Avec l’annonce de la formation du gouvernement libanais dimanche soir, Saad Hariri devient le premier ministre du premier gouvernement du mandat du président Michel Aoun.
Il prendra la tête d’un gouvernement où sont représentés la majorité de ses adversaires, qu’il qualifie de « provocateurs ». De plus, Hariri n’a pas réussi à recueillir le tiers du blocage, bien qu’il possède le plus grand bloc parlementaire au Parlement libanais.
Dans ce nouveau gouvernement, le Hezbollah et ses alliés, dont le courant patriotique libre, ont recueilli 17 ministres, et deux ministres « centristes » de la rencontre démocratique dirigée par le député Walid Joumblatt.
Hariri cherche depuis des semaines à retourner au pouvoir à tout prix, convoitant une certaine immunité face aux plaintes juridiques qui le visent en Arabie Saoudite.
Après avoir soutenu Hariri pendant des années, Riyad a fini par l’abandonner à son sort et à sa faillite financière.
Les précédents revers
En effet, il ne s’agit pas de l’unique revers de Saad Hariri.
Suite à plusieurs années d’accusations politiques contre la Syrie dans l’affaire de l’assassinat de son père, il s’était précipité à Damas pour y rencontrer le président Bachar el-Assad.
Est venu ensuite le tour du Hezbollah accusé dans la même affaire. Mais après des années de tentative de sédition entre sunnites et chiites, Hariri a réalisé que la seule issue à la crise demeure le dialogue et la participation avec le Hezbollah.
Par ailleurs, après avoir longtemps défendu la candidature du chef des Forces Libanaises Samir Geagea à la présidence, il a changé de cap en nommant l’an dernier l’ancien ministre Sleimane Frangiyeh, pourtant connu pour sa proximité avec Damas et le Hezbollah.
Et comme celui qui choisit Frangiyeh, ne devrait avoir aucun problème avec la candidature du général Michel Aoun, l’unique candidat du Hezbollah, Hariri a fini par faire croire aux Saoudiens que l’adoption de ce dernier l’éloignera du Hezbollah, et le rapprochera de leur royaume.
Aujourd’hui, il s’avère que les rêves de Hariri n’étaient que des illusions futiles.
Même durant les tractations pour la formation du gouvernement, Hariri a dû accepter dans le nouveau gouvernement, malgré lui Yaacoub Sarraf et Salim Jreisaty, proches de l’ancien chef d’Etat Emile Lahoud .
Il a dû aussi accepter la présence dans le gouvernement d’un représentant du parti socialiste nationaliste syrien et du député Talal Erslan.
Pourquoi toutes ces concessions ?
Plusieurs facteurs expliquent les concessions successives par Saad Hariri.
Premièrement, la conjoncture régionale défavorable.
Deuxièmement, sa situation financière qui se dégrade de plus en plus après le verdict prononcé par le tribunal d’appel de Riyad. Ceci autorise le plaignant de saisir son avion personnel s’il atterrit dans un aéroport d’Arabie.
Troisièmement, la ténacité du président Michel Aoun qui est resté inflexible jusqu’au au dernier moment.
Durant les dernières heures qui ont précédé l’annonce du gouvernement, Hariri a tenu plusieurs rencontres avec le ministre des Affaires étrangères Joubran Bassil pour finaliser la composition du gouvernement. Il a été convenu de débattre d’une loi électorale convenable.
Les trois chefs de l’exécutif et du législatif se sont mis d’accord pour préparer la déclaration ministérielle dans un court laps de temps.
De même source on indique que le climat à Baabda était « très positif » surtout entre le chef du Parlement Nabih Berri et Joubran Bassil. Celui-ci a assuré à Hariri que le courant patriotique compte « conforter le Premier ministre et l’aider à réussir sa mission. Mais il a insisté que la formation d’un gouvernement de 30 ministres nécessite d’octroyer au président de la République un quota de cinq ministres ».
Traduit à partir d’al-Akhbar
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