Le président américain Donald Trump prépare un décret qui aboutirait à la réouverture potentielle des contestées prisons secrètes de la CIA à l’étranger, fermées par Barack Obama, selon le New York Times mercredi.
Le projet de décret de trois pages, consulté par le quotidien, révoquerait des décrets signés par Barack Obama en janvier 2009 et qui avaient ordonné la fermeture de la prison de Guantanamo (une fermeture bloquée par le Congrès) et des « sites noirs » de la CIA en dehors du pays; l’accès de la Croix Rouge à tous les détenus des Etats-Unis dans le monde; et la fin des techniques d’interrogatoires assimilées à de la torture.
Ce projet de décret de M. Trump, non confirmé par la Maison Blanche, ne déclencherait pas à lui seul la réouverture des prisons de la CIA créées en secret sous la présidence de George W. Bush au début de la « guerre contre le terrorisme ». Mais il ouvrirait la voie juridique à leur réouverture.
Le décret réitérerait l’interdiction du recours à la torture, tout en appelant à envisager une modification du manuel d’interrogatoire utilisé par l’armée américaine et la CIA.
Quant à Guantanamo, selon le Times, le texte demanderait au Pentagone de continuer à y envoyer des prisonniers d’Al Qaïda et de Daesh. Il n’y reste actuellement que 41 prisonniers.
L’interdiction de la torture a été inscrite dans le marbre du droit américain par une loi votée en 2015 par le Congrès et portée par le sénateur républicain John McCain.
Les Etats-Unis ne peuvent avoir recours qu’aux techniques stipulées dans le manuel de l’armée. Un décret ne peut changer cette loi.
« Le président peut signer tous les décrets qu’il veut, mais la loi est la loi », a réagi John McCain dans un communiqué. « Nous ne ramènerons pas la torture aux Etats-Unis ».
Le sénateur McCain a aussi rappelé que le nouveau directeur de la CIA, Mike Pompeo, s’était engagé à ce que ses agents limitent leurs techniques d’interrogatoire à celles énumérées dans le manuel de l’armée.
Le nouveau secrétaire à la Défense, l’ancien général James Mattis, lui a donné le même engagement pour ses troupes.
« Je suis certain que ces leaders respecteront leur parole », a ajouté John McCain, rapporte l’AFP.
En février 2016, le candidat Donald Trump avait déclaré: « la torture marche », en promettant qu’il réinstaurerait la technique de simulation de noyade (« waterboarding »), bannie par Barack Obama. En novembre dernier, après avoir rencontré James Mattis, il s’était dit « impressionné » par les arguments du général contre la torture, sans toutefois dire s’il avait changé d’opinion.
Immigration: les « villes sanctuaires » américaines réagissent aux décrets de Trump
Sur un autre plan, les « villes sanctuaires » américaines ont promis de continuer à protéger leurs résidents sans-papiers et de ne pas les dénoncer aux autorités fédérales malgré la menace de Donald Trump de les priver de milliards de dollars de fonds fédéraux.
Le président américain a signé un décret en ce sens et un autre lançant la construction d’un mur à la frontière avec le Mexique, afin d’endiguer l’immigration illégale vers les Etats-Unis.
Plusieurs responsables républicains ont applaudi les mesures présidentielles, dans les pas de sa campagne très orientée contre l’immigration et de son discours d’investiture aux accents nationalistes.
Les associations ont quant à elles souligné l’effroi causé par ces décrets parmi les immigrés en situation irrégulière.
Plus d’un millier de personnes ont manifesté mercredi soir à New York pour dénoncer les mesures anti-immigration du nouveau président Donald Trump.
Des manifestants de toutes origines se sont rassemblés dans le calme après 17H00 (22H00 GMT) dans le parc de Washington Square, au sud de Manhattan.
« Pas d’interdiction! Pas de mur! New York est à tout le monde », scandaient notamment les participants à la manifestation, qui occupait la quasi-totalité de la place.
De nombreuses pancartes appelaient à la défense des droits des musulmans, et la poursuite de l’accueil de réfugiés venus de Syrie ou d’autres pays musulmans en proie à des conflits.
Source: Agences