Le président du Parlement libanais, Nabih Berri, a rejeté les allégations américaines selon lesquelles la résistance libanaise recevait des armes en provenance de la Syrie.
« L’envoyée américaine Morgan Ortagus, lors de sa récente visite, a abordé deux points : premièrement, les allégations israéliennes concernant la poursuite des livraisons d’armes en provenance de Syrie, et deuxièmement, la question des négociations », a-t-il affirmé mardi lors d’une rencontre au siège de la Seconde Présidence à Aïn el-Tineh avec une délégation de l’Union des radios et télévisions islamiques.
Et de poursuivre : « les affirmations d’Israël concernant les armes en provenance de Syrie sont de pures inventions, car les États-Unis contrôlent l’espace aérien grâce à leurs satellites et à d’autres moyens. »
Concernant les négociations, le président Berri a déclaré : « Il existe un mécanisme, appelé le “Mécanisme”, qui se réunit et doit se réunir périodiquement. Des experts, civils et militaires, peuvent être consultés si nécessaire, comme ce fut le cas pour la délimitation de la Ligne bleue ou des frontières maritimes. »
Il parlait du comité de suivi chargé de faire respecter le cessez-le-feu conclu fin novembre 2024 pour mettre fin à la guerre de 66 jours « Bataille des Braves » et à la guerre de soutien à Gaza. Il est parrainé par les Etats-Unis, la France et l’ONU. Il a été violé plus de 9 000 fois depuis par l’entité sioniste, selon les chiffres établis par l’armée libanaise.
Cessez-le-feu : La résistance l’a respecté. Et Israël ?
Berri a rappelé que « la résistance libanaise a pleinement respecté les termes de l’accord de cessez-le-feu et l’armée libanaise a déployé plus de 9 000 soldats et officiers au sud du fleuve Litani ».
Selon lui, « l’armée est capable de se déployer le long des frontières internationalement reconnues, mais que ce qui l’en empêche est l’occupation israélienne qui perdure sur de vastes portions du territoire sud-libanais, comme le reconnaît la FINUL et ses rapports périodiques».
Berri a en outre demandé : « Mais la question qui se pose est la suivante : quand, où et comment Israël a-t-il respecté ne serait-ce qu’une seule clause de l’accord de cessez-le-feu ? »
Il s’est dit stupéfait par « les positions de certains Libanais concernant la résistance », stigmatisant que certains « refusent même de prononcer le mot “résistance” dans leur discours politique ou médiatique ».
« Existe-t-il un pays au monde qui renie le chapitre le plus glorieux de son histoire ?», s’est-il demandé.
La loi électorale en vigueur, sinon une bataille politique
Le chef du législatif s’est également prononcé au sujet de la loi électorale qui fait l’objet d’une controverse interne au Liban car certains partis libanais pro américains insistent pour l’amender en vue que le vote des expatriés limité à l’heure actuelle à six sièges, comprennent l’ensemble des 128.
« Nous avons fait savoir à tous que si des solutions sont proposées, nous avons également des idées et sommes prêts à en discuter. Mais la question est : souhaitent-ils vraiment une solution ? », s’est-il interrogé.
« Une loi est déjà en vigueur et les élections doivent se tenir conformément à celle-ci et dans les délais prévus ; sinon, une bataille politique s’engagera », a-t-il averti. Les prochaines législatives devraient se tenir en mai 2026.
