Vladimir Poutine a validé une nouvelle vision de la politique étrangère de son pays, tenant compte des transformations du jeu international. Une conception faisant la part belle à «un ordre mondial plus équilibré», selon Sergueï Lavrov.
«Les transformations radicales survenues dans la situation internationale nous ont obligés à apporter de sérieuses modifications aux documents clés de planification stratégique. Parmi eux, la conception de la politique étrangère de la Fédération de Russie, qui définit les principes, les objectifs et les priorités de la diplomatie».
S’exprimant le 31 mars lors d’une réunion en visioconférence du Conseil de sécurité nationale, Vladimir Poutine a annoncé avoir signé un décret validant «la conception de la politique étrangère de la Fédération de Russie réactualisée», version 2023
«Le ministère des Affaires étrangères, en coordination avec l’administration présidentielle, le Conseil de sécurité, le gouvernement et de nombreux ministères et départements, a réalisé un travail d’envergure et minutieux pour la mettre à jour et la conformer aux réalités géopolitiques actuelles», a expliqué le chef d’Etat, ce travail trouvant sa concrétisation dans un document de plus de 40 pages.
Les Etats-Unis, «principal instigateur et auteur de la ligne antirusse»
Selon le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, également présent lors de la réunion du Conseil de sécurité, ce nouveau document constate notamment «l’existence de tensions internationales sans précédent dans la dernière décennie», et «reconnaît que les actions des pays hostiles constituent des menaces existentielles à la sécurité et au développement de notre pays».
Les Etats-Unis, relève le chef de la diplomatie, sont qualifiés dans ce document «sans détour de principal instigateur et d’auteur de la ligne antirusse».
Les actions des pays hostiles constituent des menaces existentielles à la sécurité et au développement de [la Russie]
De façon générale, «la politique des Occidentaux visant à affaiblir la Russie sur tous les plans est caractérisée comme guerre hybride d’un nouveau type», a ajouté Sergueï Lavrov.
La nouvelle stratégie de politique étrangère russe repose sur le principe que «les mesures antirusses prises par les pays inamicaux seront constamment combattues, avec sévérité si nécessaire», a-t-il également précisé.
Pour autant, note l’ambassade de Russie en France dans une publication sur Telegram concernant ce document, «la Russie ne se considère pas comme un ennemi de l’Occident et ne s’en isole pas».
«Elle s’attend à ce que les pays occidentaux se rendent compte de l’inutilité d’un conflit avec Moscou et qu’ils acceptent la multipolarité», ajoute-t-elle.
Vers un «ordre mondial plus équilibré et plus équitable»
Selon le ministre des Affaires étrangères également, le nouveau document expose la vision russe «des principes d’un ordre mondial plus équilibré et plus équitable».
Cette vision prend notamment en compte la «refonte structurelle majeure» de l’économie mondiale et« la redistribution du potentiel de développement au profit de centres émergents de croissance».
La formation d’un ordre mondial multipolaire, selon Sergueï Lavrov, constitue une tendance clé des relations internationales modernes.
L’adoption de cette version actualisée de la vision de la politique étrangère russe fait écho à la rupture entre Moscou et les pays occidentaux, qui s’est accentuée depuis le lancement de l’offensive russe contre l’Ukraine.
Washington et ses alliés ont notamment mis en place de lourdes sanctions économiques contre Moscou, qui les accuse en outre de lui livrer une guerre par procuration en Ukraine, entre autres en livrant des armes à Kiev.
Dans ce contexte, la Russie a poursuivi le renforcement de ses liens économiques et stratégiques avec des puissances extra-occidentales telles que la Chine ou l’Inde.
Source: Avec RT