Si la République populaire de Chine s’appuie sur des relations cordiales avec les nations latino-américaines qui sont clairement en opposition à la politique washingtonienne, le leadership chinois développe également et activement les relations avec les pays qui se trouvent encore dans l’orbite des Etats-Unis ou à la croisée des chemins. Le tout au grand dam de l’establishment US.
A l’heure où les positions des principaux adversaires des USA en Amérique latine ne faiblissent pas, et ce malgré toutes les tentatives washingtoniennes de déstabiliser ces pays, l’autre processus qui inquiète vivement les élites étasuniennes n’est évidemment que la poursuite du renforcement des positions de leurs principaux adversaires internationaux, dans ce qu’elles continuent de considérer comme leur «arrière-cour».
Ceci étant dit, et si l’axe progressiste latino-américain – résolument hostile à Washington a traditionnellement des relations poussées avec Pékin, Moscou ou Téhéran, confirmant la thèse d’un éloignement de l’Amérique latine des USA, la particularité à noter est la capacité actuelle de la Chine à faire croître encore plus la pression sur ces derniers en développant activement ses relations économiques, politiques et mêmes militaires avec plusieurs Etats de la région où les positions étasuniennes restent assez fortes.
En effet et alors que les échanges économico-commerciaux entre la RPC et les Etats latino-américains ont augmenté de près de 20 fois entre 2002 et aujourd’hui, la Chine montre clairement sa capacité à interagir avec tous les pays concernés. Même la Colombie, allié traditionnel de Washington et ayant maintes fois assisté ce dernier dans les tentatives de déstabilisation du Venezuela voisin, se rapproche de plus en plus économiquement parlant avec Pékin, comme le notent d’ailleurs plusieurs analystes occidentaux.
Evidemment, cela ne signifie pas pour autant que Bogota pourra sortir si rapidement de l’orbite étasunienne, connaissant notamment les liens fortement étroits qui unissent les représentants de l’establishment US, y compris des services de renseignement, avec l’appareil étatique colombien. Mais après tout, chaque chose en son temps.
Ce qu’il faut également noter, c’est que la Chine ne renforce plus seulement ses liens économiques et commerciaux avec l’Amérique latine, mais augmente également l’interaction militaro-technique. Dans ce volet, les principaux partenaires de la RPC dans la région sont l’Argentine, le Venezuela, Cuba, ainsi que le Pérou. Le tout au moment où Pékin poursuit la promotion active du projet des Nouvelles routes de la soie, et face aux défis que cherchent activement à lui créer à cet effet les Etats-Unis, le leadership chinois poursuit également l’objectif de sécuriser ses intérêts, ainsi que ceux de ses principaux partenaires.
Le cas de l’Argentine est également intéressant dans le sens du basculement observé en Amérique latine. En ce sens, l’analyse approfondie de l’économiste Xavier Dupret est particulièrement intéressante à lire. Notamment pour comprendre l’importance de l’obtention de la souveraineté économique et financière pour ce pays stratégique dans la région.
Une chose est sûre. L’Amérique latine, à l’instar de nombreuses autres régions du monde, suit avec grande attention les processus propres à l’ordre multipolaire international. Si pour certains des Etats concernés, le choix stratégique a déjà été fait depuis un bon moment, pour d’autres l’heure est au basculement en cours.
Il est évident que Washington observe le tout avec vive amertume, en tentant d’engager les instruments de pression habituels. Il n’empêche que face à la superpuissance économique mondiale qu’est la Chine – première économie mondiale en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat, ayant par la même occasion pleinement assumé son rôle d’une des principales puissances géopolitiques mondiales – l’establishment US aura énormément de mal à pouvoir empêcher la réalisation logique des dits processus. Tout le reste n’étant que gesticulations de nostalgiques d’un ordre international dépassé et totalement révolu.
Par Mikhail Gamandiy-Egorov
Source: Observateur continental
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