La junte militaire au pouvoir à Bamako a accusé l’armée française d' »espionnage et d’actes de sabotage », après avoir utilisé un drone pour filmer une vidéo qui montrerait des soldats en train d’enterrer des corps près d’une base militaire malienne que la France a récemment restituée.
Un communiqué du gouvernement de Bamako assure que « les autorités ont constaté depuis le début de l’année plus de 50 cas de violations délibérées de l’espace aérien malien par des aéronefs étrangers, notamment des aéronefs appartenant aux forces françaises ».
Il a ajouté que l’un des cas les plus récents de « violation de l’espace aérien malien » est la « présence illégale d’un drone des forces françaises le 20 avril 2022 au-dessus de la base de Gossi ».
En plus de l’espionnage, les forces françaises ont publié de fausses images accusant (les soldats maliens) de commettre des meurtres sur des civils. »
Il a poursuivi : « Le drone susmentionné était présent (…) pour espionner nos braves forces armées maliennes ».
Le mardi 19 avril, l’armée française a officiellement remis la base Gossi située dans le nord du Mali aux forces armées maliennes, ce qui constitue une étape majeure du retrait de la force française Barkhane de ce pays.
Un porte-parole de l’état-major français, le colonel Pascal Ianni, a déclaré que « le transfert de la base avancée de Gossi est devenu effectif », expliquant que la base abritait « 300 militaires français ».
Selon l’AFP, l’armée française a filmé le 22 avril ce qu’elle affirme être des mercenaires russes en train d’enterrer des corps près de la base de Gossi, dans le nord du Mali, dans le but selon elle d’accuser les Français d’avoir laissé derrière eux un charnier, lequel a été découvert quelques heures plus tard par des soldats maliens.
L’armée malienne avait auparavant indiqué avoir découvert « des dépouilles en état de putréfaction avancée » près de cette base, après sa remise par l’armée française et a annoncé l’ouverture d’une enquête.
Dans une vidéo prise par drone à laquelle l’AFP a eu accès, et que l’état-major français qualifie d' »attaque informationnelle », on peut voir des soldats s’affairer autour de cadavres qu’ils recouvrent de sable. Dans une autre séquence, on voit deux de ces militaires filmer les corps à moitié ensevelis.
L’état-major assure qu’il s’agit de soldats blancs qu’il a identifiés sur des vidéos et des photos prises à d’autres endroits. Certaines photos montrent par ailleurs des véhicules sortir d’une base dont la structure et l’environnement correspondent à l’emprise de Gossi, où une équipe de l’AFP s’est déjà rendue à deux reprises.
L’opération Barkhane au Sahel, qui est la plus grande opération française jamais réalisée à l’étranger, a mobilisé jusqu’à 5 500 hommes sur le terrain en 2020.
Elle a entamé sa transformation l’été dernier, sur une décision du président Emmanuel Macron, qui prévoyait de réduire ses effectifs à 2 500 ou 3 000 d’ici 2023.
En février, Paris a décidé de se retirer totalement du Mali, dans un contexte de détérioration de la crise sécuritaire et diplomatique avec Bamako, depuis qu’un conseil militaire a pris le pouvoir.
Le 31 janvier 2020, le conseil militaire a décidé d’expulser l’ambassadeur de France, dans une étape d’escalade majeure entre les deux pays.
Et à la fin du mois dernier, le gouvernement malien, qui est contrôlé par le « conseil militaire », a reçu des hélicoptères de combat de la Russie pour soutenir son armée dans la lutte contre les combats sanglants qui durent depuis des années dans le pays.
Le ministère de la Défense a déclaré, sur son site Internet, que la nouvelle cargaison est « le fruit d’un partenariat sincère et de longue date » avec Moscou. Les détails des conditions dans lesquelles les armes ont été envoyées n’ont pas été divulgués.
Selon certains observateurs, le rapprochement entre le Mali et la Russie a poussé les forces françaises et leurs alliés européens à annoncer le retrait de leurs forces de ce pays en février dernier.
Source: Médias