L’installation par l’Iran de trois centrifugeuses avancées à Natanz (centre), principal site d’enrichissement d’uranium du pays, est « profondément préoccupante », soulignent lundi la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni, alors que le prochain président américain semble prêt au dialogue sur le nucléaire iranien.
Selon les termes de l’accord sur le nucléaire iranien signé en 2015 à Vienne (JCPoA), que Paris, Berlin et Londres s’efforcent de préserver, depuis le retrait des Etats-Unis, l’Iran n’est pas autorisé à utiliser des centrifugeuses aussi perfectionnées.
Pour les Iraniens, le désengagement des Américains et les sanctions qu’ils ont réimposées à leur pays justifie le leur, d’autant que les Européens n’ont pu respecter leurs engagements de contourner ces sanctions via leur programme Instex qui n’a jamais vu le jour. Un an après le retrait américain de l’accord, Téhéran s’est désengagé de la plupart de ses engagements clef pris à Vienne.
Dans un communiqué conjoint, les Européens appellent Téhéran à ne pas « mettre en péril l’importante opportunité de revenir à la diplomatie que représente l’arrivée de la nouvelle administration américaine » sous la présidence de Joe Biden, qui a exprimé sa volonté de réintégrer les Etats-Unis à l’accord de Vienne.
Les porte-paroles des ministères des Affaires étrangères français, allemand et britannique expriment en outre leur « vive préoccupation » après l’adoption par le Parlement iranien d’une loi sur la question nucléaire qui, « si elle est mise en œuvre, se traduira par un développement important du programme d’enrichissement de l’Iran et par une capacité d’accès réduite de l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique) ».
Selon les médias iraniens, le texte enjoint le gouvernement à prendre immédiatement des dispositions pour produire et stocker au « moins 120 kilogrammes par an d’uranium enrichi à 20% » et l’appelle à « mettre fin » aux inspections de l’AIEA.
Toutefois, pour être promulguée, cette loi doit encore être signée par le président iranien Hassan Rohani, qui s’y est dit opposé.
« Si l’Iran souhaite sérieusement préserver un espace pour la diplomatie, il ne doit pas mettre en œuvre ces mesures », concluent les trois pays européens, en soulignant qu' »un retour au JCPoA aurait également des bénéfices pour l’Iran ».
Le président américain Donald Trump a sorti son pays de l’accord de Vienne en mai 2018, avant de rétablir des sanctions ayant plongé la République islamique dans une violente récession. Il n’a pu toutefois obtenir de l’Iran les concessions auxquelles il aspirait. Celles surtout liées à l’inclusion de l’interdiction du programme balistique dans le cadre de l’accord. Durant les négociations qui avaient précédé la conclusion de l’accord, le guide suprême l’imam Ali Khamenei avait rejeté fermement les tentatives des négociateurs occidentaux de l’y inclure.
La semaine passée, le ministre allemand des Affaires etrangères Heiko Mass a évoqué la nécessité d’élagir l’accord pour ce fait.
«Nous avons des attentes claires à l’égard de l’Iran : pas d’armes nucléaires mais pas non plus de programme de missiles balistiques qui menace toute la région… En outre l’Iran doit jouer un autre rôle dans la région », a-t-il dit lors d’une interview avec le Der Spiegel.
Source: Divers