L’Arabie saoudite, dont le régime est accusé d’avoir orchestré en Turquie l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, est un investisseur essentiel dans le secteur technologique américain, par exemple dans le groupe Uber.
Le régime, soucieux de réduire sa dépendance au pétrole, s’intéresse particulièrement ces dernières années au secteur technologique et investit notamment via son fonds appelé Public Investment Fund of Saudi Arabia (PIF).
Le prince Al-Walid ben Talal, une grande figure du royaume mais en délicatesse avec le prince héritier Mohammed ben Salmane, y est présent depuis bien plus longtemps par le biais de sa holding la Kingdom Holding Company (KHC).
Ces entités, ou parfois le prince Al-Walid individuellement, ont investi ou sont encore actionnaires de nombreuses startup ou gros groupes technologiques américains.
Selon une étude du cabinet CB Insights sur les investissements saoudiens dans la « tech » en 2013 et 2018, c’est via le PIF que le régime a le plus investi, notamment avec 3,5 milliards dans Uber mi-2016.
Le directeur général du PIF Yasir Al-Rumayyan est même membre du conseil d’administration du groupe de réservation de voiture avec chauffeur.
Le PDG d’Uber Dara Khosrowshahi fait néanmoins partie des dirigeants d’entreprises ayant annulé leur participation au sommet économique à Ryad, prévu la semaine prochaine.
Le PIF a aussi investi notamment dans le constructeur de voitures électriques Tesla et son concurrent Lucid, tandis que le KHC a investi dans le concurrent d’Uber en Amérique du Nord, Lyft, toujours selon CB Insights.
Le PIF a aussi partie liée avec le conglomérat japonais SoftBank via le SoftBank Vision Fund, doté de presque 100 milliards de dollars destiné à investir principalement dans le secteur technologique. Près de la moitié des fonds proviennent du PIF.
Le charismatique patron de SoftBank Masayoshi Son n’a pas encore dit s’il se rendrait au sommet de Ryad.
Le Vision Fund a aussi investi dans la voiture autonome, par exemple dans Cruise, la division dédiée de General Motors ou encore dans Slack, la plateforme collaborative de communication en entreprise.
Le prince Al-Walid fait aussi partie des investisseurs de Twitter, d’Apple…Il détient en outre 2,3% de Snap, la maison-mère de Snapchat.
Outre ses investissements importants, l’Arabie saoudite est aussi un marché qui intéresse les groupes technologiques. D’autant que le royaume s’est lancé dans un virage technologique avec son plan pharaonique « Vision 2030 », censé transformer le pays en géant technologique et touristique.
Microsoft a lancé en mai un service de « cloud » (informatique dématérialisée) dans ce pays, en partenariat avec le saoudien Sahara Net et le chinois Lenovo.
Le groupe américain estimait alors le marché saoudien du « cloud » à 108,75 milliards de rials, soit environ 29 milliards de dollars, un » chiffre susceptible d’augmenter » nettement en raison des objectifs de transformation numérique du royaume, notait Microsoft dans un communiqué.
Mohammed ben Salmane (MBS), considéré comme l’homme fort du pays, a fait plusieurs visites aux Etats-Unis, dont une au printemps, où il avait rencontré les responsables de groupes comme Google ou Apple.
Il avait aussi rencontré Jeff Bezos, PDG d’Amazon, qui s’intéresse de près au marché saoudien. Situation délicate pour M. Bezos aujourd’hui car il est aussi, à titre personnel, propriétaire du Washington Post, un des employeurs du journaliste Jamal Khashoggi.
Jusqu’ici, l’Arabie saoudite a nié toute implication dans la disparition du journaliste.
Source: AFP