Les Maronites, les premiers qui refusent la normalisation
Concernant les discussions sur la normalisation des relations avec l’ennemi israélien, le président du Parlement a déclaré : « Je suis convaincu que les Libanais diront non à la normalisation », rappelant les propos du grand défenseur des droits de l’homme Abdallah Lahoud : « La seule communauté qui ne souhaite ni normalisation ni paix avec Israël est celle des Maronites. Qu’en est-il alors des autres communautés et de l’ensemble du Liban ? »
Un premier pas vers la reconstruction
Au sujet de la reconstruction et de la détermination des Sudistes, M. Berri a affirmé : « Le combat le plus important, la guerre la plus cruciale que mènent les Libanais, et en particulier les habitants du Sud, est celle de la détermination et leur maintien sur leur terre, malgré l’ampleur des massacres quotidiens perpétrés par les forces d’occupation israéliennes et leur machine de guerre. »
Berri a conclu en évoquant la rencontre de coordination pour la reconstruction qui se tenait simultanément ce mardi dans le « Complexe culturel Nabih Berri » à Masayleh, au sud du Liban : « Il s’agit d’un premier pas vers l’élaboration d’un plan pour lancer le processus de reconstruction. »

Reconstruction sous l’impulsion de l’Etat
Durant cette rencontre, le député Mohammad Khawaja, membre du Bloc du développement et de la libération, a affirmé que « notre présence ici aujourd’hui n’est pas un simple détail, mais un choix délibéré qui exprime notre volonté de nous opposer aux massacres et aux destructions ».
Dans son intervention, il a expliqué que le président du Parlement accorde la priorité absolue à la reconstruction, soulignant que « le processus de reconstruction doit revêtir une dimension nationale globale, sous l’impulsion de l’État libanais, principal responsable de cette entreprise nationale d’envergure ».
Pas de budget sans clause pour la construction
De son côté, le député Hassan Fadlallah, membre du Bloc Fidélité à la Résistance, a souligné que « cette réunion doit marquer le début d’une nouvelle phase, où la reconstruction deviendra la priorité absolue au niveau national ».
Fadlallah a déclaré : « L’État se doit d’être solidaire avec son peuple, car les gens du Sud l’ont précédé par leur résilience, leur détermination à reconstruire et leur attachement à leur terre. » Il a ajouté : « Nous, au sein des Blocs Fidélité à la Résistance et Développement et Libération, sommes déterminés à ce que ce dossier soit une priorité de suivi et que cette réunion soit un prélude à cette démarche. »
Il a souligné avoir après le cessez-le-feu commencé à communiquer avec le gouvernement précédent sur ce dossier.
« Nous nous sommes mis d’accord sur une série de mesures, dont une seule a été mise en œuvre, à savoir le déblaiement des décombres, tandis qu’aucune des autres mesures n’a été appliquée. »
Fadlallah a souligné que le gouvernement a de nombreuses responsabilités, notamment celle d’établir un cadre juridique pour la reconstruction. Il a expliqué que le problème central réside dans les maisons détruites des citoyens, et a noté que le gouvernement n’a encore pris aucune mesure à ce sujet.
Assurant avoir déployé des efforts pour la reconstruction dans le budget au sein du gouvernement », il a indiqué que ce dernier « n’est pas tenu d’allouer la totalité du budget à la reconstruction, mais qu’il devrait au moins prévoir un budget clairement défini pour les maisons détruites afin que les citoyens aient le sentiment que le gouvernement est engagé dans cette reconstruction. »
Fadlallah a ajouté : « Comme l’a déclaré le président du Parlement, Nabih Berri, le budget ne sera pas adopté par le Parlement s’il ne comprend pas une clause clairement consacrée à la reconstruction ».
Et Fadlallah de souligner : « nous insistons pour que le dossier de la reconstruction soit la priorité absolue ».
La reconstruction, un acte de résistance
Par ailleurs, le conseiller du président pour les affaires de reconstruction, Ali Hamieh, a affirmé que « le dossier de la reconstruction prime sur toutes les autres priorités nationales à ce stade », soulignant que « ce qui a été détruit par l’agression sera reconstruit grâce à la volonté et à la résilience du peuple libanais ».
Hamieh a indiqué que « des travaux sont en cours pour élaborer une vision globale de la réhabilitation des infrastructures et des routes dans les zones touchées, en coordination avec les ministères et institutions compétents », expliquant que « la reconstruction n’est pas un simple projet d’ingénierie, mais un acte de résistance et de fermeté face aux tentatives de déplacement forcé ».
Source: Al-Manar



