Le projet de Donald Trump de contrôler Gaza et de la vider de ses habitants s’est heurté mercredi à une avalanche de condamnations, chez les Palestiniens et à l’étranger.
Donald Trump a fait cette annonce mardi après avoir reçu à la Maison Blanche le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, selon qui cette proposition pourrait « changer l’Histoire ».
Donald Trump a répété mardi que les habitants de Gaza, en ruines après 15 mois de guerre israélienne impitoyable, pourraient aller vivre en Jordanie ou en Egypte, malgré l’opposition de ces pays et des Palestiniens eux-mêmes.
« Les Etats-Unis vont prendre le contrôle de la bande de Gaza », a-t-il dit au côté de M. Netanyahu, parlant du territoire palestinien comme d’un « chantier de démolition ».
Le président américain a affirmé que les Etats-Unis allaient « aplanir la zone et se débarrasser des bâtiments détruits », afin de développer économiquement le territoire. Il a évoqué un projet « à long terme », répétant son vœu de faire de Gaza la « Côte d’Azur du Moyen-Orient ».
De nombreux pays et organisations ont exprimé mercredi leur opposition à ces propositions. Voici les principales réactions :
ONU : strictement prohibé
« Tout transfert forcé ou expulsion de personnes depuis un territoire occupé sont strictement prohibés », a réagi le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk dans un communiqué, ajoutant que « le droit à l’autodétermination est un principe fondamental du droit international et doit être protégé par tous les États ».
« Le droit à l’autodétermination est un principe fondamental du droit international et doit être protégé par tous les Etats, comme l’a récemment souligné la Cour internationale de justice. Tout transfert forcé ou expulsion de personnes hors des territoires occupés sont strictement prohibés », souligne M. Türk dans un communiqué, insistant que « le droit international est très clair ».
Albanese : complètement absurde
Depuis Copenhague, la rapporteure spéciale de l’ONU en charge des territoires palestiniens, Francesca Albanese, a estimé que la proposition du président américain était « illégale » et « complètement absurde ».
Les propos de Donald Trump sont « une incitation à commettre un déplacement forcé, ce qui est un crime international », a souligné la juriste italienne, qui accuse Israël de « génocide ».
« Dans le contexte d’un génocide (…) cela va renforcer la complicité dans les crimes commis par Israël au cours des 15 derniers mois et avant », a souligné Mme Albanese alors que la trêve et la libération des détenus « offrent un rayon d’espoir ».
Ligue arabe : Une violation du droit international
La Ligue arabe a qualifié la proposition du président américain Donald Trump de « violation du droit international » et de « recette pour l’instabilité ».
Bien que « confiant dans le désir des Etats-Unis et de son président de parvenir à une paix juste dans la région », le secrétariat de la Ligue a souligné que sa proposition invite « au déplacement des Palestiniens, ce qui est rejeté tant par les Arabes qu’au niveau international ».
Cette proposition « viole le droit international » et « constitue une recette pour l’instabilité », a ajouté la Ligue.
Présidence palestinienne: la patrie des Palestiniens
Le président palestinien Mahmoud Abbas, chef de l’Autorité palestinienne , ainsi que l’Egypte, la Jordanie et des capitales occidentales ont dénoncé les déclarations américaines, « dangereuses pour la stabilité » et « le processus de paix » selon Paris. « Nous ne permettrons pas que soient bafoués les droits de notre peuple », a affirmé M. Abbas.
« Le président Mahmoud Abbas et la direction palestinienne rejettent fermement les appels à s’emparer de la bande de Gaza et à déplacer les Palestiniens hors de leur patrie », a déclaré le porte-parole de la présidence palestinienne, Nabil Abou Roudeina.
Le Hamas a pour sa part qualifié les déclarations de Trump de « violentes » estimant qu’elles ne « contribueront pas à la stabilité de la région mais ne font que jeter de l’huile sur le feu ».
Le « peuple palestinien et ses forces vives ne permettront à aucun Etat de la planète d’occuper notre terre ou d’imposer une tutelle à notre grand peuple palestinien, qui a versé un fleuve de sang pour libérer notre terre de l’occupation (israélienne) et établir notre Etat palestinien avec Al-Qods pour capitale », ajoute le texte.
