Rien ne va plus entre l’AIEA et l’Iran depuis son dernier rapport basé sur une affaire vieille de 19 ans. Et Téhéran accuse des renseignements israéliens tenus en secret sur lesquels il s’est basé.
L’Agence internationale de l’énergie atomique par la voix de son directeur général, Rafael Grossi y a dénoncé « l’absence de réponses satisfaisantes » et « techniquement crédibles », concernant des traces d’uranium enrichi sur trois sites non déclarés. Une affaire qui remonte à 2003.
Depuis un texte a été élaboré par les Etats-Unis et l’E3 (Royaume-Uni, France et Allemagne) exhortant Téhéran à « coopérer pleinement » avec l’AIEA.
Il sera proposé aux 35 Etats membres du Conseil réuni jusqu’à vendredi prochain pour voter une résolution critique.
De son côté, l’Iran a promis une riposte « immédiate », mettant en garde contre une initiative « non constructive”.
« Ceux qui poussent à une résolution anti-Iran devront en assumer les conséquences », a insisté dimanche sur Twitter le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian.
Ce lundi 6 juin, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Saïd Khatibzadeh a indiqué que le rapport « s’est basé sur des allégations sionistes et aura un impact négatif sur les relations entre l’AIEA et son pays ».
Interrogé par la télévision iranienne arabophone al-Alam, l’expert stratégique iranien Hadi Mohamadi estime que les informations fournies à l’Agence internationale devraient être publiques et non gardées au secret.
Assurant que les dernières demandes de l’AIEA sont basées sur des informations israéliennes, il a indiqué qu’il y a eu 14 rapports dans lesquels l’AIEA assure que les activités nucléaires en Iran étaient pacifiques.
A la question de savoir pourquoi l’Iran refuse les visites des inspecteurs de l’agence dans ses sites nucléaires, M. Mohamadi a précisé que depuis le retrait américain de l’accord, et compte tenu des articles 26 et 36 de cet accord, l’Iran peut prendre des mesures de rétorsion, d’autant que les Américains ont réimposé des sanctions contre son pays.
Cette escalade intervient au moment où les négociations sur le retour à l’accord nucléaire sont au point mort.
Les Etats-Unis refusant de donner des garanties qu’ils ne se retireront pas de l’accord, une nouvelle fois, une fois qu’il sera conclu, comme cela s’est passé en 2018 avec l’ex-président républicain Donald Trump, entraînant un délitement de l’accord.
L’AFP, quant à elle met de l’avant que les Iraniens refusent que le Corps de gardiens de la révolution soit maintenu dans la liste des organisations terroristes.
Mais le porte-parole de la Commission iranienne de sécurité nationale, Mahmoud Abbaszadeh Meshkini, a pour sa part exclu que l’AIEA veuille jouer sa crédibilité en votant une résolution contre l’Iran. Soulignant que l’Occident sait que de telles décisions ne sont pas contraignantesrappelant que la coopération de l’Iran avec l’Agence s’est toujours basée sur des protocoles comme personne des États membres.
Selon lui, certains pays européens, sous la pression du lobby sioniste, conduisent l’AIEA dans une direction dangereuse.
Les occidentaux reprochent à la République islamique de s’affranchir chaque jour un peu plus de ses engagements nucléaires, tout en restreignant sa collaboration avec l’instance onusienne, chargée de s’assurer du caractère pacifique de son programme.
D’après les dernières estimations de l’AIEA, elle dispose désormais de 43,1 kg d’uranium enrichi à 60%.
« Une quantité qui, si elle est enrichie à 90%, est suffisante pour construire une bombe sous 10 jours », dans le pire des scénarios, avertit Clément Therme, chercheur associé à l’Institut international d’études iraniennes (Rasanah) et spécialiste de la prolifération.
La Russie et la Chine ne semblent pas favorables au vote du Connseil des gouverneurs de l’AIEA: un tel vote pourrait « entraver » les pourparlers de Vienne, ont abondé Pékin et Moscou.
Source: Divers