« Une feuille de route industrielle », une « stratégie basée sur la gestion, l’orientation, la supervision de la production et son soutien » et ce, dans le strict objectif d’une « accélération de la production, de la création de l’emploi et de la production de la richesse », voici en quoi a consisté le cadre tracé par le leader de la Révolution iranienne, le dimanche 30 janvier, lors d’une audience accordée aux acteurs économiques et industriels.
L’Ayatollah Khamenei peut se féliciter au cinquième mois du mandat de Raïssi à la tête de l’exécutif non seulement des « points marqués dans la bataille » pour l’indépendance de l’économie iranienne face au dollar, mais encore du fait que « les sanctions US ont totalement perdu leurs impacts psychologiques et réels sur le marché iranien », l’Iran ayant enregistré non seulement une hausse de ses exportations non pétrolières grâce à un approfondissement net de ses liens avec ses voisins sur fond de son ancrage à l’Est, mais encore un élargissement substantiel de ses ventes pétro gazières via un mécanisme de troc dé-dollarisé qu’il maintient dans ses liens avec la Chine, mais aussi avec des États comme lui, producteur du pétrole et sanctionné par les USA, comme le Venezuela.
Ce mois de janvier Bloomberg a fait un double aveu : l’Iran a vendu 1,5 million de barils à la Chine; le Venezuela a doublé sa production pétrolière grâce aux condensats de gaz que les Iraniens transportent aux Caraïbes et qui y servent à « ranimer » les puits de pétrole vénézuéliens et à faire du pétrole lourd que l’Iran importe, en échange et revend à des clients. Miracle économique anti-sanctions, n’est-ce pas?
En ce sens, l’Ayatollah Khamenei a affirmé : « Nos responsables sont chargées de deux tâches principales : premièrement, la création d’un plan stratégique pour l’ensemble de l’industrie du pays et (en particulier certaines industries) ; deuxièmement, la gestion centralisée. Certes, je suis contre l’implication de l’État et des agences gouvernementales dans les activités économiques, mais je suis d’accord pour qu’ils donnent des conseils et supervisent et contribuent à ce que la gestion des ressources se fasse de façon équitable ».
Que les néolibéraux appellent ceci du protectionnisme, l’Iran n’en a rien à cirer l’essentiel c’est que le secteur privé ne vampirise pas la production nationale.
Dans l’optique du numéro un iranien, la guerre économique déclenchée par les ennemis de l’Iran » avait pour but de provoquer l’écroulement de l’économie iranienne quand elle a coupé celle-ci du circuit des finances internationales, du Swift par exemple.
« Telle était leur intention. Et nos ennemis cherchaient à provoquer la colère de la rue et le renversement de l’ordre établi », a-t-il fait savoir.
Or leurs plans ont échoué et aujourd’hui ils ont peu d’en faire autant à la Russie c’est en partie en référence à leur échec face à l’Iran.
Et puis en allusion à son conseil aux responsables iraniens de « ne pas lier l’économie du pays aux résultats des pourparlers de Vienne », l’Ayatollah Khamenei a précisé : « Je répète toujours qu’il ne faut pas conditionner l’économie et les activités économiques du pays. Ne vous arrêtez pas sur quelque chose qui n’est pas acquis. Le fondement de la production dans le sens large du terme en Iran est solide. Vous, producteurs et industriels, vous étiez, cette armée qui s’est dressée économiquement contre l’ennemi.
Les officiers de cette guerre ont été et sont toujours les entrepreneurs et des gestionnaires économiques compétents tandis que les travailleurs iraniens en ont de braves soldats. Les travailleurs sont les combattants dans cette arène et ils partagent tous cette grande victoire qui est le début de la sortie de la crise, d’une relance substantielle de la production. Si nos ex-responsables avaient adhéré eux aussi la ligne adoptée par l’actuel président, on serait mieux placé aujourd’hui ».
Plus loin dans son discours le Leader a évoqué le bilan économique du pays au cours de la décennie passée : « Les statistiques de cette période sont loin d’être satisfaisantes. Les résultats macroéconomiques non plus. Les statistiques sur la croissance du PIB, sur la formation de capital dans le pays, sur l’inflation, sur la croissance de la liquidité ne sont pas satisfaisantes. Si les responsables avaient mieux agi, on aurait pu se porter mieux aujourd’hui ».
« Les choses sont différentes aujourd’hui. Dieu merci, nous avons des exemples de réussite qui se multiplient et des entreprises qui n’ont pas attendu la levée des sanctions pour prendre les choses en main. Je répète toujours qu’il ne faut pas conditionner l’économie et les activités économiques du pays à quelque chose que nous n’avons pas, que nous ne possédons pas concrètement. Recourons à nos capacités pour répondre à nos besoins. Nous avons de très bonnes capacités à cet égard ».
Décidément la plus haute instance décisionnelle de l’Etat table sur la hausse de la production et des exportations pour briser en mille morceaux le régime des sanctions, une ligne dont les impacts se font déjà largement sentir.
Depuis que M.Raïssi a pris la tête de l’exécutif iranien, il se passe des choses totalement folles dans le secteur pétrolier vénézuélien, l’un des plus grands pays pétroliers que les sanctions US ont cherché à réduire à un consommateur.
Un accord de swap des condensats de gaz et du pétrole lourd que l’Iran a signé avec Caracas et qui est sur le point de bouleverser totalement le paysage énergétique en Amérique du Nord où Washington a tenté à plus d’une reprise de détourner les pétroliers bourrés du pétrole iranien du Venezuela sans jamais soupçonner que les pétroliers ne sont que la pointe de l’iceberg énergétique que l’Iran et le Venezuela préparent contre ce qui pourrait être qualifier désormais de « défunt » régime de sanctions pétrolières US contre les « États parias ».
C’est une alliance pétrolière stratégique nouée entre deux États producteurs sanctionnées qui ont d’abord éliminer le dollar dans leurs échanges puis établir un corridor maritime où les pétroliers iraniens jouent le rôle de vecteur de l’énergie et qui en deux ans commence à prendre forme et à ériger en exemple pour les autres pays sanctionnés.
Les chiffres de Bloomberg montrent une hausse de 40% des exportations pétrolières iraniennes en 4 mois de présidence Raïssi et un doublement de production vénézuélienne pour ce dernier trimestre.
Source: Avec PressTV