Le porte-parole du gouvernement yéménite du salut national et ministre de l’Information, Dhaifallah Al-Shami, a affirmé que la décision de l’ONU de retirer « la coalition d’agression dirigée par l’Arabie saoudite de la liste noire pour son implication dans la violation des droits des enfants au Yémen met en jeu la crédibilité et les principes de l’organisation internationale ».
Le porte-parole du gouvernement a expliqué que « cette décision intervient au moment où l’aviation de la coalition saoudo-américaine a commis un massacre contre des femmes et des enfants dans le district de Shada, à Saada (nord), coutant la vie à 13 d’entre eux. S’ajoutent à ce massacre, les crimes et violations en cours contre les enfants du Yémen qui n’ont pas cessé depuis plus de cinq ans », rapporte le site yéménite AlMasirah.
M.Al-Shami a estimé que « l’exclusion de l’Arabie saoudite de la liste des auteurs de violations des droits des enfants constitue une feu vert à la coalition d’agression saoudo-américaine pour commettre davantage de crimes de guerre contre les enfants du Yémen ».
Le porte-parole du gouvernement a en outre tenu « le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterress, et l’organisation des Nations Unies pleinement responsables de tout crime ou violation commis par la coalition contre les enfants du Yémen ».
M.Guterres a prétendu, lundi 15 juin, dans son rapport annuel qu’« la coalition au Yémen va être retirée (de l’annexe) sur les meurtres et mutilations après une diminution importante et soutenue (de ses crimes) lors des raids aériens et la signature d’un accord-cadre en mars 2019».
Les ONG dénoncent
En réaction, plusieurs ONG ont critiqué le dernier rapport du chef de l’ONU. Dans un communiqué, l’organisation Human Rights Watch a dénoncé un «nouveau niveau de honte». Cette décision ignore «les propres preuves de l’ONU sur la poursuite de violations graves contre les enfants» au Yémen, a ajouté Jo Becker, un de ses responsables, cité par l’AFP.
«Le secrétaire général de l’ONU rend les enfants vulnérables à de nouvelles attaques et sape sérieusement un mécanisme important de mise en responsabilité», a pour sa part estimé l’organisation Watchlist on Children and Armed Conflict.
Inger Ashing de l’ONG Save the Children a évoqué «une décision choquante» d’Antonio Guterres. «Accroître la transparence peut aider à protéger le secrétaire général des pressions», a ajouté cet organisme.
Lors d’une conférence de presse tenue dans la foulée de la publication du rapport, l’émissaire d’Antonio Guterres pour les enfants et les conflits armés, Virginia Gamba, a défendu ses conclusions.
Elle a prétendu que l’ONU n’avait subi «aucune pression» de l’Arabie saoudite et que le rapport se basait sur «des chiffres».
La coalition avait été inscrite en 2016 sur la liste des Etats et organisations violant les droits des enfants, avant d’en être retirée à la suite de menaces saoudiennes de couper des fonds à l’ONU.
En 2017, après l’arrivée d’Antonio Guterres à la tête des Nations Unies, elle avait été placée dans une sous-section créée pour ceux qui font des efforts pour éviter des morts d’enfants, et y avait été maintenue en 2018 et 2019.