afrique avec un PIB de 481,07 milliards de dollars (2016), devant l’Afrique du Sud (312,8 Mds de dollars en 2016). Son PIB (en parité de pouvoir d’achat) était le deuxième en Afrique derrière l’Égypte en 2018.
Mais environ deux tiers de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté absolue (1 $ par jour), contre 43 % en 1985.
Dans un rapport, les ONG Development Finance International et Oxfam dénoncent la responsabilité des autorités qui « exacerbent les inégalités en sous-finançant les services publics, tels que la santé et l’éducation, et en ne luttant pas efficacement contre l’évasion fiscale et la corruption », tout en accordant une fiscalité avantageuse aux multinationales internationales gérées par les USA.
Source: Dives



