Tout le monde attend la visite du nouvel « envoyé spécial » du président français Emmanuel Macron pour le Liban, Jean-Yves Le Drian, qui arrivera à Beyrouth mercredi prochain.
Dans les médias libanais, on rapporte que sa visite est sans aucun doute liée au contentieux présidentiel paralysée depuis fin octobre 2022.
La 12eme session parlementaire tenue le 14 juin dernier a été incapable de mener à bien cette élection. Elle s’est clôturée à la fin de son premier tour par 59 voix pour le candidat des partis chrétiens Jihad Azour, et 51 pour celui du tandem chiite Hezbollah/Amal, Sleiman Frangiyé et la suspension du second tour faute de quorum. Les députés de ce dernier ayant quitté la salle.
On croit deviner aussi que l’envoyé français ne transmettra pas d’initiative française à proprement parler mais entamera des discussions avec des responsables politiques en lien avec le dossier de l’élection du président de la République. Il écoutera plus qu’il ne parlera, croient certains observateurs.
Dès mercredi, il rencontrera au Palais des Pins les responsables et les dirigeants des différents partis politiques, de quoi rappeler la réunion convoquée par le président français Emmanuel Macron au lendemain de l’explosion du Port de Beyrouth.
Ultérieurement, d’après les sources d’an-Nahar, il va également rencontrer les candidats Sleiman Frangiyé, Jihad Azour, Ziad Baroud ainsi que le commandant de l’armée Joseph Aoun, dont la candidature serait soutenue par les Américains. Des rencontres avec les ambassadeurs du groupe des Cinq, qui compte en plus de la France, les Etats-Unis, l’Arabie saoudite, le Qatar, et l’Egypte figurent dans son carnet de rendez-vous.
D’après le journal al-Akhbar, ce sera une visite de reconnaissance pour scruter les différents points de vue des blocs parlementaires et des responsables qu’il va rencontrer.
« On saura toutefois lorsque Le Drian atterrira à Beyrouth la vérité de la position française si elle est toujours attachée à ‘la solution réaliste’ telle qu’elle est décrite par les français ou s’ils vont avoir une nouvelle proposition compte tenu des résultats qui ont découlé des dernières élections », a écrit le journal proche du camp du 8-mars. A certains moments, les médias rapportaient le soutien de Paris à la candidature de Frangiyé.
Pour sa part, le journal libanais al-Bina, également du même camp, évoque « un ragoût présidentiel qui se prépare à feu froid, dans le cadre d’un règlement politique intérieur et extérieur fondé sur un panier qui inclut les échéances de la présidence républicaine, d’un Premier ministre et des membres du gouvernement, du gouvernorat de la Banque du Liban, et des dirigeants des services sécuritaires et militaires ».
Le quotidien dirigé par le rédacteur en chef Nasser Qandil, croit deviner que ce règlement pourrait prendre du temps supplémentaire, pouvant s’étendre jusqu’à la fin de l’année, en raison des complications régionales et internationales liées au dossier libanais.
Selon le quotidien an-Nahar, la visite de Le Drian au Liban va responsabiliser les différents protagonistes libanais car en les écoutant il sera « très franc avec eux jusqu’au point de l’audace » pour leur faire comprendre « qu’il dépendra d’eux que les pays intéressés, parrains et soucieux de sortir de la crise présidentielle et de soutenir le peuple libanais gardent le même niveau d’intérêt ».
Pour ce journal proche du 14 mars, il est exclu que l’envoyé français rapporte les tendances liées aux noms de candidats dont il est question ces jours-ci.
Le journal al-Joumhouriyat, plutôt centriste, évoque pour sa part un coup pouce au dossier présidentiel tout en admettant que « la solution n’est pas encore mure tant qu’elle est laissée aux acteurs internes et qu’il n’y a aucune décision de la part des Iraniens et des Saoudiens pour y interférer ».
Le quotidien assure que le dossier présidentiel libanais ne figurait pas en tête des priorités des discussions à l’Élysée la semaine passée entre le président français et le prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane.
Mais c’est surtout à Téhéran qu’il s’est invité en force, estime le journal, lors de la visite du ministre saoudien des Affaires étrangères pour l’ouverture de l’ambassade.
De retour à Riyad, Fayçal ben Farhane s’est arrêté la nuit à Paris pour rencontrer le duo français concerné par le dossier libanais, Bernard Emie et Patrick Dorrell. Il est donc probable que cette rencontre sera liée à ce que Le Drian apportera à Beyrouth, flaire al-Joumhouriya.
Source: Divers