La délégation iranienne va partir à Vienne en Autriche pour reprendre les discussions sur le sujet nucléaire.
«Dans le cadre de la politique de levée des cruelles sanctions contre notre pays, l’équipe dirigée par Ali Bagheri, le négociateur en chef de la République islamique, partira pour Vienne dans quelques heures», a déclaré le 3 août le porte-parole du ministère iranien, Nasser Kanani, dans un communiqué, cité par l’AFP.
En route vers la capitale autrichienne, le négociateur en chef iranien Ali Bagheri a appelé les États-Unis à «saisir cette occasion (…) pour agir de manière responsable». Les entretiens doivent se dérouler au palais Cobourg, lieu des pourparlers, sous l’égide du coordinateur de l’Union européenne Enrique Mora, chargé de faire la navette avec la délégation américaine.
L’émissaire de Washington, Robert Malley, également attendu à Vienne, loge en effet habituellement dans un autre hôtel du quartier, Téhéran ne souhaitant pas de contact direct.
Les pourparlers entamés à Vienne entre l’Iran et les grandes puissances pour relancer l’accord international sur le nucléaire iranien de 2015 sont au point mort depuis mars, après plus d’un an de discussions.
Fin juin, le Qatar a organisé à Doha des pourparlers indirects entre l’Iran et les Etats-Unis, qui se sont désengagés unilatéralement de l’accord en 2018, dans l’espoir de remettre le processus de Vienne sur les rails, mais ces discussions ont été interrompues au bout de deux jours sans aucune percée.
Le 26 juillet, le chef de la diplomatie européenne et coordinateur pour le dossier du nucléaire iranien, Josep Borrell, avait soumis un projet de compromis et a appelé les parties engagées dans les pourparlers à l’accepter pour éviter une «dangereuse crise».
Téhéran s’était déclaré le 1er août «optimiste» sur la reprise des discussions sur le dossier nucléaire iranien après l’examen d’un projet de compromis soumis fin juillet par l’Union européenne et destiné à débloquer la situation.
«Dans ce cycle de pourparlers, qui se déroulera comme auparavant avec la coordination de l’UE, des discussions seront menées au sujet des idées présentées par les participants, notamment celles présentées cette semaine par l’Iran à l’autre partie», a ajouté Nasser Kanani.
Selon le communiqué, il a exprimé l’espoir d’une résolution de la situation par «les parties adverses en prenant les décisions nécessaires et en se concentrant sérieusement sur les problèmes restant à résoudre».
Trois obstacles
Parmi les obstacles qui demeurent, la levée des sanctions contre les Gardiens de la révolution, l’armée idéologique de la République islamique. Mardi, John Kirby, le porte-parole de la Maison Blanche pour les questions stratégiques, a réitéré le refus du président américain de les retirer de la liste des organisations terroristes «dans le cadre de ces pourparlers».
Téhéran réclame par ailleurs des garanties au cas où le successeur de Joe Biden revienne sur la parole donnée, ainsi que la clôture d’une enquête de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
Le pacte connu sous son acronyme anglais JCPOA vise à garantir le caractère civil du programme nucléaire de l’Iran.
A la suite du retrait unilatéral en 2018 des États-Unis sous l’impulsion de Donald Trump et du rétablissement des sanctions américaines, Téhéran s’est progressivement affranchi de ses obligations. L’Iran a ainsi dépassé le taux d’enrichissement d’uranium de 3,67% fixé par le JCPOA, montant à 20% début 2021. Puis il a franchi le seuil inédit de 60%.
Dans cette course technologique, Téhéran a aussi multiplié le nombre de centrifugeuses. Rien que cette semaine, de nouvelles machines ont commencé à être alimentées sur le site de Natanz et plusieurs centaines d’autres ont été installées, selon un rapport remis mercredi par l’AIEA aux États membres.
«Le programme va très, très vite (…), grandissant en ambition et en capacité», a dit la veille Rafael Grossi, le directeur général de l’Agence.