L’observatoire Euro-Med Human Rights Monitor a accusé l’armée d’occupation d’utiliser des quadricoptères comme outil d’intimidation psychologique, d’espionnage et de meurtre direct notamment dans les zones où des civils ont trouvé refuge après avoir été déplacés de force du nord de Gaza.
Il a indiqué avoir recensé ces derniers jours plusieurs cas de drones israéliens attaquant des habitations et des abris civils dans la bande de Gaza, diffusant des sons terrifiants.
« Les sons émis par les drones vont des aboiements de chiens déchirant les corps d’enfants, aux cris terrifiants d’enfants en souffrance, en passant par les pleurs amers des personnes âgées, les hurlements de femmes suggérant la mort ou une tragédie, sans oublier le hurlement continu des sirènes d’ambulance, donnant l’impression qu’un massacre a lieu à proximité », a déploré l’ONG.
Dans d’autres cas, des quadricoptères sont entrés la nuit dans des maisons surpeuplées, ont plané à l’intérieur des pièces, ont filmé des familles endormies, puis sont ressortis par les fenêtres, laissant derrière eux un profond traumatisme psychologique.
Selon lui, ces incidents ne se sont pas produits à proximité de zones de combat ou de zones d’évacuation mais dans des quartiers densément peuplés – parmi les derniers espaces civils restants à Gaza – comme le sud d’Al-Rimal et le centre-ville de Gaza. Ces zones restreintes abritent désormais des centaines de milliers de personnes déplacées, contraintes de s’y installer après que les forces israéliennes ont pris le contrôle de près de 75 % de la bande de Gaza.
« Il ne s’agissait pas de bruits aléatoires. Ils s’inscrivaient plutôt dans une tactique délibérée et complexe visant à épuiser mentalement les civils, à les pousser à fuir et, simultanément, à les attirer dans des pièges mortels. Les drones émettaient des sons très spécifiques destinés à susciter une peur primaire, incitant les civils terrifiés à s’approcher des fenêtres, des balcons ou à quitter leurs tentes, en quête de clarté ou de fuite. Dès qu’un drone apparaît, il peut ouvrir le feu, transformant une réaction humaine élémentaire en un acte meurtrier calculé. Le quadricoptère devient à la fois une arme psychologique et physique », précise l’ONG sur son site.
Euro-Med Monitor rapporte le cas de Mohammed Salameh, un habitant d’Al-Rimal, dans le centre de Gaza qui a déclaré : « Il y a environ deux jours, vers 1 heure du matin, nous avons commencé à entendre des bruits horribles : des chiens attaquant des enfants, des cris d’enfants, interrompus par le cri d’une femme âgée, puis à nouveau le bruit d’enfants qu’on malmenait. Cela a duré plusieurs minutes. Au début, nous n’avons pas pu identifier la source et avons failli aller aux fenêtres pour vérifier. Mais au dernier moment, nous avons réalisé que le bruit se rapprochait et s’éloignait. Puis nous l’avons vu : un drone quadricoptère planant juste devant la fenêtre.»
Il a ajouté : « Ces drones nous ont conditionnés à ne pas répondre aux appels à l’aide, car nous ne savons tout simplement pas s’il s’agit d’une véritable urgence ou d’un piège conçu pour nous attirer et nous faire tirer dessus. Nous sommes paralysés par le doute et la peur. »
Dans plusieurs cas, des quadricoptères ont envahi des habitations civiles, des tentes de personnes déplacées et des abris, profitant de la destruction de la plupart des fenêtres. La nuit, ils entraient dans des chambres, planaient au-dessus des familles endormies, les filmaient et repartaient.
Une femme de la ville de Gaza (dont Euro-Med Monitor tait l’identité pour des raisons de sécurité) a raconté : « Je dormais avec mes enfants dans un appartement loué au sud d’Al-Rimal après la destruction de notre maison. Les fenêtres étaient brisées, alors nous les avons recouvertes de plastique. Cette nuit-là, j’avais soulevé un coin pour laisser entrer l’air. Alors que nous étions allongés au sol dans l’obscurité, j’ai entendu le bruit caractéristique d’un drone. J’ai ouvert les yeux et je l’ai trouvé en vol stationnaire au-dessus de nous. J’ai paniqué, mais je suis restée immobile et j’ai murmuré la chahada, m’attendant à un tir. J’ai cligné des yeux à plusieurs reprises, et il est resté là, nous filmant probablement, avant de sortir par la même fenêtre. » Elle conclut : « Même si le tir n’a pas eu lieu, la peur était insurmontable. Maintenant, j’ai peur de m’endormir. J’ai peur de l’obscurité, des fenêtres, des portes, de toute ouverture vers l’extérieur. Je ne me sens plus en sécurité. À tout moment, ces drones peuvent envahir nos maisons, nous filmer ou tout simplement ouvrir le feu. »
Dans plusieurs témoignages recueillis par Euro-Med Monitor, des Palestiniens ont rapporté que les sons inquiétants émis par les drones quadricoptères israéliens pendant la nuit les terrifient « plus que les bombardements eux-mêmes », devenant une source de terreur « plus grande que la peur de la mort ». La présence constante de ces drones engendre un sentiment constant d’observation, maintenant les gens dans un état d’anxiété et de tension perpétuels, au cœur d’un génocide qui, depuis 19 mois, les prive de tout sentiment de sécurité.
Malgré la réalité dévastatrice des frappes aériennes israéliennes, qui larguent des milliers de tonnes d’explosifs et imposent une politique de famine systématique, l’utilisation de drones quadricoptères comme instruments de terreur, que ce soit par leur bruit inquiétant, leurs tirs à balles réelles, leurs largages de bombes ou leurs intrusions nocturnes dans les abris pendant le sommeil des civils, a infligé de graves traumatismes psychologiques. Ces tactiques ont profondément endommagé la santé mentale individuelle et collective, exacerbant la peur chronique au sein de la population, en particulier des femmes et des enfants.
L’exposition répétée aux bruits soudains et inquiétants des drones, conjugués aux explosions assourdissantes des missiles israéliens et des engins robotisés piégés, provoque une hyperstimulation constante du système nerveux. Les survivants sont alors maintenus dans un état de vigilance et de peur perpétuelle, ce qui épuise leur énergie physique et émotionnelle longtemps après la fin des bombardements directs.
La présence persistante des drones tard dans la nuit, leur proximité avec les fenêtres et les toits, et leurs émissions de sons étranges et inquiétants génèrent un sentiment durable de danger imminent. Cette terreur s’infiltre dans tous les recoins de la vie quotidienne, déclenchant des épisodes de panique parmi les individus et des communautés entières, en particulier dans les zones surpeuplées, les abris, les tentes de déplacés, les marchés et les points de distribution d’aide, où il n’y a nulle part où se cacher ou s’échapper.
Toutes les pratiques israéliennes s’inscrivent dans une approche coordonnée et intégrée dans le cadre du crime de génocide, conclut Euro-Med Monitor.
Source : Site Euro-Med Monitor