Les attaques anti israéliennes des forces armées yéménites de Sanaa connaissent une importante recrudescence ces derniers jours.
Depuis dimanche, elles ont attaqué et coulé deux navires ayant enfreint la loi sur l’interdiction de passage en mer Rouge des navires en lien avec Israël et tiré un missile en direction des territoires occupés.
A l’aube de ce jeudi, un missile a été tiré depuis le Yémen provoquant le retentissement des sirènes d’alerte dans tout le centre de l’entité de l’occupation et la suspension temporaire du trafic aérien dans l’aéroport Ben-Gourion. L’armée israélienne a annoncé l’avoir intercepté.
Dans la journée, Yahya Saree, porte-parole des forces armées de Sanaa a revendiqué le tir de missile : « Nous avons mené une opération militaire de qualité ciblant l’aéroport de Lod, dans la région de Jaffa, avec un missile balistique Zulfiqar. »
Selon lui, l’opération militaire a atteint son objectif avec succès, et les sirènes d’alerte aérienne ont retenti dans plus de 300 villes. Et Saree de rappeler : « Cette opération représente une victoire pour le peuple palestinien opprimé et ses combattants, ainsi qu’un rejet du crime de génocide commis dans la bande de Gaza. »
Les images du missile dans l’espace aérien ont été diffusées sur les réseaux sociaux.
Le Média de guerre des forces de Sanaa a en outre diffusé les images vidéo de l’attaque contre le navire ETERNITY C, réalisée lundi, et accusé par les forces de Sanaa de « vouloir se rendre vers le port Oum al-Rashrash » (Eilat).
Est entendu l’avertissement lancé en anglais par les forces yéménites à son capitaine, lui demandant de se rendre ainsi que les membres de son équipage, assurant qu’ils ne seront pas en danger. Ils ont été secourus.
Au total, dix membres d’équipage du Eternity C ont été secourus depuis l’attaque du navire lundi, a déclaré Aspides sur le réseau X, après que trois marins philippins et un grec ont été secours en mer. Au total, 25 personnes se trouvaient à bord, selon la mission européenne.
Mardi, l’opération navale a déclaré à l’AFP que trois personnes avaient été tuées et au moins deux blessées, parmi lesquelles un électricien russe qui a perdu une jambe, lors de l’attaque menée par les rebelles yéménites.
Ont également été filmés le tir de missiles sol-mer en direction de ce navire, son explosion à son bord et le cratère qu’il causé, ainsi que les déflagrations causées sur sa carcasse, avant qu’il ne coule progressivement.
L’opération yéménite a été effectuée au moyen d’un sous-marin sans pilote et de 6 missiles de croisière, selon le communiqué des forces de Sanaa.
Dans la vidéo, on peut entendre les slogans scandés par des soldats yéménites : « A mort les USA. A mort Israël… A tes ordres al-Aqsa ».
Al-Massirah avait auparavant diffusé les images de la prise du premier navire Magic Seas, de son bombardement puis de son naufrage. L’opération a été réalisée dimanche.
On peut voir l’incursion de soldats yéménites dans le navire, avant son bombardement et puis son naufrage.

L’agence Reuters a confirmé que les deux navires font partie d’une flotte de sociétés dont les navires accostent dans les ports israéliens.
Le chef du renseignement de la société britannique de gestion des risques maritimes Vanguard Tech a déclaré à l’agence que « tant que le conflit à Gaza se poursuit, les navires affiliés continueront à faire face à des risques accrus dans la mer Rouge. »
Des scénarios qui ne fonctionnent pas
Le quotidien israélien Haaretz a fait part des préoccupations de l’institution militaire israélienne de la poursuite des attaques yéménites anti israéliennes, assurant qu’elle cherche les moyens pour les stopper.
Plusieurs scénarios sont envisagés : « un accord avec le Hamas ou l’Iran qui comprend ouvertement ou tacitement un cessez-le-feu avec le Yémen ; la poursuite des offensives israéliennes contre le Yémen voire de la part d’autres armées éventuellement; ou une opération ambitieuse pour inciter les autorités d’Aden à agir contre les Houthis ».
Depuis la dernière guerre civile au Yémen, ce pays est divisé en deux. Le gouvernement d’Aden est dépendant de l’Arabie saoudite qui avait lancé une offensive de 7 années contre Sanaa , à la tête d’une coalition soutenue par les USA, sans parvenir à déloger Ansarullah. Ce mouvement yéménite dirigé par Abdel Malek Badreddineal-Houthi est farouchement anti américain et anti israélien. Il soutient inconditionnellement la cause du peuple palestinien et mène depuis le 7 octobre 2023 une bataille de soutien à Gaza.
Le scénario considéré être le plus efficace est de parvenir à un accord de cessez-le-feu avec le Hamas à Gaza, de quoi arrêter aussi les attaques yéménites, rapporte Haaretz.
Deux conditions sont régulièrement réitérées par le porte-parole des forces de Sanaa le général Yahia Saree pour stopper ces opérations : l’arrêt de l’offensive contre l’enclave palestinienne victime d’un génocide israélien et la suspension de l’embargo.
Ces forces yéménites avaient suspendu leurs frappes durant les deux mois de cessez-le-feu, janvier et février derniers.
La crainte d’attaques continues dans l’avenir
« Mais les responsables israéliens craignent que ces attaques ne reprennent dans l’avenir et sur le long terme, au cas où la situation explose en Cisjordanie », où l’armée d’occupation mène depuis plus de deux ans et demi des incursions incessantes contre ses localités et villes. Ces incursions se sont multipliés ce derniers mois, notamment dans le nord de la Cisjordanie occupée et certaines villes ont été vidées de leurs habitants palestiniens.
Depuis l’avènement du gouvernement de Netanyahu, la Cisjordanie est dans le collimateur des ministres d’extrême-droite qui prônent sa colonisation et son annexion.
Les responsables israéliens craignent aussi la reprise des attaques yéménites « en raison des affrontements dans la mosquée d’al-Aqsa », selon Haaretz. Plus que Jamais, ce 3eme lieu saint de l’Islam est régulièrement profané par des groupes de colons qui ne cachent plus leurs velléités de le détruire pour construire à sa place le 3e temple de Salomon.
Jusqu’à présent, les offensives militaires israéliennes n’ont pas stoppé les frappes yéménites. La dernière a eu lieu lundi, lorsque l’armée israélienne a bombardé le port de Hodeïda et d’autres zones et les forces de Sanaa ont riposté par des tirs de missiles eux aussi interceptés.
Quoique la majorité écrasante des missiles yéménites sont interceptés, mais ils constituent une source de harcèlement pour Israël, faisant craindre la mort d’Israéliens parfois, l’éventualité qu’ils atteignent leur cible d’autres fois ou les perturbations dans le trafic aérien devenues régulières. Sans oublier qu’ils sèment la panique parmi les Israéliens qui accourent en mlliers vers les abris.
« Les Houthis sont un ennemi qu’il ne faut pas prendre à la légère, ils sont perçus comme un ennemi inconstant, mais ceci est faux », a indiqué au Haaretz un responsable, selon lequel « ils ont des missiles iraniens perfectionnés et chaque tir est accompagné par des experts qui perfectionnent la précision du tir ».
Selon le Yediot Ahronoth, un département spécialement conçu pour le Yémen a été mis au point depuis un an au sein de l’armée israélienne. Le journal rend compte de l’amélioration des informations de renseignement en collaboration avec le Centre du commandement central des forces américaines (Centcom).
Source: Divers