Les promesses de dons « décevantes » pour assurer une aide au Yémen, pays ravagé par la guerre lancée par l’Arabie et ses alliés depuis mars 2015 et au bord de la famine, équivalent à une « peine de mort », a regretté lundi l’ONU à l’issue d’une conférence internationale où elle a récolté seulement 1,7 milliard de dollars, sur les 3,85 milliards espérés.
Plus de 100 gouvernements et donateurs particuliers ont participé à une réunion virtuelle co-organisée par la Suède et la Suisse.
À l’ouverture de la réunion, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait exhorté les donateurs à assurer une aide de 3,85 milliards de dollars (environ 3,18 milliards d’euros), afin d’empêcher la famine d’« engloutir » le pays très pauvre de la péninsule arabique où « l’enfance est un enfer ».
« Le résultat de la réunion d’aujourd’hui […] est décevant », a regretté M. Guterres, expliquant que les promesses de dons restent moins importantes que l’aide versée en 2020, qui manquait déjà de 1,5 milliard de dollars sur les 3,4 milliards nécessaires.
Dans un contexte de pandémie, la situation a empiré l’année dernière avec la chute des financements de l’aide.
« Des millions d’enfants, de femmes et d’hommes yéménites ont désespérément besoin d’aide pour vivre. Réduire l’aide équivaut à une peine de mort », a déploré le chef de l’ONU dans un communiqué.
La guerre lancée par une coalition dirigée par l’Arabie saoudite a tué des dizaines de milliers de personnes selon des ONG et poussé des millions d’autres au bord de la famine. C’est la pire crise humanitaire au monde d’après l’ONU.
Selon les derniers chiffres de l’ONU, plus de 16 millions de Yéménites, soit environ la moitié de la population de 29 millions d’habitants, risquent d’être confrontés à la faim cette année. Près de 50 000 d’entre eux « meurent déjà de faim dans des conditions proches de la famine » et 400 000 enfants de moins de 5 ans pourraient mourir de malnutrition aiguë « sans traitement d’urgence ».
« Mettre fin au conflit »
En réaction à cette conférence, le porte-parole du mouvement de résistance yéménite, Ansarullah, a affirmé que « le meilleur don qui puisse être offert aux Yéménites serait l’arrêt de la guerre et la levée du blocus »
Mohammad Abdel Salam a écrit, lundi soir 1er mars, sur son compte twitter : « L’appel lancé par les Nations Unies aux pays donateurs pour qu’ils fournissent une aide n’exempte pas les pays d’agression (saoudo-émirati-britanno-US) d’assumer leur responsabilité ».
Et d’ajouter avec désapprobation : « La plus grande aide offerte au Yémen vient des pays de l’agression, impliqués dans les raids quotidiens, le blocus injuste, l’interdiction des dérivés pétroliers et la fermeture de l’aéroport international de Sanaa, ainsi que des catastrophes humanitaires qui en résultent ».
Et M.Abdel Salam de noter : « les conférences à caractère humanitaire organisées pour le Yémen, au moment où la coalition poursuit son agression et son blocus, n’aident pas les Yémenites autant qu’elles contribuent à redorer le blason des pays de l’agression, en les présentant comme des pays donateurs, et non comme des agresseurs ».
Washington appelle Ansarullah à cesser son offensive
La conférence s’est tenue à un moment où les États-Unis cherchent à sauver la face à l’Arabie.
Lundi, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a pressé Ansarullah de cesser son offensive visant à libérer la province de Ma’reb (nord-est) des mercenaires saoudiens.
Selon lui, Ansarullah doit « se joindre aux Saoudiens et au gouvernement du Yémen (pro-saoudien, basé au sud) en agissant de manière constructive en faveur de la paix ».
En fait, si les combattants yéménites réussissent à reprendre le contrôle de Ma’reb, une ville riche en ressources d’hydrocarbure, la coalition saoudienne perdra un de ses moyens de pression sur la nation yéménite ; c’est-à-dire l’arraisonnement des navires chargés de carburant.
Sources: AlMasirah + AFP