Le chef de l’US Air Force s’est montré mardi très prudent sur les possibilités d’augmenter les bombardements contre le groupe Etat islamique en Irak et en Syrie pour répondre à la volonté du président Trump d’accélérer la campagne contre l’EI.
Le général David Goldfein a expliqué devant des journalistes que les bombardements aériens devaient rester « synchronisés » avec les progrès des forces sur le terrain, et les efforts politiques pour préparer l’avenir des populations sur place.
Et il a mis en garde contre la tentation d’être moins restrictifs sur la définition des cibles bombardables, en acceptant plus de victimes civiles.
« Je suis très fier que nous n’ayons jamais perdu de vue que nous devons faire la guerre en gardant nos valeurs », indiqué le général.
« Les gains à court terme » qui pourraient être faits en augmentant le nombre de bombes déversées pourraient être faibles au regard des « coûts à long terme » de destructions massives dans les zones bombardées, a-t-il dit.
Si « nous n’améliorons pas le sort » des populations sur place, « alors que je ne suis pas sûr que nous ayons accompli nos objectifs à longs terme », a-t-il indiqué.
« Ce qui se passe avec USAID (l’agence américaine d’aide au développement) est aussi important, sinon plus important que ce que nous faisons depuis les airs », a-t-il souligné.
Prendre Raqqa, comme Mossoul
Dans ce contexte, Paris et Londres ont demandé mardi à la coalition internationale de maintenir la pression sur Daesh et de reprendre sa capitale auto-proclamée, Raqqa.
La lutte contre l’EI est la « priorité numéro un » de la France, deuxième contributeur de cette coalition qui rassemble 68 pays, a assuré mardi son ambassadeur auprès des Nations unies, François Delattre.
« Il est très important » que les Etats-Unis « reconnaissent pleinement la menace de l’Etat islamique », a-t-il expliqué à des journalistes en marge d’une réunion du Conseil de sécurité sur l’EI.
« Nous avons aidé les forces irakiennes à reprendre Mossoul. La bataille pour reprendre Raqqa en Syrie est également cruciale », a insisté François Delattre.
Même volonté du côté du Royaume-Uni de « maintenir l’élan » de la coalition, montée en 2014 par l’ex-président américain Barack Obama. « La prochaine étape est d’attaquer l’EI à Raqqa et à Mossoul », a précisé le numéro 2 britannique à l’ONU, Peter Wilson.
Le nouveau président Donald Trump s’est rendu lundi au siège du commandement militaire américain au Moyen-Orient (Centcom) et a réaffirmé sa volonté de combattre « le terrorisme islamique radical ».
Fin janvier, il avait donné un mois à ses responsables militaires pour lui présenter un nouveau plan pour « vaincre » l’EI.
Le président républicain a plusieurs fois fait part de sa volonté de changer de stratégie, notamment en coopérant davantage avec la Russie.
Daesh sur la défensive, mais
Le Conseil de sécurité se réunissait mardi pour évoquer un rapport détaillant la perte de vitesse du groupe ultra-radical qui sévit en Irak et en Syrie.
Daesh « est sur la défensive, ses finances sont paralysées, plusieurs de ses responsables ont été tués et l’afflux des combattants étrangers se tarit », a repris Peter Wilson.
Les jihadistes sont certes « sur la défensive dans plusieurs régions », a nuancé le responsable des affaires politiques de l’ONU, Jeffrey Feltman, mais ils semblent toujours avoir les fonds nécessaires pour poursuivre les combats, a-t-il expliqué au Conseil de sécurité.
La coalition dirigée par les Etats-Unis a réalisé plus de 18.000 frappes aériennes depuis le début des bombardements contre l’EI à la fin de l’été 2014.
Elle a reconnu 199 victimes civiles pour ces frappes, mais les ONG estiment que le bilan est en réalité très supérieur. L’ONG Airwars estime ainsi que les bombardements ont tué au moins 2.358 personnes.
Source: Avec AFP