« La coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite n’est pas assez puissante pour mener la guerre au Yémen dans la direction qu’elle souhaite. Tout règlement de la crise devrait donc aboutir à la formation d’un État dont feraient partie intégrante les Houthis », a-t-on appris d’un analyste des questions du Moyen-Orient.
Dans une interview exclusive accordée au laboratoire d’idées américain The American Foreign Policy Council (AFPC), Neil Partrick a déclaré que la force terrestre qu’avait formée la coalition saoudienne à l’aide des contingents terrestres des pays riverains du golfe Persique et des groupes armés locaux yéménites n’était pas assez puissante pour mener la guerre au Yémen dans la direction souhaitée par la coalition.
L’analyste des questions politiques du Moyen-Orient a rappelé que de nouvelles opérations militaires de la coalition saoudienne, destinées à faire reculer les Houthis (Ansarullah) pour ainsi prendre le contrôle du port stratégique de Hodeïda, feraient basculer la guerre dans une phase dangereuse.
« Les Émirats arabes unis, dont les contingents terrestres leur ont permis d’avoir une présence renforcée au Yémen, font cavalier seul. Or, cette coalition a une puissance limitée pour obtenir les résultats qu’elle désire. Ce qui devrait finalement avoir lieu est la formation d’un État composé entre autres des Houthis. À présent, les Émirats arabes unis sont déterminés à s’emparer de Hodeïda. Les États-Unis, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis partagent les mêmes objectifs concernant Hodeïda. Les progrès qu’ont enregistrés les forces soutenues par les Émirats dans certaines régions du Yémen ont persuadé Washington de donner son feu vert au début de la bataille de Hodeïda.
Il se peut que les alliés des Émirats au Yémen puissent obtenir des privilèges stratégiques aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de Hodeida. Soutenus entièrement par les États-Unis et l’Arabie saoudite et en grande partie par le Royaume-Uni et la France, les Émirats nourrissent une ambition dévorante de s’infiltrer dans le nord et dans le sud du Yémen », a indiqué Neil Partrick.
Selon lui, « l’Arabie saoudite n’entend pas déployer une force terrestre au Yémen, mais se soucie pourtant des acquis des Émirats. Elle ne souhaite pas que les Émirats étendent leur présence en mer Rouge et en mer d’Arabie ».
Il a réaffirmé qu’il fallait permettre à toutes les parties impliquées de prendre part aux négociations pour la paix au Yémen. « Les États-Unis, le Royaume-Uni et la France sont parties prenantes au conflit yéménite. L’Iran, lui aussi, devrait prendre part à ces négociations », a-t-il souligné.
L’Arabie saoudite et ses alliés, dont et surtout les Émirats arabes unis, ont lancé, le mercredi 13 juin, une vaste opération militaire destinée à s’emparer du port de Hodeïda, dans l’ouest du Yémen, malgré les avertissements qu’avaient déjà lancés les organisations internationales à propos des conséquences désastreuses qu’aurait cette nouvelle offensive pour le peuple yéménite.
Les opérations militaires d’envergure qu’ont menées, jusqu’ici, les mercenaires pro-saoudiens et pro-émiratis ont toutes été repoussées par les combattants de l’armée yéménite et des Comités populaires.
Hodeida, le deuxième plus grand port du Yémen, se situe sur la côte de la mer Rouge. Il s’agit de la seule voie d’accès maritime du peuple assiégé du Yémen et du seul port par lequel peuvent être acheminées les aides humanitaires.
Source: PressTV