Pas question pour le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu de renoncer à sa réforme judiciaire controversée quand bien même elle a soulevé un mouvement de contestation sans précédent dans l’histoire de l’entité sioniste. Qui de surcroit divise l’armée en plus de la population.
Spécifiquement gêné par le ralliement à ce mouvement de ses réservistes lesquels menacent de ne plus servir si elle est adoptée, il fait de plus en plus signe d’impatience et semblent pencher pour renoncer à eux.
La semaine passée, selon le Yedioth Ahronoth, il aurait déclaré la à des confidents qu’Israël peut survivre « sans quelques escadrons ».
L’armée doit être subordonnée
De retour lundi 17 juillet d’un week-end d’hospitalisation, il a tenu des propos qui laissent présager qu’en plus du contrôle du pouvoir judiciaire par le gouvernement, il compte imposer un contrôle de l’armée.
Il a déclaré qu’il n’accepterait pas l’insubordination et qu’il agirait contre cela en prenant toutes les mesures nécessaires pour assurer l’avenir de l’entité sioniste.
Selon lui, tous se battent « pour qu’Israël reste un État juif et démocratique », mais « nous ne sommes pas d’accord sur la manière de procéder ».
S’adressant aux manifestants, il a déclaré : « A tous ceux qui agitent le drapeau de la démocratie, je voudrais dire quelques mots sur la démocratie : dans une démocratie, l’armée est subordonnée au gouvernement élu et non l’inverse, tandis que dans un régime militaire, le gouvernement est subordonné au gouvernement militaire, ou pour être plus précis, à un groupe au sein de l’armée. C’est la différence fondamentale entre une démocratie et un régime militaire. L’incitation au refus de servir et le refus de servir lui-même sont contraires à la démocratie et contraires à la loi ».
Pour Netanyahu, « l’incitation à refuser de servir et le refus de servir mettent directement en danger la sécurité de tous les citoyens d’Israël ».
Son ministre de la Défense Yoav Gallant, est allé dans le même sens, évoquant la nécessité de neutraliser l’armée.
« L’armée israélienne, ses commandants et ses soldats doivent être tenus à l’écart de tout conflit, sans autoriser les déclarations extrémistes », a-t-il prescrit après avoir lancé un appel aux réservistes leur demandant de s’abstenir de mettre à exécution leur menace car elle constitue « une récompense pour notre ennemi ».
« Je dis aux réservistes qui veulent nuire à l’armée à cause de leurs opinions politiques, arrêtez cela. Nous devons préserver notre pays. Israël veut que nous soyons unis ».
Stopper la destruction du 3eme Temple
La réponse aux deux hommes est venue du groupe de protestation Frères d’armes qui a juré de continuer à s’opposer au projet de refonte qui viendrait bouleverser le système judiciaire israélien, recommandant vivement au ministre de la Défense, Yoav Gallant, de stopper son avancée.
« Le Premier ministre commence à intérioriser l’ampleur de la situation, une situation dans laquelle des milliers de réservistes ne le laisseront pas transformer l’État juif en dictature et ne le laisseront pas éliminer l’armée du peuple », a indiqué le communiqué.
Faisant appel à Gallant, les soldats des réserves l’ont appelé à « stopper la destruction du Troisième Temple », en allusion à l’entité sioniste
« Nous avons juré de servir le royaume, nous n’avons pas juré de servir le roi », ont-ils poursuivi.
Ces derniers jours, des pétitions signées par des milliers de réservistes qui servent dans les unités d’élites de l’armée israélienne ont circulé.
Le plan Netanyahu, qui doit être ratifié la semaine prochaine, « ouvrira une voie directe vers la dictature », indique une lettre signée par 1 700 anciens officiers militaires, qui a été publiée la semaine dernière dans le quotidien israélien Yediot Ahronoth.
Selon les médias israéliens, ils ont rencontré lundi le chef de l’armée de l’air, Tomer Bar, et l’ont mis en garde contre d’éventuels refus massifs de se porter volontaires si le gouvernement fait avancer son projet controversé de réforme du système judiciaire.
En mars, 37 réservistes sur 40 de l’escadron 69 de l’armée de l’air avaient interrompu leur entraînement, pour aller manifester.
Les manifestations gagnent d’autres villes
Ce mardi encore, des milliers d’Israéliens se sont de nouveau mobilisés pour dénoncer le projet de réforme judiciaire porté par le gouvernement de Benjamin Netanyahu et qu’ils voient comme une menace pour la démocratie. La police a fait état de 19 arrestations pour « trouble à l’ordre public ».
Sous une chaleur accablante, ils manifestaient dans l’après-midi notamment à Haïfa (nord), Tel-Aviv, Jérusalem, Petah Tikva ou encore Rehovot (centre), selon des médias locaux et des journalistes de l’AFP.
A Tel-Aviv, des militants d’un groupe de vétérans de l’armée ont formé une chaîne humaine pour bloquer la principale entrée du quartier général de l’armée.
« Je suis prêt à me battre », dit à l’AFP Ron Sherf, 51 ans, un ancien combattant d’une unité d’élite.
« Le gouvernement veut un pouvoir illimité pour mettre en place une politique qui n’est pas libérale, une politique de suprématie juive », a-t-il dénoncé.
Des manifestants ont également défilé sur une autoroute au nord de Tel-Aviv, bloquant la circulation.
Dans l’après-midi, des manifestations ont eu lieu dans plusieurs gares de plusieurs villes.
Dans la soirée, des manifestations auront lieu rue Rieger à Beer Sheva, à Herzliya, à Jérusalem occupée, devant l’ambassade des États-Unis à Tel-Aviv et dans d’autres lieux également.
Le journal Haaretz a rapporté la semaine dernière que les manifestants prévoyaient, mercredi et jeudi, des manifestations devant les domiciles des membres de la Knesset israélienne, ainsi que des marches et des manifestations dans de nombreuses villes occupées.
L’Association médicale israélienne a annoncé une grève d’avertissement dans le système de santé demain, mercredi, pendant deux heures, y compris tous les services non urgents, pour protester contre les amendements judiciaires du gouvernement Netanyahu.
Vers le vote définitif
La semaine dernière, avait été votée en première lecture par le Parlement une mesure de la réforme visant à annuler la possibilité pour le pouvoir judiciaire de se prononcer sur le « caractère raisonnable » des décisions du gouvernement.
Ce mardi, la commission parlementaire des lois poursuit ses débats afin de la présenter dans les prochains jours au vote définitif du Parlement.
D’autres mesures de cette réforme provoquent le mécontentement des manifestants, comme celle modifiant le processus de nomination des juges qui a déjà été adoptée par les députés en première lecture.
Source: Divers