Le site web DEBKAfile, proche des sources de renseignement israéliennes, a fait paraître, le vendredi 2 août, un article où il prétend tenir des sources sûres que Riyad aurait entamé des contacts avec Téhéran dans le sillage d’Abou Dhabi, lequel a envoyé une haute délégation militaire mardi 30 juillet en Iran, après six ans d’animosité.
« Les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite ont entamé des pourparlers secrets avec Téhéran, après avoir attendu en vain pendant deux mois pour que les États-Unis s’attaquent militairement l’Iran en réponse aux raids visant les pétroliers et les installations pétrolières saoudo-émiratis », affirme DEBKAfile en allusion à la frappe au drone yéménite le 14 mai dernier contre le pipeline Est-Ouest en Arabie ou encore aux actes de sabotage particulièrement suspects contre les pétroliers à Fujaïrah et en mer d’Oman, actes de sabotage qui selon les observateurs ont été autant d’opération False flag destinées à justifier une guerre contre l’Iran.
Le site se réfère à « ces sources anonymes » pour rapporter que les « monarchies du golfe Persique, surtout les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite, ont finalement conclu que les objectifs de l’administration Trump ne concordent pas avec les leurs ».
Dans ce droit fil, un responsable à Abou Dhabi aurait même déclaré à DEBKA: « La puissance de dissuasion américaine est trop limitée face à l’Iran et Washington en est à chercher à négocier avec l’Iran. Alors nous n’avons aucun intérêt à participer à une coalition américaine qui dit avoir pour mission d’assurer la sécurité maritime dans le Golfe [Persique, NDLR], mais dont le pouvoir de dissuasion est extrêmement limité. »
Et DEBKA de faire un royal constat d’échec: « L’appel de Donald Trump à créer une coalition navale dans le Golfe [Persique, NDLR] a été soit rejeté, soit ignoré par la plupart des États invités à rejoindre cette coalition. En ce sens, le prince héritier d’Abou Dhabi, cheikh Mohammed ben Zayed Al-Nahyane (MBZ), a été le premier à se distancier des politiques de Donald Trump en faveur d’une initiative indépendante. »
Selon les sources de DEBKAfile, « une délégation émiratie est arrivée à Téhéran le 30 juillet afin de rencontrer les dirigeants iraniens pour la première fois en six ans d’animosité. Les diplomates émiratis ont discuté de la sécurité de la navigation dans le Golfe [Persique, NDLR], le détroit d’Hormuz ainsi qu’à l’entrée de la mer Rouge à travers le détroit de Bab el-Mandeb. Selon nos informations, Abou Dhabi a franchi le premier pas vers une normalisation en retirant ses forces militaires du Yémen et en cédant les îles situées à l’embouchure du détroit de Bab el-Mandeb et une partie de la rive ouest saoudienne à une milice yéménite, dont certains membres étaient jadis associés aux Houthis.»
Dans la suite de l’article, le site proche du renseignement de l’armée israélienne, prévoit un alignement du prince héritier saoudien, Ben Salmane (MBS) sur le virage spectaculaire de son mentor émirati, MBZ : « Selon nos sources exclusives, ces évolutions auraient encouragé Téhéran à laisser la porte ouverte au prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et à lui proposer des pourparlers constructifs comme ceux en cours avec les Émirats arabes unis. Il y a des premiers signes montrant que Mohammed Ben Salmane étudierait sérieusement l’offre iranienne ».
Pour le site israélien ce double lâchage saoudo-émirati sonne d’ores et déjà le glas de la politique de « pression maximale US » contre l’Iran, « faites de menaces de guerre, de sanctions économiques », tout en marquant la victoire iranienne à la fois sur le plan militaire et diplomatique : « Cette volte-face des deux principaux alliés de Washington dans le Golfe [Persique, NDLR] réduit sensiblement les impacts des sanctions de l’administration Trump contre Téhéran. L’Iran a quant à lui réussi à sortir de l’isolement international imposé par les États-Unis. »
La suite de l’article concerne les terribles déboires qui attendent Netanyahu, l’homme qui a fondé ses chances de réélection au mois de septembre sur une guerre ouverte US contre l’Iran ainsi que sur la formation d’une alliance politique et militaire avec l’Arabie saoudite et les Émirats : « Ces évolutions pèsent lourdement sur la politique militariste d’Israël contre l’Iran (en Syrie, en Irak, NDLR) et aussi sur le statut personnel du Premier ministre, Benjamin Netanyahu, alors qu’il dirige son parti Likoud dans une campagne préélectorale dont les éléments essentiels sont le partenariat stratégique avec Trump et ses liens avec les monarchies arabes et ce, au détriment de Téhéran. Le revirement des monarchies arabes pourrait mettre le Premier ministre israélien sur la sellette. Il devra alors expliquer pourquoi Israël est la seule partie, dans la région, qui souhaite une confrontation militaire avec l’Iran et pourquoi il a perdu le soutien de Washington, de Riyad ou d’Abou Dhabi et tous à la fois. Son option la plus probable serait alors de vanter des aspects économiques et techniques des liens qu’il a développés avec les pays du Golfe [Persique, NDLR]. Mais est-ce suffisant pour gagner? », a ajouté le site.
Source: Avec PressTV