Marioupol, ville portuaire stratégique encerclée par les forces russes, se retrouve une nouvelle fois au centre de l’attention médiatique. Le 16 mars, a été bombardé un théâtre dans lequel s’étaient réfugiées, selon Kiev, plus d’un millier de personnes.
Deux versions s’opposent sur les événements :
Celle de Moscou qui nie tout bombardement du théâtre et soutient que l’explosion est le fait du bataillon Azov, l’organisation ukrainienne paramilitaire d’obédience néonazie.
Cet évènement a été l’occasion pour le président ukrainien Volodymyr Zelensky de poursuivre son discours de diabolisation de la Russie qu’il a accusée d’être « un Etat terroriste». Ce vendredi, il n’a pas rendu compte de victimes, mais a indiqué que « 130 personnes ont pu être sauvées, tandis que des centaines d’autres sont encore sous les décombres ».
Le ministère russe de la Défense a catégoriquement démenti les accusations de Kiev concernant une frappe aérienne et accusé des militants du bataillon Azov d’avoir fait exploser le théâtre, selon un communiqué cité par l’agence Tass.
«Pendant la journée du 16 mars, l’aviation russe n’a effectué aucune mission impliquant des frappes sur des cibles terrestres dans les limites de Marioupol. Selon des informations vérifiées, les militants du bataillon nationaliste Azov ont procédé à une nouvelle provocation sanglante en faisant exploser le bâtiment du théâtre», a déclaré le ministère de la Défense.
«Auparavant, les réfugiés qui ont fui Marioupol ont informé que les nazis du bataillon Azov auraient pu prendre des civils en otage dans le théâtre, en utilisant les étages supérieurs comme postes de tir», a ajouté le ministère. Dans son communiqué, le ministère précise encore que compte tenu du danger potentiel pour les civils et de la «provocation du 9 mars autour de l’hôpital numéro 3 de Marioupol, le bâtiment du théâtre n’a jamais été considéré comme une cible de frappe».
Comme le massacre d’Odessa
La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, citant «les réfugiés qui se sont échappés de la ville et un militant capturé d’Azov», a également estimé qu’il pourrait y avoir des otages de la population locale dans le théâtre, dressant un parallèle avec le massacre d’Odessa.
Le 2 mai 2014, 48 personnes s’opposant au coup d’Etat de Maïdan avaient péri dans le terrible incendie de la Maison des syndicats d’Odessa, dans laquelle elles s’étaient réfugiées alors qu’elles étaient poursuivies par des nationalistes radicaux.
«Une telle méthode peut choquer ceux qui ne connaissaient pas ces méthodes auparavant mais c’est précisément cette méthodologie qui sert de base à l’idéologie et à la philosophie de ceux qui ont brûlé la Maison des syndicats [à Odessa]. C’est exactement ce qu’ils ont fait. Ils ont enfermé des civils — non pas en tant qu’otages, mais en tant que victimes — sur le territoire d’un site civil. Et la Maison des syndicats est un site civil. Le théâtre dramatique de Marioupol est un site civil. Ils les enferment là-bas puis les sacrifient », a déclaré Maria Zakharova lors d’une conférence de presse le 17 mars.
« Vous pourriez penser qu’il s’agit là d’une expression figurée, mais non, cela a un sens profond. Ce sont de véritables victimes sacrées de la part de ceux qui professent le néonazisme. Ils considèrent que c’est normal », a-t-elle ajouté.
La mosquée et la maternité
Avant le coup du Théâtre de Marioupol, Zelensky avait accusé les forces russes d’avoir bombardé la mosquée Souleiman dans cette ville avant d’être démentie par le responsable de ce lieu de culte selon lequel « la Russie n’a pas touché a la mosquée ».
Auparavant, les mêmes accusations ont visé les Russes sur le bombardement du bâtiment d’une maternité qui n’en est plus une, mais qui servait de base des groupes nationalistes et néonazies.
Sur le terrain dans cette ville toujours encerclée par les forces russes, ces dernières et leurs alliés séparatistes combattent désormais dans le centre-ville selon le ministère russe de la Défense.
« A Marioupol, les unités de la République populaire (autoproclamée, ndlr) de Donetsk, avec le soutien des forces armées russes, resserrent leur étau d’encerclement et combattent les nationalistes dans le centre de la ville », a indiqué le porte-parole du ministère, Igor Konachenkov.
Il a par ailleurs assuré que les forces russes et les séparatistes de Lougansk contrôlaient désormais 90% du territoire de la région ukrainienne éponyme.
Sources: RTm AFP, autres
Source: Médias