Quoique l’armée israélienne a tué et blessé plus de 150 mille Palestiniens et détruit 80% de la bande de Gaza, un sentiment de défaite amer traverse nombre d’observateurs israéliens à la vue des Palestiniens célébrer l’accord de cessez-le-feu qui est entré en vigueur ce dimanche.
Le chroniqueur de la chaine arabophone i24 news Tzvi Yahazqali estime que ces images sont ce qu’il y a de plus difficile à voir.
« Ceci est en contradiction avec les objectifs de la guerre et ce qu’Israël voulait atteindre à Gaza », a-t-il déclaré pour le quotidien Maariv. Et de s’interroger : « qu’avons-nous fait en un an et 3 mois ? ».
« Nous avons détruit d’innombrables de maisons, nous avons sacrifié nos meilleurs fils, et en fin de compte nous sommes revenus aux mêmes formules… Le Hamas est heureux, l’aide (humanitaire) entre et les forces d’élites sont revenues ».
Pendant les scènes de liesse exprimés par les Palestiniens qui son retourné dans leurs régions dévastées de la bande de Gaza, des combattants des brigades al-Qassam sont apparus, encagoulés et armés de mitrailleuses, parfois dans des voitures. Ils ont été salués chaleureusement par la population.
« Les 15 mois de combat ont échoué de changer les équations de la guerre dans l’enclave », estime Yahazqali dont l’évaluation est partagée par de nombreux experts israéliens.
Selon l’ex-président du Conseil de sécurité Giora Ayland, « la guerre s’est terminée par un fiasco flagrant d’Israël et le Hamas a gagné ».
La chaine 12 israélienne en arrive, elle aussi à cette conclusion. « L’armée israélienne n’a réalisé aucun de ses objectifs déclarés pour sa guerre, dont la destruction du Hamas qui est encore debout sur ses deux jambes »
« Il est vrai que le Hamas a reçu des frappes très douloureuses, mais il combat toujours. En réalité c’est lui qui contrôle la situation dans l’enclave et y gère les affaires », fait-il remarquer.
Pendant les deux premières semaines du mois de janvier en cours, plus de 20 soldats israéliens ont été tués dans les opérations de résistance dans la bande de Gaza. Les médias israéliens rapportaient que les combattants palestiniens utilisaient les bombes israéliennes qui n’avaient pas explosé dans leurs attaques. D’autres avançaient que les soldats étaient fatigués et avaient besoin de formation. Ou que le Hamas qui a perdu un grand nombre de ses combattants en a recruté un grand nombre. Un membre du Likoud a confié pour le Wall Street Journal que même s’il est exclu du prochain gouvernement local, sa position ne sera pas affaiblie pour autant.
D’autres points de défaillance sont aussi détectés : l’armée d’occupation a été incapable de trouver l’endroit où les captifs israéliens étaient séquestrés. Les jours prochains devraient révéler le nombre de ceux qu’elle a tués dans ses raids. Le gouvernement israélien s’est désormais résolu à conclure un accord pour obtenir leur libération en échange de celle des détenus palestiniens. Chose qu’il a refusée ces derniers mois.
Au sein du gouvernement israélien dont 24 ministres ont approuvé l’accord dans la nuit de 17 à 18 janvier, les ministres de l’extrême droite ultra-orthodoxe Bezalel Smotrich et Itamar ben Gvir sont ceux qui l’ont le plus critiqué.
« Cette transaction est un châtiment collectif pour nous tous en raison du fiasco du 7 octobre », a réagi le Yediot Ahronoth selon lequel « les autorités israéliennes ne pouvaient toutefois pas le refuser ».
Le journal a appréhendé « qu’elle n’aboutisse à démanteler la société israélienne plus qu’elle ne l’est ».
Alors que certaines sources avancent que le président américain élu Donald Trump qui devrait prendre ses fonctions le lundi 20 janvier a mis tout son poids pour qu’il soit conclu, il est clair que la société israélienne a eu son mot à dire.
Durant ces dernières semaines, les manifestations en faveur de la conclusion de l’accord d’échange se sont intensifiées. Elles ont pris une nouvelle tournure avec l’apparition de nouveaux slogans exigeant « la fin de cette maudite guerre » une fois pour toutes. Elle est devenue plus coûteuse pour la vie des soldats, trop longue pour l’économie israélienne. Elle a surtout terni l’image d’Israël dont le Premier ministre et son ex-ministre de la défense Yoav Gallant sont désormais soumis à un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale. Une première dans l’histoire du conflit.
Ce soir, en accueillant les trois prisonnières israéliennes libérées ce dimanche, les Israéliens ont laissé éclater leur joie, « pour la première fois ces derniers mois », ont confié certains. Tandis que les forces d’occupation ont interdit aux Palestiniens d’exprimer la leur en Cisjordanie occupée, où les détenus n’ont été relâchés qu’après minuit.
Source: Divers