Un siècle après la fondation de sa République, une Turquie profondément divisée a commencé, ce dimanche 14 mai, à se rendre aux urnes pour choisir son nouveau président et renouveler son parlement.
Les bureaux de vote ont ouvert comme prévu à 08H00 (05H00 GMT) à Istanbul et Ankara, ont constaté les journalistes de l’AFP, confirmés par les médias turcs.
Polarisé entre les deux principaux candidats, le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan, 69 ans, au pouvoir depuis vingt ans, et son adversaire Kemal Kiliçdaroglu, 74 ans, à la tête d’un parti social-démocrate et laïque CHP, le pays doit accorder à l’un des deux au moins 50% des voix plus une pour assurer sa victoire au premier tour.
64 millions d’électeurs, qui éliront aussi leur Parlement, sont inscrits à travers ce pays de 85 millions d’habitants, traditionnellement assidu aux urnes avec des taux de participation supérieurs à 80%.
Les derniers sondages laissent présager une course très serrée entre ces deux prétendants, avec un léger avantage pour le leader de l’opposition, qui présente pour la première fois un front uni.
Un troisième candidat, Sinan Ogan, est crédité de quelques points.
Kiliçdaroglu, le chef du CHP de Mustafa Kemal Atatürk, fondateur de la Turquie moderne, emmène une coalition de six partis balayant large, de la droite nationaliste au centre-gauche libéral; il a en outre reçu le soutien du parti prokurde HDP, troisième force politique du pays.
En 2018, lors de la dernière présidentielle, le chef de l’Etat l’avait emporté au premier tour avec plus de 52,5 % des voix. Un ballotage, qui obligerait à un second tour le 28 mai, constituerait donc déjà pour lui un revers.
Transition pacifique
Erdogan a promis de respecter le verdict des urnes, surveillées par des centaines de milliers de scrutateurs des deux camps, dont il a toujours tiré sa légitimité.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan acceptera le résultat du vote de dimanche et se retirera s’il le perd, a-t-il assuré vendredi, réfutant les inquiétudes selon lesquelles il pourrait ne pas quitter le pouvoir.
« C’est une question très ridicule […]. Nous arrivons au pouvoir par des moyens démocratiques en Turquie […]. Si notre nation en décide autrement, je ferai ce que la démocratie exige, il n’y a rien d’autre à faire », a déclaré le président turc à la télévision vendredi en fin de journée, en réaction à la question de savoir s’il s’accrocherait au pouvoir.
Son bloc respectera « tous les résultats qui sortiront des urnes », a ajouté M. Erdogan.
Après 20 ans à la tête de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan est confronté à son test électoral le plus difficile dans un contexte de ressentiment de la population face aux difficultés économiques, à la gestion des importants tremblements de terre de février et aux quelque 3,5 millions de réfugiés syriens.
Erdogan et Kiliçdaroglu voteront à la mi-journée, le premier à Istanbul, le second à Ankara. Tous deux attendront dans la capitale la proclamation des résultats.
Les bureaux de vote fermeront à 17H00 (14H00 GMT). Les premières estimations officielles sont attendues quatre heures plus tard.