Depuis la reprise à Vienne des négociations sur le programme nucléaire iranien, fin novembre dernier, c’est l’hystérie parmi les responsables israéliens dont les menaces de bombarder l’Iran ont repris de plus bel.
Les plus hauts responsables israéliens, à tous les niveaux se sont relayés pour lancer leurs mises en garde, faisant croire qu’ils étaient prêts à lancer des attaques contre l’Iran. Des manœuvres ont été réalisées donnant plus de crédibilité à leurs avertissements. Il a été question que le gouvernement a alloué la somme d’un milliard et demi de dollars pour les forces armées pour les préparer.
Le dernier épisode de ces menaces a eu lieu depuis Washington, où s’est rendu le ministre israélien de la guerre Benny Gantz en compagnie du chef du Mossad.
Selon un diplomate haut-placé, cité par le Jerusalem Post, Gantz aurait informé son homologue américain Lloyd Austin qu’il avait fixé le moment butoir ou l’armée israélienne aurait fini ses préparatifs pour lancer une attaque contre l’Iran. Mais l’essentiel pour lui est que les Américains n’auraient pas exprimé leur protestation aux préparatifs exposés par Gantz ni n’y auraient opposé leur veto.
Le lendemain, Gantz déclarait en personne que les Américains et Européens « perdaient patience des négociations à Vienne car il n’y a aucune avancée et ils savent que les Iraniens sont en train de jouer ».
Force et de constater que ces menaces ont connu leur pic après un appel téléphonique du Premier ministre israélien Naftali Bennett avec le secrétaire d’état Anthony Blinken lui demandant « de stopper immédiatement », les pourparlers et « de prendre les mesures fermes de la part des grands puissances ».
Les responsables israéliens avaient déployé auparavant des efforts énormes pour dissuader un retour aux négociations. Sans parvenir à leurs fins. Ils avaient tenté aussi d’obtenir un engagement que les Américains puissent recourir à des attaques militaires au cas où l’Iran refusait d’obtempérer ou au moins de menacer verbalement de le faire. En vain.
A cours de moyens de persuasion, ils ont haussé le ton, laissant planer le doute sur une attaque qu’ils menacent de lancer depuis plusieurs années, sans passer à l’acte. Ils ont même alloué la somme d’un milliard et demi de dollars à leurs forces armées, le mois d’octobre dernier, pour cautionner leur mise en garde de vouloir pour bombarder l’Iran.
Avec la visite de Gantz aux Etats-Unis, et les informations qui en sont diffusées, les responsables israéliens semblent vouloir laisser entendre avoir reçu le feu vert de la part des Américains pour le faire.
Or les Américains préfèrent être réservés. Ils n’ont soufflé mot sur la rencontre avec Gantz. Par la voix de Blinken, ils avaient fait part qu’ils disposent « de choix alternatifs » au cas d’échec des négociations. Ce qui ne renvoie pas nécessairement au choix militaire. Du moins pour le moment.
Et l’envoyé spécial pour les Affaires iraniennes Robert Malley s’est contenté de rappeler que « lorsque le président Biden dit que l’Iran n’obtiendra jamais l’arme nucléaire, il veut dire ce qu’il veut ». Sachant que Téhéran a toujours assuré que son programme nucléaire n’était nullement pour des fins militaires.
La semaine écoulée, le Pentagone a refusé de commenter un reportage de l’agence Reuters sur des discussions avec les Israéliens sur l’éventualité de réaliser des exercices militaires centrés sur l’Iran.
« Tout ce que je peux vous dire est que nous réalisons des exercices d’une manière routinière avec nos homologues israéliens et je n’ai rien aujourd’hui à déclarer ni à dire ni à signaler ni à prévoir », s’est contenté de répondre son porte-parole John Kerby.
Or, pour Israël, il est inconcevable qu’il puisse mener à lui seul une attaque contre l’Iran. Sans les Etats-Unis surtout.
En raison de la nature de l’attaque, les cibles iraniennes n’étant pas une bouchée facile.
Selon un rapport du Times of Israel, une opération contre l’Iran est bien plus compliquée que toutes les autres opérations réalisées dont celle contre le réacteur irakien en 1981, au cours de laquelle il n’y a eu qu’une seule frappe contre un seul site.
« Dans le cas de l’Iran, il n’y a pas une seule installation nucléaire qu’une escadrille d’avions pourraient détruire en une seule frappe, mais de nombreuses installations disséminées partout dans le pays ; ce qui nécessite des niveaux hors du commun de coordination pour garantir qu’ils puissent réaliser les frappes simultanément », selon le journal israélien.
Cette tâche est d’autant plus difficile que certains de ces sites sont édifiés en profondeur dans le sous-sol, rendant inefficaces les raids aériens israéliens, notamment celui de Fordo, ou l’Iran entamé dernièrement ses activités d’enrichissement au moyen de centrifugeuses sophistiquées.
Or seuls les Américains détiennent les bombes capables de détruire ces sites souterrains, selon le journal israélien, à savoir la bombe GBU-57 qui pèse 13600 kg. Ils refusent jusqu’à présent de les fournir à Israël, ni le seul avion capable de les transporter, le bombardier B-2, qu’Israël n’a pas non plus.
L’idée de les lui prêter avait été suggérée par Denis Ross, l’ex-diplomate américain « pour envoyer un message fort » à l’Iran.
Une autre raison sur la raison pour laquelle l’entité sioniste ne saurait lancer une guerre en solo: l’Iran ne sera pas seul…
Et par conséquent, elle pourrait devenir la cible de missiles depuis le Liban et le Yémen. Le Hezbollah a déjà menacé de le faire. Et pourquoi pas de la bande de Gaza où le Hamas et les Palestiniens en généal ont besoin plus que jamais de régler ce conflit définitivement. Sans compter la riposte des Iraniens eux-mêmes qui disposent des moyens de le faire : leur force balistique de longue portée et leurs drones devenus tous deux la bête noire des Israéliens. L’occasion serait propice pour les composantes de l’axe de la résistance d’en découdre une fois pour toute avec ‘Israël’!
« Vous pouvez décider du moment pour déclencher la bataille mais il ne vous reviendra pas de l’achever », avait menacé dans le passé le chef des gardiens de la révolution le général Hussein Salami.
Toute attaque israélienne contre des sites iraniens signifierait la fin d’Israël, ont averti des responsables iraniens plusieurs fois.
« Israël n’ose pas mettre à exécution ses menaces car ils savent que nous sommes entièrement disposés à les réduire en miettes », a averti le commandant adjoint du CGRI, le général Ali Fadawi.
« Benny Gantz tentera à Washington de dire aux Américains qu’Israël est attaché à des sanctions encore plus sévères et pour une allusion américaine sur une menace militaire. », a prévu l’analyste du journal israélien Haaretz, Amos Harel, en expliquant les objectifs de cette visite. « Mais l’administration américaine, comme cela s’avère maintenant a tendance à réagir négativement », pense-t-il. «Le pistolet qu’Israël brandit contre l’Iran est vide », a-t-il souligné.
Il est vrai surtout qu’une escalade régionale ne saurait réconforter les Américains non plus, dont les bases déployées en grand nombre dans la région seraient aussi des cibles à atteindre! L’attaque contre la base en Irak de Ain al-Assad en 2020 l’illustre bien.
Un grand risque à prendre alors que Washington lorgne la Chine, pour qui une nouvelle guerre dans laquelle les Américains s’empêtreraient ne saurait que renforcer ses chances de se renforcer à ses dépens. Idem pour la Russie!
Source: Divers