De plus en plus de pays faisant partie de la coalition saoudienne reconnaissent la victoire de l’axe de la Résistance en Syrie. Ces derniers, se tournant vers Damas et se détournant de Riyad, rouvrent l’un après l’autre leur ambassade en Syrie. Mais cela n’est pas le seul facteur derrière l’isolement de l’Arabie saoudite dans la région.
Compte tenu des récentes évolutions, avec la reprise des relations après huit années de guerre entre certains pays arabes et Damas, l’Arabie saoudite se retrouve de plus en plus isolée dans la région. Un isolement qui s’explique entre autres par les évolutions en Syrie.
L’Arabie saoudite, s’appuyant sur l’axe Turquie-Qatar, soutenait tout groupe ou parti luttant pour le renversement du gouvernement syrien. Or, les évolutions régionales, mais surtout l’esprit aventurier du prince héritier saoudien, ont brisé une coalition à laquelle Riyad avait consacré des années d’effort.
Une simple évaluation des politiques menées par Riyad met en lumière les échecs cuisants qu’a subis l’Arabie saoudite sur le plan de la politique étrangère à l’échelle régionale, notamment durant le règne du roi Salmane.
Comme on le voit en Syrie, toutes les prédictions de Riyad sur le renversement politique et militaire du gouvernement de Bachar al-Assad ont été démenties, et tous ses efforts ont fini dans une impasse.
Pour ce qui est du dossier irakien, les tentatives de Riyad d’influencer et de modifier la carte politique de ce pays ont non seulement donné des résultats inverses à ceux qui étaient escomptés, mais aussi conduit à l’éveil de la conscience publique irakienne sur les démarches de Riyad qui, à l’aide de certains États et de dirigeants de groupes extrémistes issus de la pensée wahhabite, avaient déployé tous ses moyens pour attaquer l’indépendance, la souveraineté et la liberté de l’Irak.
La piteuse défaite de la politique étrangère de l’Arabie saoudite à l’égard de la Turquie est allée jusqu’à entraîner Riyad à une crise majeure. Les relations entre ces deux grands acteurs de la région ont connu des évolutions plus qu’intéressantes. La coopération et la convergence d’intérêts provisoires entre Riyad et Ankara dans le dossier syrien se sont au fur et à mesure transformées en une espèce de concurrence avant d’entrer finalement dans une phase d’hostilité et de confrontation directe.
Le meurtre du journaliste dissident saoudien Jamal Khashoggi dans le consulat d’Arabie à Istanbul a sonné le glas des relations saoudo-turques. Les sanctions contre le Qatar, allié d’Ankara, ont incité les médias turcs et qataris à lancer une campagne d’envergure contre le royaume wahhabite, de sorte que même les sommes colossales investies par Riyad dans le domaine des médias ne l’ont pas protégé. Les médias à la solde de Riyad ne se sont pas avérés suffisamment efficaces pour contrer le gigantesque volume des révélations, des scandales et des accusations. Pris en tenaille par cette incapacité médiatique, Riyad a recouru à la destitution des ministres de la Culture et de l’Information mais aussi au changement du comité de rédaction des chaînes de télévision Al-Arabiya et Al-Hadath.
L’Arabie saoudite est d’un côté confrontée à une coalition solide entre Doha et Ankara et de l’autre aux acquis de la Résistance dirigée par l’Iran. Le résultat des élections au Liban et en Irak constitue la preuve la plus évidente de la défaite de la politique étrangère saoudienne dans la région.
En ce qui concerne le Yémen, après des années de déni durant lesquelles l’Arabie saoudite a déployé tous les efforts pour éliminer les forces d’Ansarallah, Riyad s’est finalement vu obligé de les reconnaître en tant que représentants du peuple yéménite.
Pour faire un retour sur le dossier syrien, il conviendrait de le révoquer comme l’élément déclencheur qui a brisé l’axe saoudien en faisant éclater ses alliances dans la région. L’Égypte, les Émirats arabes unis et Bahreïn, considérés à une époque comme les alliés indéfectibles de Riyad, sont en train de normaliser leurs relations avec Damas.
Dans la foulée, les méthodes et l’arrogance de Mohammed ben Salmane, le prince héritier saoudien, dans ses interactions avec d’autres pays de la région sont d’autres facteurs qui ont entraîné Riyad dans l’isolement. La façon dont s’est comporté ben Salmane lui a fait perdre les anciens alliés de Riyad, à savoir : le Maroc, la Jordanie et Oman, qui ont ouvertement repris leurs relations avec Tel-Aviv et les ont dévoilées, contrairement à l’Arabie saoudite qui a refusé de les formaliser.
Dans les circonstances actuelles, Riyad n’a pour allié que l’homme d’affaires résidant à la Maison-Blanche. Le président américain sait bien comment faire chanter l’Arabie saoudite, tout en qualifiant cette dernière de « vache à lait » qu’il faudrait exploiter au maximum. Or, l’approbation par le Sénat américain d’une résolution reconnaissant le prince héritier saoudien comme responsable du meurtre du journaliste Jamal Khashoggi a entravé les plans saoudiens en compliquant ses relations avec Washington.
En outre, si l’annonce de la décision de Trump de retirer les troupes américaines de Syrie a provoqué le grand étonnement du secrétaire américain à la Défense et des alliés occidentaux de Washington, l’Arabie saoudite a d’autant plus de raisons de s’inquiéter de cette décision inopinée du président américain. En effet, celle-ci risque bien d’entraîner dans son sillage une vague de crise que le jeune prince héritier ne semble pas être en mesure de résoudre.
N’ayant obtenu aucun acquis ni face à l’axe de la Résistance, ni face au tandem Turquie-Qatar, la dynastie des Saoud devrait se rendre compte qu’elle vit un des pires moments de son histoire. S’appuyer sur Donald Trump et le régime d’Israël ne fera que renforcer l’isolement du royaume wahhabite sur le plan international et la haine et le dégoût dont il fait l’objet à l’échelle nationale, régionale et dans le monde arabe.
Source: PressTV