Les responsables de la Maison-Blanche craignent que l’assassinat du journaliste dissident Jamal Khashoggi et la pression accrue sur l’Arabie saoudite ne compromettent la confrontation avec l’Iran et compromettent les plans visant à obtenir de l’aide saoudienne pour ne pas perturber le marché pétrolier.
Les responsables ont déclaré que le dilemme arrivait à un moment difficile pour le gouvernement Trump, qui devrait réimposer un nouveau volet des sanctions à l’Iran le 5 novembre, dans le but de couper toutes les exportations de pétrole iranien.
L’affaire Khashoggi a placé les États-Unis face à un dilemme : d’une part, la Maison-Blanche a déclaré qu’elle allait sanctionner Riyad si l’assassinat par l’Arabie saoudite du journaliste saoudien était prouvé, d’autre part, le président américain a dit que les relations commerciales avec Riyad ne seraient affectées en rien par cette affaire.
Cependant, pour que la stratégie anti-iranienne des États-Unis fonctionne, l’administration compte sur ses relations avec les Saoudiens pour éviter une flambée du prix du pétrole mondial et faire en sorte qu’une nouvelle politique qui permet de contenir l’Iran dans le golfe Persique soit mise au point.
Selon le New York Times, une partie du problème est l’image de l’Arabie saoudite auprès de l’opinion : Riyad ressemble à un allié brutal, en menant notamment une campagne militaire meurtrière au Yémen, alors que le président Trump et M. Pompeo accusent l’Iran d’intimider les autres pays de la région.
« C’est une réussite que de pouvoir à la fois sanctionner un pays et en faire un partenaire », a déclaré Richard N. Haass, président du Council on Foreign Relations, qui a travaillé pour plusieurs présidents républicains. « Et il n’est pas facile de rester focalisé sur le comportement de l’Iran lorsque les Saoudiens font des choses terribles aux journalistes et aux dissidents et bombardent des enfants au Yémen. », ajoute le journal américain.
La disparition de Jamal Khashoggi, un des journalistes les plus connus d’Arabie saoudite et un critique notoire de la famille dirigeante, a mis à rude épreuve les liens américano-saoudiens et suscité l’indignation de la communauté internationale. M. Khashoggi a été vu pour la dernière fois dans le consulat d’Arabie saoudite à Istanbul, le 2 octobre.
Alors que la disparition de M. Khashoggi a exacerbé les tensions entre l’Arabie saoudite, la Turquie et les États-Unis, la Maison-Blanche a mesuré les dégâts causés à sa stratégie contre l’Iran.
Le 5 novembre, l’administration devrait annoncer que toute entreprise faisant des affaires avec l’Iran — achetant du pétrole, finançant des projets ou investissant dans le pays — sera interdite aux États-Unis. Cela inclut même la compensation des opérations en dollars.
Les analystes estiment que cette stratégie est maintenant en péril.
Les groupes de défense des droits de l’homme croient également que le gouvernement Trump est tellement concentré sur l’Iran qu’il est prêt à pardonner les actions saoudiennes, qui seraient dénoncées comme intolérables si elles étaient commises par l’Iran.
Les experts du Moyen-Orient ont déclaré que l’objectif pour M. Trump et les Saoudiens était clair : éviter que le rôle saoudien dans la disparition de M. Khashoggi ne fasse les gros titres et recentrer l’attention sur les Iraniens.
« Je pense qu’ils sont très motivés pour nous concocter une histoire qui nous permettra de sortir de cette situation », a déclaré Gary Samore, directeur du Crown Centre for Middle East Studies de l’Université Brandeis, et ancien collaborateur à la Maison-Blanche sous le président Barack Obama.
Source: Avec PressTV