Au milieu des assassinats de l’armée israélienne et de la terreur semée par les colons, les Palestiniens se rallient à la résistance armée dans une démonstration de mobilisation de masse spontanée qui n’a pas été vue depuis des décennies.
Le raid sur Naplouse, l’un des plus sanglants de ces derniers mois, visait à assassiner des résistants recherchés de La Tanière des Lions, Muhammad Juneidi et Hussam Isleem. Les forces spéciales israéliennes les ont tués ainsi que leur camarade, Walid Dakhil, cousin de l’un des cofondateurs du groupe.
Quatre autres combattants des groupes de résistance armée des environs de Naplouse ont également été tués dans les combats, ainsi que quatre passants dans la ville (trois hommes âgés et un adolescent).
Naplouse était en deuil, et La Tanière des Lions a lancé un appel demandant à la population de manifester son soutien à minuit, le 23 février :
« Ne désespérez pas et ne cédez pas au chagrin, nous avons besoin de vous tous, comme vous nous y avez habitués… pour descendre dans la rue si vous le pouvez, de sortir sur toutes les grandes places, dans toutes les villes de Cisjordanie, de Jérusalem, de la bande [de Gaza] bien-aimée, et dans tous les camps de réfugiés de la patrie, pour entendre ceux qui ont promis fidélité au sang versé. »
Tout le monde a répondu à l’appel des Lions. De Ramallah à Hébron, à Naplouse et à Jénine, à Bethléem et ses camps, à Tulkarem et à Jéricho, les gens sont sortis par milliers à minuit, dans une manifestation de soutien massif inconnue de toutes les factions politiques palestiniennes.
Ni le Fatah ni aucune autre faction n’a été capable de rassembler ce type de soutien de masse spontané depuis la première Intifada. Il est devenu évident que la légitimité politique ne se trouve pas dans les salles des rendez-vous au sommet ni dans les accords de sécurité, mais qu’elle jaillit du canon d’un fusil lorsqu’il est pointé vers le colonisateur.
En d’autres termes, le Repaire aux Lions a capté l’imagination des Palestiniens d’une manière que les « dirigeants » politiques n’ont pas réussi à faire depuis des décennies. Qui plus est, cette élite a depuis longtemps cessé d’imaginer pouvoir y parvenir.
Pourtant, elle reconnaît son emprise de plus en plus faible sur les cantons de Cisjordanie qu’elle appelle un État, ce qui l’a poussée à participer à une réunion organisée par la Jordanie avec de hauts responsables israéliens à Aqaba le dimanche 27 février.
Annoncé comme visant à « mettre fin à l’effusion de sang », selon le Fatah, le sommet d’Aqaba a été organisé dans le but exprès de calmer la tempête de la résistance palestinienne.
Le même jour où se tenait le sommet, un Palestinien armé non identifié a mené une attaque contre un véhicule de colons dans la ville palestinienne de Huwara, au sud de Naplouse. Deux colons ont été tués, et le Sommet d’Aqaba est mort-né.
Les Palestiniens ont vu dans cette attaque une réplique à l’invasion de Naplouse, tout comme la fusillade de Khairi Alqam à Neve Yaacov, considérée comme une réplique pour le massacre de Jénine il y a plusieurs semaines.
Selon Reuters, l’un des colons tués à Huwara faisait partie de l’armée israélienne, et les deux colons seraient originaires de la colonie israélienne de Har Bracha, située à 8 km du site où ils ont été tués.
Har Bracha est l’une des nombreuses colonies israéliennes notoirement violentes de la région de Naplouse, d’où les colons israéliens lancent régulièrement des attaques contre les Palestiniens.
Et c’est précisément ce que les colons ont fait après la fusillade d’hier à Huwwara.
L’émeute des colons a été largement décrite comme un « pogrom », et ce à juste titre. Les gangs de colons enragés se sont déchaînés à Huwara et dans de nombreuses autres villes de Cisjordanie, brûlant complètement 35 maisons palestiniennes, en endommageant 40 autres, et tuant un Palestinien à Zaatara, Sameh Aqtash, âgé de 37 ans.
Pendant tout ce temps, l’armée israélienne accompagnait les colons en quête de sang, assurant leur sécurité et leur liberté de lyncher et de brûler à leur guise.
Les forces israéliennes ont également imposé un bouclage de la région de Naplouse, l’agence de presse Wafa ayant signalé des bouclages aux postes de contrôle de Huwara, Awarta, la route d’al-Muraba’a, Za’tara et les entrées de Beita.
Lundi 27 février, Wafa a rapporté qu’un colon israélien a tenté d’écraser un groupe de journalistes qui couvraient l’actualité à Huwara.
Le ministre des Finances d’extrême droite, Bezalel Smotrich, qui est maintenant en charge de l’administration civile en Cisjordanie, a apprécié un tweet du chef adjoint du Conseil régional de Samarie qui appelait à « effacer » le village de Huwara (voir le tweet de Edo Konrad du 972), tandis que son compagnon politique et ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, rendait visite à l’avant-poste illégal des colons d’Evyatar lundi – alors qu’il était en cours d’expulsion – jurant d’« écraser nos ennemis » et déclarant que les colons sont dans un état de guerre qui « ne va pas se terminer en un jour ».
En cela, Ben-Gvir a raison. La guerre perpétuelle des sionistes contre les Palestiniens est aussi vieille que le sionisme lui-même, tout comme la résistance palestinienne.
Et alors que nous écrivons ces mots, des rapports nous parviennent sur la mort d’un colon israélien dans une autre opération de la résistance à Jéricho.
Source : MondoWeiss via Chronique de Palestine