Aujourd’hui, les sanctions économiques et énergétiques les plus sévères pouvant être imposées à un pays prennent effet unilatéralement contre l’Iran. L’administration américaine fera tout en son pouvoir pour isoler la République islamique et la mettre à genoux, tandis que Téhéran fera de son mieux pour éviter les écueils posés par les USA. Peu importe les résultats, l’Iran ne se soumettra jamais aux douze conditions de Washington.
L’Iran n’est pas un pays naissant qui s’écroulera dès l’imposition des premières sanctions sévères et n’assistera pas au gel de ses exportations pétrolières sans réagir. En fait, les USA et l’ONU ont commencé à imposer des sanctions contre l’Iran dès le début de la Révolution islamique et au moment de la chute du chah en 1979.
Il ne fait aucun doute que l’économie iranienne sera affectée. Sauf que l’Iran n’a jamais été aussi uni grâce au président Trump, qui a réussi à rassembler les réformistes et les radicaux dans le même camp!
Le général iranien Qassem Suleimani a dit au président Hassan Rohani:« Tu avances et nous sommes derrière toi. Ne réponds pas aux provocations de Trump, car c’est un insolent qui n’est pas à ta hauteur. Je le confronterai personnellement. »
Rohani croit que « la politique des USA et leur nouvelle conspiration va échouer ». Ainsi, tous les responsables du régime iranien sont unis aujourd’hui sous le leadership de l’imam Ali Khamenei contre la politique des USA, dont l’objectif est de faire plier l’échine du régime.
Pendant toute la durée des sanctions internationales précédentes, l’Iran a mis au point sa technologie des missiles et des armes de précision, sans jamais abandonner sa politique envers ses alliés qui fait partie intégrante de son idéologie. Téhéran n’est pas seul à s’opposer aux USA et attend de voir comment les sanctions mondiales évolueront avant de réagir. Les responsables à Téhéran, qui s’attendent à ce que Trump obtienne un second mandat, se préparent en vue d’un long siège.
Sayyed Ali Khamenei a déclaré que son pays ne conclura jamais d’accord avec les USA et ne sera partie à aucune entente à venir pour la simple et bonne raison que fondamentalement, les USA ne sont pas dignes de confiance.
L’Iran compte sur l’unité de ses concitoyens et le soutien de ses partenaires au Moyen-Orient, l’Europe (un allié stratégique crucial) et l’Asie. L’Europe tente d’ailleurs de se dissocier des sanctions américaines, mais sans grand succès jusqu’ici. Ses dirigeants supplient en vain les USA d’obtenir une exemption pour le commerce des denrées et des médicaments afin de réduire la souffrance de la population.
Trump est déterminé (même si ses mesures nuisent à l’économie européenne) à empêcher toute transaction entre l’Iran et l’Europe. C’est l’une des principales raisons pourquoi le vieux continent veut mettre en œuvre une stratégie à long terme qui lui permettrait de se dissocier des services de messagerie SWIFT utilisés par les banques et les institutions financières pour l’ensemble des transactions commerciales dans le monde.
Pour la première fois depuis la Deuxième Guerre mondiale, le Royaume uni, l’Allemagne et la France ont fait preuve de fermeté contre des décisions et des sanctions de l’administration américaine. Trump n’a que faire des principes, des lois ou des accords internationaux (comme l’accord sur le nucléaire). Tout ce qui compte pour lui, c’est l’argent. Les USA cherchent à maintenir leur hégémonie et à défendre leurs efforts de longue date pour parvenir à la domination mondiale, au détriment de leurs partenaires européens et de leurs alliés au Moyen-Orient, qui se font constamment plumer par le racket d’extorsion que dirigent les US.
Certaines sociétés européennes pourraient prendre note des avertissements de Trump, tout en les ignorant. Elles peuvent décider de commercer avec l’Iran en s’en tenant aux devises locales, à condition qu’aucun actif basé aux USA n’entre en jeu.
L’un des principaux problèmes demeure l’Irak. Les USA pourraient chercher à susciter une lutte interne dans les milieux politiques à Bagdad, par exemple entre le camp pro-Iran et le camp pro-USA. N’empêche que la Mésopotamie ne fermera jamais ses portes au commerce avec l’Iran et maintiendra le flux des échanges de biens entre les deux pays, peu importe les conséquences. Si Trump décide de serrer la vis à l’Irak, il poussera encore plus le pays dans les bras de l’Iran.
Mais Trump a déjà montré des signes de faiblesse, en accordant une dérogation temporaire à huit pays, dont la Russie, la Chine, la Turquie, le Japon, l’Inde et la Corée du Sud. En fait, la Russie, la Chine et la Turquie ont dit qu’elles ne respecteraient aucune sanction, avec ou sans la bénédiction des USA. Ce qui signifie déjà que l’Iran ne sera pas complètement encerclé et que ces pays proposeront d’importants échanges commerciaux avec la République islamique. L’exportation de 2,5 millions de barils de pétrole iranien par jour sera réduite, mais ne cessera jamais entièrement. Tout cela illustre clairement l’échec du plan des USA visant à frapper l’économie de l’Iran, à changer de régime, à stopper la production innovante d’équipement militaire et à réduire le soutien de l’Iran à ses alliés au Liban, en Syrie, en Irak, au Yémen et en Afghanistan.
Le groupe terroriste « État islamique » est parvenu à vendre son pétrole pendant quelques années. Ce pétrole volé de l’Irak et de la Syrie a atteint la Méditerranée et a même été exporté à l’extérieur du Moyen-Orient. Par conséquent, un pays bien enraciné comme l’Iran n’aura sûrement pas de grandes difficultés à exporter son pétrole.
Les sanctions de Trump terrorisent davantage ses alliés que ses ennemis. Aujourd’hui, ces alliés cherchent sérieusement des solutions de rechange, car ce qui était inconcevable est devenu une réalité, depuis que les USA n’imposent plus aucune limite à ce qu’ils font. Ces sanctions vont sûrement aider l’Iran à devenir encore plus indépendant et autosuffisant dans bien des domaines. D’autant plus que le nombre de pays qui s’inquiètent de l’hégémonie américaine et qui sont résolus à en sortir est à la hausse. Les USA montrent peu de compétences diplomatiques. Dans les faits, les USA sont devenus un géant, un géant très fort avec ses muscles proéminents, mais qui manque de plomb dans la cervelle.
Par contre, de nombreux indices laissent croire que les USA s’inquiètent vivement de la position qu’ils occupent dans le monde. L’Europe ne cache pas ses velléités de révolte contre les USA, qui va de pair avec la montée de la Chine et de la Russie partout dans le monde, et avec le rôle de leader que pourrait jouer la Turquie dans un monde arabe divisé. Tout cela va probablement se jouer hors de l’orbite américaine, ce qui pourrait amener bien d’autres pays à entrer dans la danse, lentement mais sûrement, à mesure qu’ils se rendront compte qu’une alliance avec les États-Unis ne sert plus leurs intérêts.
Par Elijah J. Magnier. Traduction : Daniel G.