Le député du Hezbollah, Hassan Fadlallah, a déclaré que le mouvement acceptera de discuter « d’autres questions », dont celle de son intégration dans la stratégie de défense nationale lorsque les violations israéliennes du cessez-le-feu en vigueur depuis le 27 novembre dernier cesseront et que la reconstruction des zones détruites aura au moins commencé.
« Le Liban vit toujours sous le coup d’une agression israélienne continue qui cause des martyrs et des blessés parmi notre peuple, suite aux attaques menées par l’ennemi, comme ce fut le cas ces deux derniers jours, il profite de la faiblesse, de l’incapacité de l’État à assumer pleinement ses responsabilités face à cette agression », a-t-il déclaré lors d’une cérémonie d’obsèques de martyrs au sud du Liban.
Ces trois derniers jours, il y a eu trois martyrs dans des attaques israéliennes au sud du Liban. Celle de ce jeudi a été perpétrée via un drone qui a pilonné une moto dans la localité Aytaroun. Elle a coûté la vie à son conducteur. C’est la deuxième sur cette localité. Mercredi, le raid d’un drone avait frappé un véhicule de type Rapid et causé la mort d’une personne et blessé 3 autres dont un enfant.
Fadlallah a rappelé que « la décision d’accord de cessez-le-feu approuvé par le gouvernement libanais reposait sur les engagements de la partie libanaise officielle et de l’entité sioniste. Au Liban, ses dispositions ont été pleinement respectées et aucune violation n’a été enregistrée. Les institutions de l’État ont pris le contrôle de toute la zone au sud du fleuve Litani, qui est aujourd’hui sous leur autorité et leur gestion. »
Il a poursuivi : « Lorsque la Résistance a accepté cette formule, le gouvernement libanais s’est clairement engagé à obtenir des engagements internationaux pour que cette zone soit placée sous le contrôle de l’État et qu’Israël respecte toutes les exigences de l’accord concernant la mise en œuvre de la résolution 1701 de l’ONU. Nous exigeons toujours que le gouvernement actuel – car il s’inscrit dans la continuité – assume ses responsabilités, notamment celle de préserver le sang de notre peuple ».
Une machine à mensonges
Hassan Fadlallah a en outre critiqué le climat médiatique au Liban où d’après lui il existe « une machine à mensonges qui fonctionne 24 heures sur 24, propageant des fausses informations et des rumeurs »
« Cette machine mène une guerre psychologique contre la résistance et son entourage, en diffusant des informations infondées et en les attribuant, pour gagner en crédibilité, à une source proche, un responsable ou un dirigeant du Hezbollah. Cependant, tout cela n’existe que dans l’imagination de leur auteur », a-t-il averti.
« Nous le disons haut et fort : nous reconnaissons que l’État libanais s’accapare toute l’autorité par le biais de ses institutions, avec l’armée en première ligne dans la région du Sud-Litani. Nous coopérons, comprenons et coordonnons avec l’armée libanaise certaines mesures et procédures visant à maintenir la sécurité et à vérifier que c’est bien l’ennemi qui viole toutes les obligations, le cessez-le-feu et la résolution internationale », a-t-il ajouté, soulignant que « notre relation avec l’armée est bonne ».
« Mais le problème réside toujours dans la décision politique qui entrave l’armée et l’empêche de remplir son rôle, qui est censé protéger son peuple et son pays », a-t-il déploré.
Les priorités avant le dialogue
Le député Fadlallah a abordé les questions liées au dialogue national en déclarant : « Il y a plusieurs priorités aujourd’hui, dont les plus importantes sont la confrontation avec l’ennemi israélien, l’arrêt de ses attaques, la libération des territoires, la libération des prisonniers et la reconstruction. Lorsque ces questions seront réglées, lorsque l’État assumera pleinement ses responsabilités, et lorsque le sang de notre peuple cessera de couler, que notre territoire ne sera plus occupé et que nos maisons ne seront plus détruites, nous aborderons d’autres questions, notamment la stratégie de défense. Nous sommes ouverts à un tel dialogue, et nous avons été les premiers à le faire, et nous avons présenté notre point de vue dans les tables de dialogue qui se sont tenues.
Le dialogue, avec qui
Fadlallah a ajouté : « Cependant, le dialogue ne peut se faire qu’avec ceux qui considèrent Israël comme un ennemi et que la souveraineté du Liban prime sur toute condition extérieure, qu’elle soit américaine, israélienne ou autre. Nous n’appelons pas au dialogue avec ceux qui trompent l’opinion publique, sèment la division et attaquent la résistance. Nous dialoguons avec ceux qui croient en ces règles et principes afin de parvenir à une stratégie défensive qui protège la souveraineté du Liban. À cet égard, je vous assure que les dirigeants de cette résistance ne gaspilleront pas une seule goutte du sang de nos martyrs ni une seule parcelle de notre force. Nous, Libanais, devons tirer profit de toutes les forces dont nous disposons, et personne ne devrait chercher à les gaspiller à un moment où le sang coule dans le sud et où les attaques israéliennes se multiplient. Est-il raisonnable que d’aucuns viennent nous dire comment ils peuvent voler les ressources du pays ? »
La reconstruction aussi importante que la résistance
Concernant le dossier de reconstruction, il a déclaré : « Plusieurs projets visent à améliorer les routes, l’eau, l’électricité et les communications. Nous travaillons sur ce dossier, qui nécessite une démarche spécifique et relève de la responsabilité du gouvernement. Nous assurerons le suivi nécessaire pour atteindre nos objectifs. Quant à la question des maisons démolies, le gouvernement libanais est également concerné, car, premièrement, il dispose des fonds nécessaires, et deuxièmement, il les apporte. Il incombe à sa responsabilité envers son peuple de tout mettre en œuvre pour fournir les capacités nécessaires à la construction de ces logements. »
Le député Fadlallah a conclu : « Pour nous, cette question de la reconstruction est aussi importante que la résistance, dans sa sainteté, sa priorité et son importance »
Des sources officielles libanaises ont recensé quelque 1.188 violations israéliennes depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu fin novembre le 27 novembre et le 19 mars. Alors que se poursuit l’occupation militaire de 5 points stratégiques au sud du Liban.
Le Haut-commissariat des droits de l’homme de l’ONU a pour sa part, assuré que 71 civils ont été tués dont 14 femmes et 9 enfants pendant ce laps de temps. L’organisation onusienne déplore aussi que 92 mille Libanais ont été déplacés de leurs maisons en raison des violations israéliennes.