L’axe saoudien a-t-il réellement décidé de mettre fin à ses huit années d’aventurisme en Syrie et de reconnaître finalement le gouvernement légitime du président Bachar al-Assad ? Quelles seraient pour l’Arabie saoudite les caractéristiques d’une Syrie avec en tête, le président Assad ? Voici autant de questions avancées par le site d’informations Mashregh News sur les récentes évolutions en Syrie.
Faisant allusion à la visite du président soudanais Omar el-Béchir à Damas et sa rencontre avec Bachar al-Assad, à l’ouverture de l’ambassade émiratie à Damas et à la prochaine réouverture de l’ambassade de Bahreïn dans la capitale syrienne, le site d’information iranien s’interroge sur les raisons qui ont poussé Riyad et Abou Dhabi à mettre fin à leur hostilité envers Assad.
Endiguer l’influence régionale de la Turquie à travers la Syrie
Le soutien accordé par la Turquie de Recep Tayyip Erdogan au Qatar face à Riyad et ses alliés lors de la crise au sein du Conseil de coopération du golfe Persique (CCGP), la ténacité d’Ankara dans l’affaire de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi impliquant les autorités saoudiennes et les agissements de la Turquie en Syrie, notamment suite à la décision du président américain Donald Trump sur le retrait des troupes US de Syrie, ont poussé les ennemis du Parti de la justice et du développement (AKP) de prendre des mesures afin d’endiguer l’influence turque dans la région.
L’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et l’Égypte voient la Turquie à la fois comme un rival traditionnel et un sérieux obstacle dans leur lutte contre les Frères musulmans et dans la campagne de pression maximale sur le Qatar. Ils essaient donc d’empêcher la Turquie d’avoir plus d’influence en Syrie et le meilleur moyen d’arriver à cet objectif est de s’approcher de Bachar al-Assad.
Éloigner Assad de la Résistance ou en profiter pour améliorer les relations avec l’Iran ?
Il existe deux hypothèses sur la volonté de l’Arabie saoudite et de ses alliés de vouloir s’approcher de Bachar al-Assad ; la première c’est que la Syrie s’éloignera progressivement de l’Iran et rejoindra le camp des pays riverains du golfe Persique en échange du soutien financier et politique de ces derniers. Une hypothèse qui semble impossible, du moins illogique, compte tenu de l’approche de Bachar al-Assad avant la crise et du renforcement de l’alliance forte émergée avec l’Iran pendant la crise syrienne.
La deuxième hypothèse, qui semble plus réaliste que la précédente, est que les Saoudiens cherchent à utiliser la Syrie comme intermédiaire pour résoudre les conflits régionaux avec l’Iran et améliorer les relations avec Téhéran. Cette hypothèse est basée sur le fait que l’Arabie saoudite s’est rendu compte qu’elle ne pourra rien faire à Bahreïn, au Liban et en Irak sans une coopération avec l’Iran.
Participation des pays arabes à la reconstruction de la Syrie
Il convient de noter que la participation des pays arabes à la reconstruction de la Syrie sera à la fois bénéfique pour les pays arabes comme les pays occidentaux. Étant donné que Trump et ses amis occidentaux ne sont pas disposés à investir en Syrie, ils s’efforcent de tirer profit de la reconstruction de ce pays déchiré par la guerre. L’Arabie saoudite et les Émirats sont pour eux la meilleure option pour leurs investissements en Syrie.
Dans un contexte où le régime saoudien dirigé par le prince héritier Mohammed ben Salmane subit des pressions sans précédent des médias et des courants politiques américains et européens pour ses échecs dans ses plans ambitieux, pour sortir de l’impasse actuelle, le pays n’a d’autres choix que de mener de grands changements dans sa politique étrangère. Cela est en quelque sorte l’aveu d’impuissance de ceux qui voulaient pendant les huit dernières années renverser à tout prix le président Bachar al-Assad.
Source: Avec AlManar + PressTV + Agences