‘Israël’ ne sait pas encore comment traiter avec la réalité post-Soleimani, indique Mohammed Saïd Idris, écrivain égyptien.
Dans un article qui vient d’être publié par le quotidien égyptien al-Ahram, Mohammed Saïd Idris écrit : « Les Israéliens tentent de trouver un dénouement à l’énigme que les Américains lui avaient imposée par l’assassinat du général iranien Qassem Soleimani. C’est vrai que nombreux furent les Israéliens qui se sont frotté les mains après l’assassinat de Qassem Soleimani, mais certains d’autres prennent également en considération les conséquences négatives de cet événement. Ils se demandent donc comment l’assassinat du général de corps d’armée Soleimani pourrait influencer Israël ou comment ce dernier devrait traiter avec la nouvelle réalité, soit la réalité post-Soleimani ».
Mohammed Saïd Idris est d’avis que le temps est venu pour que les Israéliens reconnaissent avoir été impliqués, directement ou indirectement, dans l’assassinat de Soleimani : Il se peut que les Israéliens aient contribué dans l’opération, elle-même, ou que leur rôle se soit limité d’une collecte d’information.
L’écrivain égyptien s’est ensuite référé à un journaliste du quotidien britannique The Guardian selon lequel le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, s’est décidé à assassiner le général de corps d’armée Soleimani, en coopération avec le Mossad.
Et d’ajouter : « Il existe d’autres preuves qui montrent un lien entre Israël et l’assassinat de Qassem Soleimani ; par exemple, le cabinet israélien s’est réuni le 5 janvier 2020, c’est-à-dire après l’assassinat de Soleimani, afin d’examiner les conséquences de cet événement et la réaction d’Israël au cas où ses militaires seraient pris pour cible. Ensuite, Benjamin Netanyahu a commis une erreur en disant qu’Israël disposait d’une bombe nucléaire et cela en espérant que cette affirmation pourrait dissuader l’Iran de lancer une attaque de représailles contre Israël. En plus, Mike Pompeo a déclaré, lors de ses discours, avoir contacté Benjamin Netanyahu, avant et après l’assassinat de Qassem Soleimani. Pompeo a également souligné que les États-Unis continuaient à soutenir Israël pour mettre fin au terrorisme ».
L’écrivain égyptien a indiqué que toutes les tentatives et tous les plans stratégiques d’Israël, destinés à neutraliser les conséquences de l’assassinat de Qassem Soleimani, échoueraient certainement, car l’Iran savait bel et bien qu’Israël était impliqué dans cette opération. « Israël devra donc en payer cher », ajoute l’auteur de l’article.
Et de continuer : « Israël devra accepter cette réalité : Tel-Aviv, tout comme Washington, est impliqué dans l’assassinat de Qassem Soleimani. C’est pourquoi il devra en payer un lourd tribut tôt ou tard. Maintenant, les Israéliens se demandent comment combattre un danger qu’ils ne peuvent même pas encore en identifier la nature ».
Mohammed Saïd Idris rappelle les récents propos d’Eran Etzion, ancien membre du Conseil national de sécurité israélienne :
« Il existe trois possibles scénarios de confrontation : le premier scénario consiste à ce que l’Iran et les États-Unis parviennent à un compromis par le biais des intermédiaires, compromis qui puissent définir de nouvelles règles du jeu entre les deux pays de sorte qu’ils s’abstiennent de s’affronter militairement, de porter préjudice à leurs intérêts respectifs, ni de façon directe ni sur le sol d’un pays tiers. Ce scénario permettrait aux États-Unis d’annoncer explicitement ou implicitement le retrait de leurs forces d’Irak et d’Afghanistan, ce qui sera une grande victoire pour l’Iran. En plus, Donald Trump pourra s’en targuer aux élections présidentielles.
Ce scénario a une faible chance de réussir.
Selon le deuxième scénario, les choses resteront telles qu’elles sont et l’Iran continuera de mener des opérations contre des cibles américaines, seul ou avec ses alliés et il pourra se concentrer sur le sol irakien, ce qui poussera encore au retrait des forces américaines d’Irak et là, suivant des accords revisités par Washington et Bagdad.
Pendant ce temps, l’Iran poursuivra son enrichissement sans que les Américains ne puissent faire quoi que ce soit. Surtout qu’à la faveur des avertissements de la Chine et de la Russie qui soutiennent pleinement l’Iran. Les chances de réussite de ce scénario restent moyennes voire élevées.
Il y a un troisième scénario ; celui de la détérioration de la situation dans la région si l’Iran attaquait des cibles américaines dans un pays tiers comme le Koweït ou s’il restreignait la liberté de navigation maritime dans le golfe Persique. Toute attaque iranienne entraînant la mort des Américains dépassera la ligne rouge de Donald Trump qui ordonnera alors une réponse immédiate contre les cibles militaires iraniennes sans obtenir l’approbation du Congrès. Dans ce cas, une crise internationale se produirait et les prix du pétrole augmenteraient d’une manière sans précédent d’autant plus qu’Israël sera frappé depuis la Syrie et le Liban. Le taux de réussite de ce scénario est faible. Ce qui est sûr c’est qu’Israël est perdant dans les trois scénarios ».
Selon l’analyste égyptien, « il existe aussi un quatrième et un cinquième scénario ».
« Le quatrième scénario consiste en des assassinats mutuels et puisqu’Israël ne pourra le tolérer, il préférera passer au cinquième qu’est une guerre directe contre l’Iran », a ajouté l’analyste.
Mohammed Saïd Idris a réaffirmé qu’au cas où une telle guerre a lieu, elle ne sera pas entre Israël et Téhéran, mais entre Israël et les alliés de Téhéran aussi. « Cette situation risquerait de se transformer rapidement en une impasse pour Israël, car Donald Trump ne veut pas de guerre, en raison des prochaines élections d’autant plus que la Russie et la Chine, elles aussi, s’opposaient à une telle confrontation militaire », a-t-il conclu.
Source: PressTV