Téhéran prépare un Plan B face à l’intensification des sanctions américaines, envisageant entre autres un développement des coopérations économiques avec l’Union économique eurasiatique (UEEA).
Le journal britannique, The Independent l’a noté dans un article récemment publié où l’analyste est revenu sur l’attitude des responsables de l’Iran après les attaques du 14 septembre contre les installations pétrolières saoudiennes d’Aramco et les menaces américaines d’une possible attaque contre l’Iran : « Les responsables iraniens ne se sont pas accroupis dans des bunkers en attendant que les bombes commencent à tomber », a ironisé l’auteur évoquant, par contre, des visites l’une après l’autre, effectuées par le président iranien et son ministre des Affaires étrangères à New York, à Ankara et en Chine où ils ont parlé d’une série de propositions de grands accords susceptibles d’approfondir la coopération économique sino-iranienne et d’intégrer l’Iran au programme routier et à la Ceinture de Pékin.
« Avec des sanctions secondaires obligeant l’Europe de s’abstenir de toute activité avec l’Iran, l’administration de Donald Trump a pu croire qu’en se retirant de l’accord sur le nucléaire, Téhéran sera bloqué et obligé de revenir à la table des négociations, pour parvenir ainsi à un “meilleur accord” ou du moins faire une séance de photos, juste à temps, avant les élections de 2020, pour annoncer un succès politique majeur », écrit l’analyste pour The Independent.
Or, les Iraniens n’ont pas reculé d’un iota. Aussi fermes que résolus, les responsables iraniens ont réaffirmé à New York que le retour à un véritable processus de dialogue avec les États-Unis serait possible à condition que toutes les parties respectent leurs engagements initiaux : « Si vous voulez nous entendre dire oui, vous devrez respecter vos engagements. Si vous n’aimez pas le nom du PGAC, respectez son contenu et le cadre tracés par la résolution 2231 du Conseil de sécurité de l’ONU. En un mot, arrêtez les sanctions pour que la voie s’ouvre sur le dialogue », a affirmé le président iranien.
« L’Iran a en effet un plan B qui lui permet d’entrer davantage dans le réseau émergent des nations eurasiennes dominées par la Chine et la Russie, toutes deux en concurrence avec les États-Unis.
Certes, la Russie cherche plus que la Chine à défier les diktats de l’administration Trump.
Après que les États-Unis ont annoncé de nouvelles sanctions contre la Banque centrale iranienne, le ministère russe des Affaires étrangères a immédiatement déclaré que Moscou n’en prendrait pas compte : “Cela n’affectera pas notre position concernant l’Iran”, a déclaré Zamir Kabulov, un responsable du ministère russe des Affaires étrangères qui a ajouté : “Nous continuerons à coopérer avec l’Iran dans le domaine bancaire comme prévu « . Les échanges entre la Russie et l’Iran sont minimes.
Mais les deux pays sont alliés pour trouver des moyens de surmonter les sanctions américaines.
La Chine est plus silencieuse et discrète que la Russie. Mais les signes de coopération sino-iranienne abondent. Le 11 septembre, la Chine a accueilli le commandant des forces armées iraniennes, le général Mohammad Baqeri qui a à cette occasion visité des sites militaires et navals en Chine.
Dans une annonce faite le lendemain faisant allusion à l’ampleur de la coopération sino-iranienne, le Trésor américain a désigné cinq personnes et six entreprises chinoises comme contrevenant aux sanctions américaines pour avoir prétendument aidé au transport du pétrole iranien. Les mesures prises par Washington contre l’Iran témoignent à quel point lui déplaît la place accordée par Pékin à l’Iran et aux Iraniens ».
The Independant ajoute : « Et tandis que l’Iran se plaint constamment de l’Union européenne, la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne, tous cosignataires de l’accord nucléaire violé par Washington, se plaignent très peu de la Russie et de la Chine. “La nature des relations de l’Iran avec la Chine et la Russie est différente de celle avec l’Europe”, a déclaré Abas Aslan, rédacteur en chef du site Iran Front Page et chercheur invité au Centre d’études stratégiques sur le Moyen-Orient à Téhéran qui précise : “L’Iran pourrait compter sur la coopération de la Chine et de la Russie par différents canaux. Mais si l’Europe coopère avec l’Iran, elle devra le faire par des voix plus solennelles, au vu et au su de tout le monde”. L’Iran, la Russie, la Turquie et la Chine ont quelque chose en commun en ce sens qu’ils subissent la pression des Américains. Ils pensent donc trouver un terrain d’entente. Plus ils coopèrent, plus ils peuvent se soutenir, que ce soit au sein du Conseil de sécurité de l’ONU ou ailleurs. Même si l’approche unilatérale de Donald Trump est un danger pour l’Iran, c’est également un danger pour la Russie, la Chine et d’autres pays », conclut l’article du journal britannique.
Source: PressTV