Le timing de l’opération israélienne de Khan Younès soulève bien des questions sur ses réels objectifs. Surtout que les explications israéliennes officielles se font concises .
Plusieurs interprétations sont données. L’une d’entre elles suspecte une velléité israélienne de détourner l’attention de l’opinion mondiale de l’assassinat du journaliste saoudien dissident Jamal Khashoggi dans le consulat saoudien d’Istanbul.
C’est du moins l’avis du responsable qatari cheikh Saoud Ben Khaled al-Thani qui est le président du conseil d’administration du club sportif Arrayyane .
« L’opération sécuritaire israélienne à l’est de Khan Younès et l’escalade qui l’a suivie le lendemain constituent un plan concocté au préalable par l’occupation pour soutenir leur allié Mohammad ben Salmane en déplaçant l’attention des médias internationaux braqués sur l’affaire Khashoggi vers Gaza », a-t-il dit dans un tweet.
Lors de l’éclatement de l’affaire Khashoggi, la direction israélienne a accordé son plein soutien au prince héritier saoudien Mohammad Ben Salmane, personnellement suspecté d’avoir commandité cet assassinat. Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu est intervenu en personne pour lui épargner d’en payer les frais, mettant de l’avant son rôledans le Deal du siècle, un accord qui implique en plus des Etats-Unis et d’Israël les pays arabes du Golfe destiné à liquider la cause palestinienne.
La loi du silence
Concernant l’opération israélienne lancée dans l’après-midi du dimanche 11 novembre, et obligée à rebrousser chemin après avoir été découverte par la Résistance palestinienne, force est de constater que les responsables israéliens observent la loi du silence et se gardent d’en révéler les réels objectifs.
Le chef de l’état-major israélien Gadi Eisenkot s’est contenté de signaler que « l’opération acquiert une grande importance pour la sécurité d’Israël ». Et le porte-parole de l’armée israélienne Avi Adrei a argué « qu’elle ne visait ni à kidnapper ni à tuer » des gens de la résistance.
Selon le Yediot Aharonot, la plupart des détails de l’opération resteront secrets, dont l’identité de l’officier, un lieutenant, qui a péri.
Une opération silencieuse
Le but d’Israël derrière cette opération « n’est pas clair ». Ce qui en est sur est qu’elle se devait d’être «silencieuse, sans laisser de trace qui ramène à Israël, dans le but de semer la confusion sur la scène interne palestinienne », ont pour leur part confié au journal deux analystes politiques.
Après avoir déclaré qu’elle avait pour objectif la liquidation d’un chef militaire du Hamas, Nour Barakat, qui est d’ailleurs tombé en martyr durant les combats qui s’en ont suivi, les brigades Ezzeddine alQassam ont changé leur version. Leur communiqué publié le lundi 12 novembre évoque plutôt « un plan offensif important destiné à mélanger les cartes ».
Armée ou renseignements?
L’analyste palestinien Hamza Abou Chanab (Photo à gauche) admet lui aussi le caractère plutôt louche de l’opération en raison du manque d’informations israéliennes la concernant ses auteurs et sa nature.
« En raison du manque d’informations, nous ne pouvons être surs qui est l’appareil qui a exécuté l’opération, si c’est l’armée israélienne ou les renseignements », estime Abou Chanab.
Ecartant le scénario de l’opération de liquidation, habituellement confiée à des agents locaux, il évoque l’éventualité de planter un dispositif d’espionnage hautement sophistiqué qui nécessite l’intervention de techniciens spécialistes.
Suspension des discussions
Un autre analyste palestinien, Houssam al-Dajni estime que l’opération israélienne peut avoir été liée aux manifestations de Grand retour que les Israéliens n’arrivent pas à stopper malgrè les 220 palestiniens qu’ils on tués. Sachant que l’Égypte mène une médiation entre Palestiniens et Israéliens pour parvenir à un compromis en fonction duquel le blocus israélien devrait être allégé en échange de l’arrêt des marches organisées régulièrement au moins une fois par semaine depuis fin mars. Ce mardi matin, les médias israéliens ont indiqué que les dirigeants israéliens ont suspendu les discussions en question.