Au Liban ont été arrêtés plusieurs émeutiers liés aux violences qui ont éclaté lors des manifestations organisées dans la métropole de Tripoli au nord du pays, depuis le lundi 25 janvier. Des Syriens faisaient partie de ces émeutiers qui dans la nuit de jeudi à vendredi, ont incendié le bâtiment de la municipalité de cette ville.
Lors d’une interview avec al-Manar, le ministre de l’interieur libanais Mohamad Fahmi a fait état de l’arrestation de plusieurs manifestants, sans préciser leur chiffre exact.
Des médias libanais ont rapporté que plusieurs Syriens font partie de ceux qui ont été arrêtés dans la nuit de jeudi à vendredi. Dont Fadi Karkouz et Anas Idris , des miliciens de la brigade al-Farouk qui a combattu dans la province de Homs et vivant actuellement dans la ville turque de Ghazi Antab. Ils ont été relachés ce vendredi sur l’intervention du Qatar.
Dans un communiqué publié ce vendredi 29 janvier, le commandement de l’armée libanaise a pour sa part a indiqué avoir arrêté 5 personnes dont un Syrien qui se trouvait parmi les trois qui sont suspectés d’avoir mis le feu dans le bâtiment de la municipalité et d’avoir participé aux autres actes de sabotage.
Les deux autres qui ont été arrêtés dans deux rues de la ville, étaient recherchées pour des actes de vandalisme contre les bâtiments publics et pour avoir tenté d’entraver l’arrivée des véhicules de la défense civile et des pompiers sur le lieu de la municipalité.
« Ce qui se passe à Tripoli n’a rien d’un acte spontané. Les agitations sont surement financées « , a souligné M. Fahmi pour al-Manar.
« Les criminels qui ont brûlé la municipalité de Tripoli et qui ont tenté de faire de même avec le Tribunal législatif ont sévi dans la ville et ses institutions publiques éducatives et économiques font preuve d’une haine profonde contre Tripoli et sa dignité », avait commenté dans la journée le Premier ministre pour les Affaires courantes Hassane Diab. Il a assuré qu’il est nécessaire de mener une enquête pour déterminer les parties responsables.
Les manifestations qui ont été organisées dans la ville se voulaient protester contre les répercussions économiques du confinement imposé pour endiguer la propagation du coronavirus. Alors que le Liban est englué dans sa pire crise économique depuis des décennies, avec une dépréciation inédite de sa monnaie, une hyperinflation, des licenciements massifs et des restrictions bancaires drastiques.
Mais ces rassemblements ont vite dérapé en actes de violences au cours desquels des grenades militaires et des cocktails Molotov ont été utilisées par des émeutiers contre les forces de l’ordre blessant 40 de leurs éléments, dont 13 avec des grenades militaires.
Ce qui a fait craindre une exploitation politique d’autant que la crise économique est exacerbée par une crise politique en raison de l’obstination du Premier ministre désigné Saad Hariri à nommer les membres chrétiens du gouvernement qu’il devrait former.
« Le Premier ministre en charge insiste pour s’accaparer la formation du gouvernement refusant de prendre en considération les remarques du président de la République conformément à la clause 53 de la constitution », a déclaré ce vendredi le bureau médiatique de la présidence de la république dans un communiqué.
« Il n’y aura pas de gouvernement qui contredise le partenariat, l’esprit de la charte et la vie commune réelle basée sur l’équilibre national », a conclu le texte du bureau médiatique du chef de l’Etat.
«Ce qui s’est passé à Tripoli […] est un crime caractérisé et organisé dont la responsabilité est portée par tous ceux qui ont comploté pour frapper la stabilité de la ville», a pour sa part écrit sur Twitter Saad Hariri. Il dénonce le comportement de l’armée et met en garde contre des «complots».
Le 8 janvier M. Hariri s’était rendu en Turquie pour espérer un soutien politique de la part du président Recep Tayyep Erdogan, a affirmé François Bacha, confondateur du site d’informations libanews pour l’agence russe Sputnik. Il a rappelé qu’en octobre 2020, des manifestations pro-turques avaient eu lieu à Tripoli pour soutenir la Turquie contre l’Arménie dans le conflit dans le Haut-Karabakh. Et des centaines de manifestants y ont brandi fièrement le drapeau turc.
En juillet 2019, M. Fahmi avait annoncé l’arrestation de deux Syriens et deux Turcs alors qu’ils «tentaient de faire entrer clandestinement depuis la Turquie quatre millions de dollars destinés, selon lui, à financer des “émeutes urbaines”», rapporte L’Orient-Le Jour.
Dans la soirée de ce vendredi, les manifestations ont repris autour du Sérail de Tripoli. Selon le ministre de l’intérieur, des émeutiers avaient l’intention d’incendier ce bâtiment . « Mais la situation à Tripoli est sous contrôle », a-t-il assuré.
Source: Divers