Le président de l’Etat libanais, le général Michel Aoun, a rejeté ce jeudi, le contenu du document conjoint issu, mercredi, par les Nations Unies et l’Union européenne lors de la Conférence de Bruxelles consacrée au soutien du Liban.
« Le contenu de ce document s’oppose à la Constitution libanaise et à mon serment et mettra également le Liban en péril, son objectif étant une naturalisation cachée des réfugiés syriens au Liban », a annoncé M. Aoun selon un communiqué publié par le bureau de presse de la présidence.
« J’annonce mon refus total à la déclaration conjointe des Nations Unies et de l’Union européenne à propos du retour volontaire, du retour temporaire, de la volonté de rester et de l’intégration sur le marché du travail et d’autres expressions qui s’opposent au principe de la souveraineté et aux lois libanaises », a ajouté le Chef de l’Etat.
Il a fait rappeler que le Liban a agi face à la crise des réfugiés syriens conformément aux principes des relations de fraternité et au devoir humanitaire, tout en affirmant que la solution unique à cette crise était le retour sûr des réfugiés aux zones stables en Syrie.
« Le fait de relier entre le retour des réfugiés et la mise en place d’une solution politique en Syrie ou la reconstruction de ce pays est inadmissible », a clamé le président.
Et de conclure: « Le Liban est attaché à la recherche d’une solution politique en Syrie et à la restauration de la stabilité dans ce pays de manière à préserver son unité et à mettre fin aux souffrances du peuple syrien ».
Opposition de M.Berry
De son côté, le bureau de presse du chef du parlement Nabih Berry a publié un communiqué dans lequel il adopte une position similaire.
« Nous avons déjà demandé à plusieurs reprises qu’il y ait une coopération avec le gouvernement syrien afin que nos frères syriens rentrent chez eux dans les zones libérées et désormais sécurisées. (…) Malgré les relations diplomatiques (entre le Liban et la Syrie) (…), le gouvernement libanais est resté sourd, jusqu’à la publication du communiqué de l’UE et de l’ONU qui pousse à la naturalisation (des déplacés syriens) au Liban et au morcellement du territoire et de la population syriens », peut-on lire dans le communiqué de M. Berry.
« C’est pour cela que j’exprime mon opposition, et celle de tout le Parlement libanais, au communiqué en question », conclut le chef du Législatif.
Une atteinte à la souveraineté du Liban
Pour sa part, le ministre libanais des Affaires étrangères, Gebran Bassil, a affirmé jeudi soir que « ce dossier touche à la Constitution et à l’entité libanaise. Nous voulons préserver notre identité libanaise. Nous n’acceptons pas cet affront à la souveraineté du pays et aux sentiments des Libanais qui ne méritent pas d’être les victimes de complots sur ce dossier ».
« Nous ne pouvons ni laisser passer, ni nous taire après ce qui s’est passé à Bruxelles. Tout ce que nous demandons, c’est que la communauté internationale cesse d’encourager les Syriens à rester au Liban en leur interdisant de revenir en Syrie », a ajouté M. Bassil lors d’une conférence de presse à l’issue du Conseil des ministres au palais présidentiel de Baabda.
« Depuis huit ans, le Liban subit les conséquences de la crise syrienne et le fardeau des 1,5 million de réfugiés syriens » qu’accueille le pays, a regretté M. Bassil. « Il n’y a plus de raisons sécuritaires et politiques interdisant aux Syriens de revenir chez eux », a-t-il lancé.
Dans un communiqué publié la veille, M. Bassil avait déjà critiqué les positions de l’Union européenne et de l’ONU, à l’issue de la conférence de Bruxelles.
« En réponse au communiqué publié par l’UE et l’ONU, et qui est en contradiction avec la politique générale du Liban concernant les déplacés syriens, M. Bassil critique les termes employés et que le Liban rejette, tels que +le retour temporaire+, ou +le retour volontaire+, ou encore +le choix de rester+ », peut-on lire dans le communiqué.
« Le communiqué en question accuse le Liban de chasser les déplacés, ce qui est absolument infondé », poursuit M. Bassil, en dénonçant « des termes visant à effrayer », tout en rappelant que « la situation sécuritaire en Syrie s’est améliorée ».
La semaine dernière, le ministre avait accusé le HCR d’entraver le retour volontaire des réfugiés syriens dans leur pays.
La communauté internationale réunie mardi et mercredi à Bruxelles a promis mercredi 4,4 milliards de dollars (3,6 mds EUR) pour aider les millions de réfugiés syriens en 2018.
Source: Avec ANI