Egypte : les Palestiniens refusent
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a insisté sur « l’importance d’avancer rapidement dans les projets de relance (…) à un rythme accéléré (…) sans que les Palestiniens quittent la bande de Gaza, notamment en raison de leur attachement à leur terre et de leur refus de la quitter ».
Le roi Abdallah II de Jordanie a lui réitéré son refus de « toute tentative » de déplacer les Palestiniens, lors d’une rencontre avec Mahmoud Abbas.
Arabie Saoudite : rejet catégorique
« L’Arabie saoudite réaffirme son rejet catégorique de toute atteinte aux droits du peuple palestinien, que ce soit par la colonisation, l’annexion des territoires palestiniens ou le déplacement forcé des Palestiniens », a affirmé le ministère des Affaires étrangères saoudien.
Indonésie : rejet vigoureux
« L’Indonésie rejette vigoureusement toute tentative de déplacer de force les Palestiniens ou de modifier la composition démographique du territoire palestinien occupé », a déclaré le ministère dans un communiqué publié sur X.
Turquie : pas question d’en discuter
« La déclaration de Trump sur Gaza est inacceptable », a déclaré le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan. « Expulser (les Palestiniens) de Gaza est une question que ni nous ni les pays de la région ne peuvent accepter. Il n’est même pas question d’en discuter ».
Russie : 2 Etats
« Nous avons entendu une déclaration de M. Trump, mais nous avons également entendu des déclarations d’Amman et du Caire, disant qu’il y a un rejet d’une telle idée », a déclaré le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov ajoutant qu’un « règlement au Moyen-Orient ne peut se faire que sur la base de deux États. Nous pensons que c’est la seule option possible ».
Chine : gouvernance palestinienne
« La Chine a toujours soutenu le fait qu’une gouvernance palestinienne sur les Palestiniens était le principe de base de la gouvernance d’après-guerre de Gaza et nous sommes opposés au transfert forcé des habitants de Gaza », a déclaré le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Lin Jian.
Brésil : proposition incompréhensible
Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva que c’était « aux Palestiniens de veiller sur Gaza » et que la proposition de Donald Trump était « quasiment incompréhensible ».
France : un futur Etat palestinien
« La France est opposée pleinement aux déplacements des populations », a déclaré la porte-parole du gouvernement français Sophie Primas, jugeant les déclarations de Donald Trump « dangereuses pour la stabilité et pour le processus de paix ».
Pour la France, l’avenir de Gaza passe par « un futur Etat palestinien » et non par le contrôle « d’un pays tiers ».
Royaume-Uni : une solution à 2 Etats
Les Palestiniens de Gaza « doivent pouvoir revenir chez eux. Ils doivent pouvoir reconstruire, et nous devons être avec eux dans cette reconstruction, sur le chemin d’une solution à deux Etats », a dit le Premier ministre britannique Keir Starmer.
Allemagne : Gaza aux Palestiniens
La bande de Gaza « appartient aux Palestiniens » et doit « tout comme la Cisjordanie et Jérusalem-Est » faire partie du « futur Etat palestinien », a déclaré la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock. « La population civile de Gaza ne doit pas être expulsée et Gaza ne doit pas être occupée de manière durable, ou de nouveau colonisée ».
Italie : 2 Etats
Le ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani, agacé d’être interrogé « sur tous les commentaires que Trump fait », a réitéré la position italienne : « nous sommes pour la solution à deux Etats, nous sommes même prêts à envoyer des soldats italiens pour réunifier la bande de Gaza et la Cisjordanie ».
Espagne : Gaza aux Palestiniens
« Gaza est la terre des palestiniens de Gaza, ils doivent rester à Gaza, qui fait partie du futur Etat palestinien que soutient l’Espagne, qui doit vivre et coexister en garantissant la prospérité et la sécurité de l’Etat d’Israël », a déclaré le ministre des Affaires étrangères José Manuel Albares.
Trump: tout le monde adore
Interrogé par la presse ce mercredi sur ces réactions, le président américain Donald Trump a assuré que « tout le monde adorait » sa proposition de prendre le contrôle de Gaza.
Source: Avec AFP