Le ministre américain de la Défense Lloyd Austin est arrivé mardi à Bagdad pour « réaffirmer le partenariat stratégique » entre les Etats-Unis et l’Irak, lors d’une visite surprise à la veille des vingt ans de l’invasion américaine qui renversa Saddam Hussein.
Le 20 mars 2003 les troupes américaines avaient lancé leur invasion, sans autorisation des Nations Unies, ni du Conseil de sécurité. Avec le soutien de la Grande Bretagne.
L’invasion avait ouvert l’une des pages les plus sanglantes de l’histoire irakienne, avec des centaines de milliers de victimes, marquée par des années de conflits et d’instabilité politique.
« Atterrissage à Bagdad. Je suis ici pour réaffirmer le partenariat stratégique entre les Etats-Unis et l’Irak au moment où nous allons vers un Irak plus sûr, stable et souverain », a déclaré Lloyd Austin sur son compte Twitter.
Bagdad conserve des liens très forts avec Washington, notamment sur le plan militaire, d’autant que ce sont les américains qui se sont arrogés la reconstruction de l’Etat d’Irak et de son armée. Ce qui n’a pas empêché cette dernière de s’effondrer lors de l’invasion en 2014 de Daech, qui a pris Mossoul et d’autres régions irakiennes et y a proclamé son Etat.
L’intervention iranienne à travers des conseillers de la force al-Qods du Corps des gardiens de la révolution a joué un rôle décisif pour faire avorter ce projet, via la création des forces de mobilisation populaires Hachd al-Chaabi, suite à la promulgation du décret de la plus haute référence le grand ayatollah Sayed Ali Sistani.
Des troupes américaines sont encore déployées en Irak avec pout motif affiché de lutter contre les jihadistes de Daech.
Ils sont surtout accusés d’utiliser la menace de Daech pour perpétuer leur mainmise sur ce pays riche en hydrocarbures et à la position géographique stratégique.
La contribution américaine dans l’édification de l’Etat irakien a été un grand fiasco, le pays souffrant encore d’infrastructures en déliquescence et d’une corruption endémique. Le pays est aussi en proie à une instabilité politique chronique marquée par des changements de Premier ministres: l’actuel Premier ministre Mohamed Chia al-Soudani, choisi par les partis pro-Iran majoritaires au Parlement, a été nommé fin 2022 au terme d’une année de tractations interminables. Le précédent, Moustafa Kazimi avait été choisi par les parties pro américaines.
Fin 2021, en réaction à l’assassinat du numéro deux du Hachd al-Chaabi Abou Mahdi al-Mohandes au côté du chef de la force al-Qods le général Qassem Soleimani, le gouvernement irakien a annoncé la « fin de la mission de combat » et réclamé le retrait de toutes forces étrangères dont américaines.
Mais ces dernières sont restées déployées sur le sol irakien avec pour prétexte de poursuivre un rôle de formation et de conseil.
Selon l’AFP, la visite de M. Austin intervient dans le cadre d’une tournée régionale au Moyen-Orient entamée en Jordanie, où le chef du Pentagone s’est entretenu avec le roi Abdallah II.
Selon un communiqué du Pentagone, les deux hommes « ont discuté d’une série d’inquiétudes communes, notamment la sécurité en Irak voisin, et le flux illégal de stupéfiants dans la région », un dossier qui concerne également l’Irak, devenu un pays de transit pour le captagon et le crystal meth, d’après l’AFP.
L’ambassadrice américaine à Bagdad Alina L. Romanowski rencontre très régulièrement les dirigeants irakiens et cette semaine encore elle saluait la « relation forte » entre Washington et Bagdad.
Bagdad a été ces dernières semaines le théâtre d’une intense activité diplomatique. Les dirigeants irakiens ont successivement reçu les chefs de la diplomatie d’Arabie Saoudite, d’Iran et de Russie, avant la visite début mars du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.
Le patron de l’ONU a salué le rôle « central » de l’Irak pour la « stabilité régionale » et « l’engagement du gouvernement pour faire progresser le dialogue et la diplomatie », Bagdad ayant lancé une médiation inédite entre l’Iran et l’Arabie Saoudite, les deux grands rivaux régionaux.
Si aujourd’hui ces pourparlers piétinent, ils ont donné lieu à plusieurs rencontres fructueuses entre de hauts responsables des deux pays.
Source: Divers