Le ministre français des Finances Bruno Le Maire a réclamé, le lundi 16 janvier, à Bruxelles une « nouvelle donne » en matière de politique industrielle européenne, plaidant notamment pour des aides d’Etat massives dans les technologies vertes afin de contrer les mesures américaines et chinoises.
« J’insiste sur la nécessité d’obtenir des résultats très rapides sur cette politique industrielle européenne », a déclaré le ministre, avant une réunion avec ses homologues de l’Union européenne (UE) lundi et mardi.
Les Vingt-Sept cherchent à se coordonner avant un sommet européen des chefs d’Etat et de gouvernement les 9 et 10 février. À la mi-décembre, ils avaient mandaté la Commission européenne pour faire des propositions d’ici à la fin du mois de janvier.
Les pays de l’UE tentent de trouver une réponse commune aux vives inquiétudes des milieux industriels concernant le risque de décrochage vis-à-vis de l’Asie et des Etats-Unis, alors que l’Europe n’a plus accès à l’énergie bon marché de la Russie.
Bruno Le Maire a réclamé « un choc de simplification » pour accélérer les procédures d’aides européennes à l’industrie.
Pour lui, il faut pouvoir recourir à des « aides d’Etat beaucoup plus massives », sous la forme de subventions mais aussi de crédits d’impôts, pour quelques secteurs comme l’hydrogène, les batteries électriques, les panneaux solaires et les semi-conducteurs.
Le Français a également souhaité que la commande publique puisse être utilisée « pour favoriser la production industrielle verte européenne ».
Plusieurs pays membres s’inquiètent toutefois d’une course aux subventions au sein de l’UE qui profiterait aux pays les plus grands et les plus riches, comme l’Allemagne et la France.
L’encadrement des aides d’Etat a déjà été largement assoupli depuis le début de la crise économique provoquée par la pandémie de coronavirus.
« Je pense qu’il est important que nous respections le marché unique dans tous ses aspects. Les règles en matière d’aides d’État sont là pour garantir une concurrence loyale », a souligné lundi le ministre irlandais Michael McGrath.
Les Européens craignent que les industriels désertent l’UE pour investir aux Etats-Unis ou en Chine, où l’énergie est meilleure marché et les aides d’Etats abondantes.
La pression sur les industriels européens est accrue par le plan adopté cet été par Washington qui prévoit 370 milliards de dollars d’investissements en faveur de la lutte contre le changement climatique.
Derrière l’objectif environnemental, il revêt un caractère protectionniste, avec des aides réservées aux firmes implantées outre-Atlantique.
Les Chinois sont eux accusés depuis longtemps de soutenir leur industrie par le biais de subventions massives.
Source: Avec EuroActiv